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Ces Séditieux qui réclament la destitution du Président Responsable

Publié le 18 novembre 2012 par Juan
Ce n'était pas qu'un tweet énervé d'une militante UMP.
« Députés, Sénateurs, vous n'en avez pas assez entendu ? Destitution de François Hollande, le mode d'emploi c'est ici http://unionrepublicaine.fr/destitution-de-francois-hollande-mode-demploi/»
Danielle Roméro
Cette réaction n'est pas isolée. L'argument est partagé à droite chez quelques marginaux que nous appelerons les Séditieux. Une droite qui pense qu'on lui a volé le pouvoir. L'élection de François Hollande ne serait pas légitime. François Hollande ne serait à sa place à l'Elysée.
Et cette droite, en échec électoral ininterrompu depuis 2004, franchit allègrement les frontières du débat républicain.
De la campagne à la défaite
Avant l'élection présidentielle, le clan Sarkozy alimentait déjà l'argument qu'Hollande n'avait rien à faire dans cette compétition trop importante pour lui: sans expérience ministérielle ni force de caractère, le candidat socialiste était jugé illégitime. D'insultes en outrances, le clan Sarkozy n'avait pas ménagé ses efforts sur fond de droitisation ordurière.
Le 6 mai, ce fut donc la catastrophe. Nicolas Sarkozy perdait un scrutin « de peu ».  Après le mythe du « croisement des courbes » sondagières, le vrai ratage du débat d'entre-deux tours, voici que la victoire échappait à Sarkozy à « 15 jours près », expliquait sans rire Brice Hortefeux au lendemain de la défaite. Ce pouvoir-là « leur » était donc dû. Tout juste si certains n'appelaient pas au putsch ! En juin, la déroute électorale de l'UMP était complète mais les Sarko-fans invoquaient encore l'argument, Hollande ne serait pas fait pour le job.
La séquence estivale amplifia la démarche. Le Hollande-Bashing faisait florès jusque dans les colonnes d'une presse dite de gauche. Le dénigrement devint systématique. Cet anti-Hollandisme, était primaire chez les uns, ou le fruit d'une déception chez quelques autres, ou d'une posture politique chez d'autres encore. Mais même au Front national, le débat était encore républicain.
... sauf chez les Séditieux.
Tout au long de l'été, certains ont repris le flambeau d'un autre combat, le procès en légitimité via des initiatives marginales mais séditieuses.
En août, un site pourtant dénommé Opposition Républicaine et fondé par d'anciens Sarko-fans s'était exercé à poursuivre différemment ce procès en légitimité. Un certain Mischa confiait ainsi son « cauchemar » et rêvait d'une « destitution » (25 août, un autre dénonçait le « hold-up » de la magistrature suprême.
Sur le site Avaaz, qui permet de poster des pétitions dites citoyennes, un certain Rajia, d'Inde, en avait lancé une, à l'orthographe et la grammaire approximatives, pour la destitution de François Hollande le 3 octobre dernier. On trouvait aussi des pages Facebook ou des appels sur Twitter
Une association de militants UMP, baptisée Union Républicaine (sic!) publiait ce 13 novembre ses consignes et conseils pour une destitution rapide et efficace. Pour quels motifs ? On se pince pour le croire, les Séditieux sont prêts à tout et même n'importe quoi: «  Ce n’est ni la nature de l’acte délictueux, ni sa gravité qui définissent ce manquement mais tout simplement l’incompatibilité de l’acte qui se doit d’être contraire à la nature de la fonction Présidentielle et inconciliable avec la poursuite de son Mandat. » Et oui...  Hollande devrait être destitué parce qu'il commet des actes incompatible avec la nature de la fonction. 
Pris de court
La campagne interne de l'UMP fut à nouveau l'occasion de similaires surenchères. Jean-François Copé promettait des manifestations de rue si François Hollande « s'obstinait » à présenter à l'Assemblée le projet de loi pour le mariage pour tous, ou « sur chaque sujet majeur qui pourrait mettre en cause l’intérêt supérieur de notre nation ». Il enjoignait aussi les maires de France à refuser de célébrer lesdits mariages...
Quel sens républicain !
Mardi 13 novembre, les Séditieux avait été prise de court. La presse d'élite dépeignait Hollande comme le social-libéral dont le pays avait finalement besoin. Ouf ! Les mêmes qui décrivaient l'hôte élyséen comme un affreux gauchiste prêt à marier les homos et taxer les pauvres riches de 75% de leurs revenus, le découvraient si « patronat-compatible» qu'il en était devenu le gendre idéal. Qu'avait-il fait ? Rien de plus, nulle annonce nouvelle. Il traçait son chemin quand d'autres commentateurs tournaient en girouette.
A droite, le procès en légitimité prenait du plomb dans l'aile. Les Séditieux cherchaient l'argument. Nadine Morano, défaite par le suffrage universel en juin dernier, fut trop vite envoyée sur les plateaux de télévision: « Voilà quelqu'un qui a été élu sur un mensonge et qui est insincère.» Jean-François Copé jouait au faux-déçu: « quelle déception ! Après 6 premiers mois d'un quinquennat qui s'avèrent désastreux, on attendait de François Hollande qu'il fasse (...) un minimum d'autocritique. Il s'est présenté comme à l'habitude pétri d'autosatisfaction
Il leur restait Barbier, Christophe de son prénom. Le patron de l'Express venait d'expliquer combien il fallait faire des couvertures qui parlent aux tripes d'une France droitisée.
Billet publié chez Ragemag


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