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In memoriam

Publié le 14 novembre 2012 par Oz

In memoriamIl revient chaque année au chroniqueur intérimaire une mission dont il aurait idéalement dû s’acquitter hier, dans le journal daté du 1er novembre. Ce devoir récurrent – dont il se passerait volontiers – consiste à occuper l’espace de ce billet le Jour des morts. Impossible de l’oublier : regardez, la chronique est mitoyenne de l’éphéméride, qui rappelait hier sous la météo, sous les caprices et la haute autorité des cieux donc, que le 1er novembre était bien le jour de la Toussaint. Mieux, ou pis : la page de ce billet fait souvent face au carnet. C’est dire si sur l’agenda du chroniqueur, cette date est doublement marquée d’une pierre tombale.

Et pourtant, il s’y est dérobé hier – par snobisme. Ou plutôt comme un acte manqué, sachant que l’évocation du Jour des morts chez lui comme chez beaucoup a pour effet de réveiller quelques fantômes.

Pris de remords, constatant de surcroît que le 2 novembre était, lui, le jour de la commémoration des fidèles défunts, si l’on en croit du moins l’encyclopédie collaborative Wikipédia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Toussaint), le chroniqueur songea à réparer son oubli. Dès potron-minet, il se mit donc à la recherche d’un site ou d’un blog en liaison avec l’au-delà. Il n’eut pas à chercher bien longtemps : sur Twitter, Yacine Akhrib, bénévole à l’association Vivre son deuil, lui recommandait Comemo.org. Pour ceux qui, par éloignement le plus souvent, ne peuvent pas se rendre le 1er novembre sur la tombe de leurs chers disparus. Comme Yacine Akhrib, précisément, un des créateurs du site, monté à Marseille quand son défunt père était enterré en Algérie. Planter un arbre virtuel, créer un espace personnalisé avec photos et témoignages, le rendre public ou le garder secret. Plus encore, faire revivre un instant l’être aimé, se retrouver seul face à face avec lui – à moins que ce ne soit avec soi-même – prendre simplement le temps de lui parler, de l’écouter et de l’entendre (oui je t’ai entendu papa). Et tous les jours de l’année si l’on veut, car il n’y a pas de date butoir pour commémorer ceux que l’on a aimés.

(article publié dans Le Monde daté du 2 novembre 2012)

Olivier Zilbertin


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