Femmes de l’ombre, Les

Par Kinopitheque12

Jean-Paul Salomé, 2008 (France)

Depuis Lucie Aubrac (Berry, 1996), les femmes résistantes n’avaient plus fait parler d’elles au cinéma. Aidé de l’historien Olivier Wieviorka (auteur d’une quantité impressionnante d’articles et d’ouvrages sur la Résistance), Jean-Paul Salomé (réalisateur de Belphégor en 2001) écrit rapidement un scénario autour d’un commando de quatre femmes enrôlées pour une mission de sauvetage à quelques jours du débarquement. Pour l’une d’entre elles (Sophie Marceau), Salomé s’inspire en partie de la vie de Lise Villameur, résistante ayant travaillé pour le SOE, les services secrets britanniques.

Outre « l’hommage aux femmes » en général et « à leur mystère » (sic, dans la note d’intention), le film dresse le récapitulatif de tous les profils possibles du Français durant l’Occupation : la résistante déterminée (Marceau), la résistante qui n’y croit pas mais qui finit par se sacrifier (Julie Depardieu), la résistante forcée (Marie Gillain), la résistante qui finit par collaborer (Déborah François), l’opportuniste qui est un temps collabo, puis résistant (Vincent Rottiers), le résistant qui, torturé, craque un peu (Julien Boisselier), le 100 % résistant (Robin Renucci). Toutes les teintes sont présentes et la palette de la résistance est complète. De plus, on rencontre ces résistants partout : dans une institution pour enfants aveugles, parmi les contrôleurs du métro parisien, au muséum d’histoire naturelle…

La réalisation est plutôt plan-plan (sauf la scène du métro dans laquelle le suspense est mieux maîtrisé), parfois maladroite (ralentis, sur- dramatisation), les actrices tour à tour sur le fil et l’intrigue moins emballante que celle des Douze salopards (Aldrich, 1967). Jean-Paul Salomé a peut-être essayé de réhabiliter les résistantes comme Rachid Bouchareb avait très didactiquement valorisé un groupe de combattants nord-africains (Indigènes, 2006), cependant, contre toute attente, il ne ressuscite que le mythe devenu anachronique de la France résistante. Le titre même n’est-il pas une référence directe à L’armée des ombres de Melville qui date lui… de 1969 ?