Le 10 novembre de l’an de grâce 2012, vers huit heures trente du matin, Ultime fut déposée dans le lit parental au premier étage, là où elle a pris ses aises nocturnes depuis un peu plus de deux mois. Elle ouvrit grand ses yeux gris et questionna du regard:
Vous n’allez pas m’abandonner, dites?
Eh bien si. Un peu. Mais pas vraiment. Pas trop, disons. Au rez de chaussée se tramaient des événements incompatibles avec le portage en écharpe habituel, ou avec le farniente dans les bras d’un volontaire désigné d’office.
Ultime soupira. Renifla. Nicha sa tête dans l’oreiller maternel, à la recherche de l’odeur familière. Fourra son nez dans le lapin qui ressemble à un sein, quand on est un peu bigleux comme un bébé de deux mois. Soupira encore. Et se résolut à fermer les yeux et à se laisser glisser dans le sommeil, pour une grosse heure.
Lapin-sein by Haba. Doudou carré by Marion Collin Goeury sur FB.
Ses parents, incrédules, ne perdirent pas de temps.
Au rez de chaussée, ils ramonèrent la cheminée.
A l’étage, ils firent le ménage de la salle de bain.
Et surtout, ils retrouvèrent la foi dans le gêne marmotte familial qui n’avait donc pas épargné leur dernière née. Ultime apprendrait à dormir, tout doucement, toute seule. Et sa mère retrouverait enfin un peu d’intimité aux toilettes.