Magazine Beaux Arts

Babel et l'invention du paysage fabuleux

Publié le 14 novembre 2012 par Lauravanelcoytte

Signature : Manuel Jover - 14 novembre 2012   Jan Mandijn, La Tentation de saint Antoine, XVIe siècle, huile sur bois, 53,1 x 83,2 cm (VALENCIENNES, MUSÉE DES BEAUX-ARTS).

Jan Mandijn, La Tentation de saint Antoine, XVIe siècle, huile sur bois, 53,1 x 83,2 cm (VALENCIENNES, MUSÉE DES BEAUX-ARTS).

Dans les « Fables du paysage flamand » que nous conte Alain Tapié au palais des Beaux-Arts de Lille se mêlent la foi chrétienne et les croyances populaires, le réel et le fantastique, dans un langage symbolique qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Au XVIe siècle, les Flamands passent pour être des spécialistes de la peinture de paysage. Cette réputation, que renforce la vaste diffusion de leurs tableaux grâce à un marché de l'art prospère dont Anvers est le principal foyer, ne leur vaut pas que des éloges.

On connaît l'opinion de Michel-Ange, rapportée par son biographe Francisco de Olanda : « On peint en Flandres pour tromper l'oeil... Voilà une peinture qui est composée seulement de rubans, de vieilles maisons, de champs verdoyants, d'arbres, de ponts, de ruisseaux, que les flamands appellent paysages et où ils mettent quelques figures par-ci, quelques figures par-là. Tout cela peut plaire à certains yeux, mais cela est fait réellement sans raison ni art, sans symétrie ni proportions, sans discernement ni choix ni sûreté, en somme sans fond et sans nerf ». Ce jugement, peu partagé par une clientèle friande, partout en Europe, de peintures flamandes, reflète cependant une théorie qui occupait déjà les hauts esprits et allait bientôt être codifiée : la notion d'une hiérarchie des genres qui place, au sommet, la peinture d'histoire, supposée avoir un « fond » (du sens) et réunir « raison », « art », « symétrie »,« proportions »,« discernement » et « choix », et au bas de l'échelle, le paysage, considéré comme simple imitation des choses naturelles.

Dans sa radicalité qui confine à l'aveuglement, ce jugement trahit la différence de conception spatiale qui oppose l'Italie et le Nord, demeurée irréductible malgré les incessants et féconds échanges entre ces deux pôles de la création artistique. Le paysage n'est pas absent, loin s'en faut, de la peinture italienne des XVe et XVIe siècles ; mais il relève d'un espace géométrisé, ordonné, rationalisé et mesurable où, bien souvent, prévaut l'architecture et qui est l'habitacle où agissent les personnages, éléments primordiaux de la représentation.

L'espace, le paysage, sont le lieu nécessaire au déroulement de l'histoire, en laquelle se concentre le sens. En Flandre et dans les pays germaniques, avec les derniers « Primitifs », Dirk Bouts ou Hans Memling, et plus encore avec les peintres de l'ère maniériste, c'est une tout autre conception de l'espace et de la nature qui s'exprime : le paysage déroule une nature pour ainsi dire « première », qui semble là depuis les commencements de la création et qui, dans la plupart des cas, occupe la plus grande part du tableau.
Lire la suite dans le Magazine Connaissance des Arts novembre 2012

En vidéo :  Avant-première - Fables du paysage flamand

Informations pratiques que Fables du paysage flamand au XVIe siècle - Bosch, Brueghel, Bles, Bril & Marguerite Yourcenar et la peinture flamande dans l'onglet agenda
En savoir plus sur le lieu : Palais des Beaux-Arts de Lille
En savoir plus sur le lieu : Musée départemental de Flandres - Cassel

http://www.connaissancedesarts.com/peinture-sculpture/act...


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