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Touches pas à mes dépassements d’honoraires !

Publié le 12 novembre 2012 par Jeunegarde

medecins-en-greve Marisol Touraine, Ministre de la santé aurait elle manqué de considération envers nos médecins ? Il faut croire que oui avec ce mouvement de grève lancé aujourd’hui par les chirurgiens faisant suite à l’accord conclu sur les dépassements d’honoraires qui ont coûté 2,5 milliards d’euros l’an dernier. Un accord que les associations de patients trouvent pourtant inefficace ! L’épineuse négociation a accouché d’un accord tellement soft qu’on se demande si cela va changer quelque chose ! Le seuil maximum des dépassements que souhaitait la ministre (2,5 fois le tarif sécu, soit 70 euros pour un spécialiste) n’est plus qu’un « repère », ajustable selon la « compétence » du médecin.

Un « contrat d’accès aux soins » est proposé aux volontaires : moyennant des allégements de charges et un meilleur remboursement pour les patients, ils sont invités à geler la moyenne de leurs dépassements (56 euros pour un spécialiste) et à effectuer un certain pourcentage de leurs actes au tarif sécu avec des personnes modestes (bénéficiaires de la CMU ou juste au-dessus du seuil). Plus incertain encore : il faut, pour que le système entre en vigueur, qu’un tiers des praticiens à tarifs libres (environ 8.000 thérapeutes) s’y engagent d’ici au 1erjuillet 2013.

Alors, le bilan ? Encore un psychodrame pour rien ? Non, parce que les généralistes, moins bien rémunérés que les spécialistes, voient leurs tarifs revalorisés, de même que certains actes jusqu’alors sous-évalués en chirurgie et dans différentes spécialités.

Les conséquences des dépassements d’honoraires sont désormais bien connues : problème de renoncement aux soins – qui touche 15% des Français, essentiellement en dentaire et en optique -, creusement des inégalités face à la santé et difficultés d’accès à un médecin.

salaires-medecins
Les médecins libéraux, toutes spécialités confondues, disposent d’un revenu moyen net qui avoisine les 9.000 euros mensuel, une fois les charges de leur cabinet déduites. Très précisément 8.117 euros en 2008 selon la Direction de la Recherche, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) du ministère de la Santé. Bien sûr, cette moyenne cache d’immenses disparités. En haut de la pyramide, le quart le mieux payé des anesthésistes affiche, en 2011, 31.247 euros mensuel (soit 22 smic), quand un médecin remplaçant doit se contenter bien plus modestement de 1.504 euros, à peine plus que le salaire minimum.

Et il y a toujours une ribambelle d ‘arguments en réserve pour justifier les revenus les plus hauts : matériel à amortir chez les radiologues, responsabilités chez les anesthésistes, montant des assurances chez les chirurgiens…

La solution, tout le monde la connaît ! « Il faut en finir avec le seul paiement à l’acte qui a montré ses limites« , dit Alexandre Husson, président du SNJMG. Salaire ou plutôt rémunération en partie forfaitaire, à l’image de ce qui se passe dans beaucoup de pays étrangers, notamment en Angleterre, pourrait partiellement changer leur vie. Déjà les généralistes perçoivent de l’assurance-maladie un montant fixe par exemple quand ils suivent des patients en longue maladie. L’accord du 23 octobre augmentera le pourcentage fixe en prévoyant 5 euros par an et par patient inscrit chez le médecin traitant. Encore embryonnaire, cette évolution paraît inéluctable si l’on veut trouver des médecins pour nous soigner dans vingt ans. Pour les plus précieux des médecins au quotidien, nos médecins de famille, il faut encadrer les dépassements d’honoraires, mais également sauver le métier en les rémunérant autrement, c’est largement aussi urgent.

Les hôpitaux aussi seront affectés par une grève des internes en médecine. A l’appel du syndicat des internes Isnih et de celui des chefs de clinique Inscca, ces futurs médecins ont choisi d’organiser leur propre mouvement. Attachés aux dépassements d’honoraires, les internes insistent aussi sur la détérioration de leurs conditions de travail. Ils défileront lundi de la gare Montparnasse au ministère de la santé (7e). Dimanche, Mme Touraine a voulu rassurer les internes en rappelant que, malgré les « rumeurs », le gouvernement « n’a pas la moindre intention de remettre en cause la liberté d’installation des médecins ».

(source le nouvel obs)


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