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La maison d'Alberto Pinto à Rio de Janeiro : un bain de lumière

Publié le 07 novembre 2012 par Espaces à Rêver @themuriellel

C’est en écrivant mon article sur le décès du grand décorateur français Alberto Pinto que j’ai découvert de très belles photos de l’une de ses maisons au Brésil, située dans le quartier huppé d’Ipanema, à Rio de Janeiro. Le Brésil est une de ses sources d’inspiration puisqu’il a nommé une collection de son mobilier “Rio”, et des séries d’assiettes en porcelaine rendent aussi hommage à ce pays. Pinto avait récemment finalisé une autre maison pour lui à Paraty (Brésil).

Pour son projet de Rio, il avait fait appel aux architectes brésiliens Bernardes + Jacobsen pour repenser un duplex situé sur les deux derniers étages d’un petit immeuble donnant sur les mythiques plages d’Ipanema. La vue sur l’Océan Atlantique a été sublimée en élargissant les ouvertures et en installant des baies vitrées. Le séjour a été lui aussi agrandi afin de bénéficier d’un espace plus vaste qu’avant les travaux. Ce qui m’étonne dans cette maison, c’est aux premiers abords une impression de simplicité, de confort, de sérénité accentuée par les murs blancs et le sol clair. Un style qui n’est pas ostentatoire, chargé ou luxueux…

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Dans son dernier livre aux Editions Flammarion, Autour Du Monde, Alberto Pinto a utilisé une photo de son salon pour la couverture de ce livre édité en novembre 2011.

Les couleurs et les différentes essences de bois présents dans le mobilier viennent renforcer la personnalité de ce duplex, le contemporain (notamment dans le choix des oeuvres d’arts) flirte avec le classique, les matières nobles se font discrètes, et l’utilisation de matériaux traditionnels brésiliens sont utilisés toujours à bon escient. Le style de décoration est un savant mélange du Brésil, et des clins d’oeil aux animaux peuplant ce pays, et du continent africain, avec des objets évoquants les amérindiens et la culture portugaise (puisque le Brésil est une ancienne colonie du Portugal). Si le 1er étage de ce duplex est baigné de lumière et complètement ouvert sur la mer, le 2ème étage possède des pièces sans fenêtres, mais cela n’a pas empêché Alberto Pinto de créer un bel écrin fait de bois et d’ailes de papillons… oui oui !

Les sols des 2 étages sont recouverts de tapis en fibres naturelles tressées, très simples, dans des tons très clairs, matière plus appropriée pour le Brésil, selon Pinto, que des tapis en soie ou en velours. La maison est tout de même remplie d’oeuvres d’art, de mobilier tous achetés auprès d’antiquaires ou lors de ventes aux enchères. Pinto mixe du mobilier art déco, avec celui des années 40, 50, 70 sans aucune difficulté ! 

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Le salon est baigné par la lumière qui se reflète sur les murs blancs, le chrome de l’escalier, de l’encadrement et de la table, le sol en bois clair. Il est réchauffé par des touches de couleurs chaudes (notamment par les coussins). Une peinture de Nancy Graves est accrochée au-dessus d’un canapé (modèle Ipanema Grande) et d’une table basse conçus par Alberto Pinto. Les fauteuils bas en bois sombre de William Haines (modèle Brentwood Chair créé en 1958). Le magnifique escalier minimaliste ouvert est en chrome poli. A noter le jeu de symétrie créé par deux grandes jarres sculptures, et l’encadrement lui aussi en acier poli menant à un autre petit salon.

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À une extrémité de la salle de séjour, sous une peinture de Marc Quinn, est instalé un autre canapé conçu par le décorateur, et dont les coussins ont été fabriqués à partir de vieux manteaux de léopard recyclés : Pinto les avait achetés lors d’une vente aux enchères chez Drouot à Paris ! Il évoque ainsi les animaux, tel que le léopard, de la forêt amazonienne. Les fauteuils sont de l’architecte et designer anglais TH Robsjohn-Gibbings, et les chandeliers ont été imaginés par le créateur de mode d’origine japonaise, Kenzo Takada, pour Baccarat. A noter la belle table basse en bois, de forme organique, dont la teinte n’est pas sans rappeler l’imprimé des coussins.

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Surplombant l’archipel Cagarras, une table art déco de Marcel Coard accueille une tortue d’ivoire, un vase Art Déco, et d’autres objets organiques, sans oublier des orchidées, très chères à Alberto Pinto. 

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Dans le même esprit que le salon, une peinture très colorées contemporaine, ici de Sam Francis, encadrée en blanc, est accrochée au-dessus d’un meuble plus classique : ici une commode avec un encadrement en bronze, et sur laquelle sont disposées un trio de bronzes du sculpteur africaniste contemporain Jacques Darbaud.

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Dans la salle de télévision, des coussins réalisés avec des anciens tissus indiens sont disposés sur un canapé en velours beige, à l’assise profonde et confortable. Au-dessus, le grand miroir Romulus réalisé par le grand designer français Hubert Le Gall à qui le dernier salon professionnel Maison & Objet a rendu hommage en élisant Le Gall créateur de l’année 2012. La décoration est peu chargée, elle évoque la mer, toute proche, avec le poisson sur la table basse et un coquillage.

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Oeuvre au mur de Marcos Coelho Benjamin (artiste brésilien contemporain utilisant des techniques traditionnelles, il est à la fois peintre, sculpteur, scénographe, graphiste et j’en passe) et figurines chinoises colorées antiques

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Un des endroits les plus étonnant de la maison : la salle à manger. Fabriqués d’ailes de papillon faisant écho aux capes de plumes de la tribu brésilienne Tupinamba , les panneaux rayés, colorés, aux reflets nacrés illuminent la pièce… et cachent des étagères où est rangée toute la belle vaisselle du décorateur. La table ronde et majestueuse est en bois du Brésil, elle a été peinte en laque blanche. Les chaises, recouvertes d’un tissu imprimé guépard, sont de l’architecte et du designer anglais Robsjohn-Gibbings.

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Jeu de rayures au mur et sur la tête de lit, dans des tons gris et blanc, rehaussé de bleu marine pour ce qui semble être la chambre du décorateur. Au mur une oeuvre du peintre italien Mimmo Paladino et une ammonite fossilisée près de la baie vitrée. Le linge de lit est de la marque française Frette. Au fond, une vue idyllique sur la mer…

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A l’étage, dans les pièces dédiées au dressing et à la salle de bain, les murs et les portes des armoires sont en acajou blanchi. La couleur et le traitement du bois évoquent les granges de bétail du Brésil, et renforcent le côté naturel très présent dans la décoration de la maison. D’un simplicité folle en apparence, ce dressing a pourtant demandé toute la dextérité d’un ébéniste talentueux. Les encoches discrètes permettent d’ouvrir les portes et tiroirs. Un petit fauteuil bas capitonné avec un revêtement en faux crocodile noir vient compléter l’aménagement du dressing, le noir mettant en valeur le blanc du tapis et bien sûr, la teinte sublime, quasi sensuelle, du bois.

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La salle de bain est dans les même tonalités que le dressing et l’acajou blanchi est utilisé pour le meuble de salle de bain accueillant une vasque creusée dans une pierre rosée, et signé Ralph Pucci. Les magnifiques appliques sur le miroir, qui couvre tout le mur pour agrandir visuellement la pièce, sont signées Hervé Van der Straeten. On distingue un puit de lumière au plafond qui apporte donc de la lumière naturelle à cette pièce, ainsi qu’un tableau figuratif de Marc Quinn. Au sol, les rayures noir et blanc se retrouvent comme dans les autres pièces de l’étage, créant ainsi une unité visuelle et de matière. 

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Le bureau noir et blanc occupe un pan de mur où est accroché une grande photographie d’Almir Reis représentant une scène de volley-ball sur la plage d’Ipanema. Deux imposantes lampes des années 70, en parchemin, sont disposées à l’extrémité du plateau. La chaise est du designer français de mobilier Philippe Hurel. Au sol, toujours le même tapis rayé noir et blanc, et un pouf, comme dans le dressing, noir laqué en forme de galet.

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Dans ce couloir menant à une des trois chambre, on retrouve le même traitement des murs que dans le dressing. Disposées de façon symétriques, des sculptures / porte-bougies en laiton et étain, représentant des cerfs, reposent sur deux meubles bas et identiques contenants des livres et aux portes grillagées. A noter le bord de la porte menant à la chambre souligné d’un trait noir. 

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Alliance étonnante d’un mur bleu ciel délavé, d’un secrétaire chinoisant en laque rouge et or, et d’une tête de lit rayée jaune et blanc. Un guéridon doré en guise de table de nuit supporte une belle lampe au pied argenté et abat-jour ultra-contemporain noir et blanc. Le couvre-lit en tissu à imprimé suzani (traditionnel de l’Asie Centrale) vient renforcer le style très baroque de cette chambre, avec un rappel de jaune. 

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Sûrement la pièce la plus sobre de la maison, cette chambre d’amis a été décorée dans des tons bleu et beige, et est animée par la touche de rouge du couvre-lit. Au-dessus du bureau des années 40 est accroché un magnifique miroir en bois doré, au bord ondulés, du décorateur français Jean Royère (dont certaines de ses créations sont visibles aujourd’hui au Musée des Arts Décoratifs à Paris). Les lampes sur les chevet sont du décorateur art déco Paul Dupré-Lafon, avec des abats-jours recouverts de cuir Hermès blanc.

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Cette dernière et troisième chambre du duplex marie avec perfection le rouge, le blanc et le beige. Au mur est accroché une tenture en tissu inspirée du travail d’Alexander Calder, réalisée à la main avec de la fibre de maguey (provenant de l’agave) et datant des années 70. Le motif n’est pas sans rappeler aussi les formes au sol de la promenade de la plage de Copacabana, imaginées par l’architecte brésilien Roberto Burle Marx... Le petit pouf fait également écho à la tenture puisqu’il est en fibre tressée. Le cuir et le tissu habillent le lit. Au sol, le seul tapis, toujours en fibre naturelle tressée, de la maison à être de couleur. Un pan de mur, celui où la tenture est accrochée, est peint non en blanc mais couleur lin.

Photos : by Ngoc Minh Ngo
Source : AD USA 

M.L.


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