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Florian Gazan, l’éclectique

Publié le 12 novembre 2012 par Oz

L’un doit faire du parachute, l’autre de la plongée. Florian Gazan, lui, est bon pour une séance de wakeboard – sorte de ski nautique sur une unique planche de surf. Bien qu’une doublure soit prévue pour les cascades, le présentateur n’est pas plus rassuré que cela : “Je n’en ai fait que deux fois dans ma vie.” L’après-midi de ce début d’octobre, avec les autres présentateurs de France 4, il doit tourner les clips promotionnels de la chaîne. “Quelle est la température de la Seine à cette époque ?”, interroge Florian Gazan. Petite servitude au revers d’un nouveau rôle pour le présentateur : depuis le 4 novembre il est aux manettes d’une nouvelle émission de la chaîne, “#Faut pas rater ça”, consacrée à Internet et aux réseaux sociaux.

On est encore le matin de ce même jour d’octobre. On prend un café dans un petit bistro parisien au décor de super-héros de BD. Un peu décalé forcément. Sur Fun Radio depuis la rentrée 2011, comme sur Virgin auparavant, et NRJ encore plus loin dans le temps, Florian Gazan est devenu un habitué des petits matins blêmes et de la prise d’antenne avant l’heure des croissants. On se croit donc le matin, lui se voit déjà à la mi-journée. Des horaires qui ont vite fait de vous ruiner la vie sociale. Mais “coutumier du fait”, à bientôt 45 ans, remarié, père de trois enfants, l’animateur assure avoir fini par s’habituer à ces horaires de direct qui vous font une vie en léger différé.

On se dit qu’on a un peu de temps devant soi. Mais Florian Gazan s’est déjà projeté quelques heures plus loin et le tournage sur la Seine. Comme pressé de passer au chapitre suivant, de tourner symboliquement la page. De ne pas trop regarder en tout cas dans le rétroviseur d’une année 2012 qu’il dit “agitée”. Pour le moins. A six mois d’écart, la mort a frappé deux fois à la sa porte : il a perdu son père, le réalisateur Jean-Pierre Spiero, et son “père en télé”, Jean-Luc Delarue. Il voudrait éluder, poser juste sur ses sentiments le voile de quelques mots premiers, aller de l’avant, qu’il n’y parviendrait pas. L’actualité le rattrape par la manche. Ce matin-là, l’info répète en boucle la conversion à l’islam de Jean-Luc Delarue. Le portable sonne, journaux ou radios veulent connaître la vérité de la bouche de Florian Gazan. Refus poli mais ferme.

SE SERAIT BIEN VU EN SPIELBERG, “MAIS C’ÉTAIT DÉJÀ PRIS”

Les deux hommes ont travaillé ensemble une vingtaine d’années, d’Europe 1 à Réservoir Prod, en passant par Canal+, “La Grande Famille” et “Ça se discute”. Florian Gazan écrit des textes et fait à l’occasion un peu d’antenne comme sur Canal+ avec “Trois fois plus Net”, une des premières émissions consacrées à Internet. Idéalement, il aurait préféré le cinéma, afin d‘”échapper au syndrome “fils de”". Il se serait bien vu en Spielberg “mais c’était déjà pris”. Recalé deux fois à l’Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son (Fémis), après des études de cinéma à Censier, il a su “profiter des rencontres et saisir les opportunités”.

Elles se sont d’autant mieux présentées que Florian Gazan est un véritable enfant de la balle. Ancien assistant de Jean Renoir, Jean-Pierre Spiero a choisi la télévision que tant d’autres snobaient à l’époque. Il a réalisé quasiment toutes les émissions de Michel Drucker et tous les shows de Claude François, parrain du petit Florian. Lorsque nous regardons le film CloClo, de Florent Emilio Siri, le filleul du chanteur, lui, voit un film de souvenirs, de vacances et de week-ends au Moulin, la résidence de l’artiste.

Le 4 novembre, le très matinal animateur de radio a donc entamé une nouvelle aventure télé. Un concept original d’émission participative et contributive, fraîche et spontanée. L’actualité des réseaux commentée par des invités, des chroniqueurs, des blogueurs et autres adeptes de Twitter. Focus sur ce qui buzze sur les réseaux, sur ces informations qui explosent et se répandent comme des bombes à fragmentation.

Ce rendez-vous, quotidien et en direct, jongle entre écran télé et Web, avec une heure de programme diffusée sur France 4 à 18 h 45, et une autre dans la foulée sur le site de la chaîne. “Une sorte de “timeline” géante”, explique ce touche-à-tout qui ponctue ses phrases de hashtag, comme sur Twitter. Il souhaite si possible qu’à sa mort sa page Wikipédia devienne un “grand foutoir”, mais d’ici là il aimerait bien commenter Roland-Garros, lui qui a déjà écrit les paroles de l’hymne du PSG ou composé des chansons pour Christophe Maé ou Clara Morgane. Et qu’importe si, du coup, sa carrière paraît “un peu décousue”“pas très lisible”. Il se dit guidé par autre chose : l’amusement et le plaisir. Avec “Faut pas rater ça”, cela ne devrait pas manquer.

Faut pas rater ça, sur France 4.

Olivier Zilbertin

ANIMATEUR & HUMORISTE

14 JANVIER 1968 NAISSANCE

1989 ANIMATEUR ET RESPONSABLE DE LA PROGRAMMATION MUSICALE DE KWFM, UNE RADIO LOCALE ROCK

1992 PRÉSENTE UNE RUBRIQUE DANS “LES GOÛTERS”, ANIMÉE PAR JEAN-LUC DELARUE, SUR EUROPE 1

1994 ARRIVE SUR FUN RADIO

2003 ANIME LE “6/9″ SUR NRJ

2010 ENTRE À VIRGIN RADIO

NOVEMBRE 2012 PRÉSENTE “#FAUT PAS RATER ÇA !” SUR FRANCE 4

(Article publié dans Le Monde daté du 11 et 12 novembre 2012)


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