A Cause d'un Assassinat (The Parallax View - Alan J. Pakula, 1974)

Des années après l'attentat d'un sénateur, les témoins potentiels semblent être assassinés les uns après les autres. Joseph Frady, un journaliste, mène l'enquête et découvre une mystérieuse entité qu'il tente d'infiltrer : Parallax, une organisation qui "recrute" dans ses rangs des individus instables.
Alan J. Pakula à laissé dans sa carrière nombre de petits thrillers dont il faut retenir Klute, Les Hommes du Président et ce Parallax View.  Ici, c'est autour d'une entité qui organise des meurtres, qu'il nous livre un film de complot plutôt passionnant et délicieusement parano, directement inspiré par l'enquête sur l'assassinat de John Kennedy.
"L'Amérique des assassinat"... C'est un peu ce qui apparaît dans A Cause d'Un Assassinat, comme une suée, quand à cette Amérique 70's, Nixonienne, froide et opaque, ivre de guerre froide et secouée du scandale du Watergate. L'intérêt de A Cause d'un Assassinat ne tient pas dans son enquête moyennement rythmée, trop souvent un peu "expédiée" par son journaliste top-enquêteur, mais plutôt dans le climat trouble qu'il dégage autour de l'organisation Parallax. Visible de tous, publique, Parallax recrute par questionnaire les individus instables, antisociaux, afin de les utiliser pour de sombres objectifs que le film aura l'intelligence de ne pas dévoiler... Le secret et le complot généralisé l'emportent alors sur l'enquête ponctuelle de Joseph, et sa résolution lève le voile sur quelque chose d'énorme qui dépasse le journaliste, et le spectateur aussi. Pakula, en ne décrivant qu'un petite partie de Parallax, dévoile un morceau de l'Iceberg, et la taille de ce que l'on sait caché fait véritablement froid dans le dos... Gouvernemental ou non, indépendante ou non, incontrôlable ou non, Parallax est la star du film, tentaculaire, puissante et déterminée.
A l'image, A Cause des Assassinats se caractérise par ce style sobre, presque documentaire des 70's. Sa réalisation précise, ses décors démesurés (buildings immenses, salle de meeting...) créent un climat particulièrement inquiétant dans lequel lequel la vie semble fuir l'image, dans lequel l'on sent la présence des prédateurs... En voyant le style de A Cause d'Un Assassinat, on ne peut s'empêcher de penser que le Fincher de Zodiac y puise quelques trucs, en tout cas la précision, la méticulosité et l'efficacité de sa mise en scène rejoignent la très belle réalisation de ce Pakula... Deux scènes marquent The Parallax View : la longue scène de l'avion (dans laquelle Warren Beatty traque on ne vous dira pas quoi...) et la scène finale qui écrase littéralement Beatty sous le gigantisme d'un immense hall, comme il sera écrasé par sa découverte... La parano de A Cause d'un Assassinat est communicative, le malaise passe sans peine, avec fluidité, de la mise en scène de Pakula jusqu'au spectateur.
Comme I comme Icare, A Cause d'un Assassinat met en scène une enquête qui broie celui qui la mène... Comme Nikita, une organisation recrute dans les exclus de la société... Si A Cause d'un Assassinat n'est pas tout à fait un "grand film", il constitue néanmoins un excellent film de complot, sombre et paranoïaque. Sa belle esthétique compense son rythme inégal et son enquête trop facilement menée par un Warren Beatty un peu timide, et la froide mécanique de la violence "justifiée" se retrouve au centre des préoccupations de Pakula. De fait, A Cause d'un Assassinat se place dans une veine de cinéma presque engagé qui interroge sur ceux qui nous gouverne. Même si le film ne donnera aucune piste sur Parallax, ni confirmation, ni infirmation, le spectateur envisagera forcément une organisation liée au pouvoir ou à l'un de ses organes : l'ombre du complot CIA-Kennedy donne toute sa saveur à A Cause d"un Assassinat. Un bon thriller, sérieux, froid, parano et de surcroît fort bien réalisé : ça ne se refuse pas !

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