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De retour du Qatar (MAJ)

Publié le 19 novembre 2012 par Egea

Un voyage professionnel m'a emmené au Qatar. Rien d'exceptionnel à l'heure de la mondialisation, me direz vous. Mais en parler est intéressant à double titre : aller voir sur place un des grands "alliés" de la France permet peut-être de modifier son opinion, par rapport à une analyse à distance (voir billet ici et ici). Et surtout, la destination est encore vaguement exotique pour mériter une sorte de "carnet de voyage", même si le genre est probablement amené à disparaître en ce XXI° siècle qui a tout vu et tout entendu.

De retour du Qatar (MAJ)
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De mes conversations sur place, je retiens que les relations franco-qatariennes sont très anciennes : en effet, lors de l'indépendance en 1971, les Anglais partent en les laissant seuls. Du coup, Pompidou puis Giscard lancent une coopération, alors que le Qatar n'est pas encore riche et cherche un parrain. On note ainsi plein d'accords dans les années 1980. Et ce n'est que par l'affirmation récente du Qatar sur la scène internationale, et ses investissements à l’étranger, que le grand public remarque son existence

J'avais mentionné qu'à l'origine, le Qatar avait refusé de rejoindre les EAU. Or, à l'époque, il y avait une continuité géographique entre les EAU et le Qatar. Celle-ci a fait place à une discontinuité géographique à la suite de la première guerre du golfe : l'Arabie, puisqu'elle avait protégé, aurait pris la bande territoriale. Cela ne se voit pas sur toutes les cartes, suivant le lieu d'édition. Et je n'ai pas vérifié cette information : un géographe ou un arabisant pourrit-il la confirmer ?

Du point de vue des affaires, on observe de grands défis aujourd’hui (vu des étrangers), car ils sont riches (250 ans de réserves de gaz). Le problème, c'est que tout le monde vient car sont les derniers, hors chasses gardée US, à pouvoir acheter des choses. Et du coup, les atouts français sont relativisés.

Les Qatariens anticipent (NB : on dit Qatariens en français, et Qatari en anglais). S'ils achètent le PSG, c'est certes parce qu'ils aiment Paris, mais aussi parce qu'ils organisent la coupe du monde de Football en 2022 : en fait, ils achètent un des meilleurs centres de formation. De même, ils achètent le Paris handball club parce qu'ils ont la coupe du monde de handball en 2018. Et surtout, quand on interroge l'homme de la rue, il sait vaguement qu'il y a le PSG, tout comme il sait que le fond souverain a acheté 5000 hectares en Australie. Ce qui est important pour nous n'est pour eux qu'un investissement parmi d'autres.

Splendide musée des arts islamiques (NB : je n'ai pas vu la nouvelle section du Louvre, je n'avais vu que l'ancienne). Ici, plein de belles choses avec un parcours muséographique intéressant. Je constate qu'il n'y a pas d’œuvres d'Afrique du Nord, à peine d'Espagne. En revanche, Égypte, Irak, Iran, Turquie, Asie centrale, Inde, Syrie et même la Chine sont bien représentées. Mais rien sur la péninsule arabique !

L'environnement est frappant (surtout quand je compare à Koweït, où j'ai vécu il y a vingt ans) : les rues sont très végétales, avec pelouses, buissons, fleurs, arbres, jets d'eau. Cela marque une grande consommation de ressources (en eau : elle est désalinisée..), des bataillons de jardiniers, avec un résultat certain.

L'enrichissement donne une incontestable garantie pour l'avenir. Une confiance en soi, évidente, au risque d'un certain kitsch. Toutefois, les efforts (notamment urbains) visent aussi à donner des racines pour demain.

Bien sûr, c'est kitsch. Mais moins kitsch que le Koweït susmentionné. Certes, la démesure des nouveaux riches frappe mais soyons honnêtes : ne trouvez-vous pas que la décoration intérieure de Versailles sent aussi son tape-à-l'oeil ?

Démesure des moyens, des projets, des constructions. Les splendides tous du skyline ne seraient remplies qu'à 20 % .... Et la superficie du futur Musée National (une rose des sables, imaginée par Jean Nouvel) en est un bon exemple. Les architectes se font plaisir, ici, et on a un bon aperçu de l'architecture contemporaine. IL reste un interrogation : construisent-ils pour durer, ou est-ce périssable ? Un immeuble de dix ans, ici, est déjà vieux, d'autant qu'il est mal entretenu...

Les gens riches ont ici une vie agréable, mais ennuyeuse. Particulièrement sensible à "the Pearl", le nouveau quartier de luxe gagné sur la mer,, et pas encore terminé malgré le concessionnaire Rolls et le restaurant Guy Savoy. Pour le passager, c'est plaisant, mais quand la vie habituelle n'est que loisir.... Luxe et volupté, certes, mais surtout du calme, beaucoup de calme,... trop de calme ?

Étonnamment, la vie courante ne semble pas chère. Une course de taxi se négocie à 3 euros, une pâtisserie chez Lenôtre dans une galerie de luxe ne vous en coûtera que 5 euros...

(§ MAJ) Les forces armées compteraient 5000 11.800 hommes, et le budget de défense s’élèverait à  10 GEuros... ! (là aussi chiffre à vérifier) (selon Wikipédia, 816 M£ soit 8,1 % PIB).

On pourra lire aussi : sur "Affaires stratégiques", "quelles ambitions stratégiques du Qatar ?".

O. Kempf


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