Pêche de cette semaine : Baronne Ashton, robotique, industrie de défense, Australie, Sahel, budgets de défense, cyber, armées contemporaines, Allemagne, twitter. Et sinon, un petit rappel sur le bleuet.
Bleuet de France : A la suite de mon billet de la semaine dernière, le mouvement en faveur du bleuet de France se poursuit, relayé notamment par zone militaire, merci à lui. On me demande "comment faire ?". C'est simple : envoyez un mèl à la Dicod ([email protected]) en disant : "Je suis favorable à ce que le soutien au bleuet de France s'élargisse. Pour cela, il serait opportun que le ministre de la défense contacte les fédérations françaises de football et de rugby pour que les équipes nationales portent, brodées sur l'épaule, le bleuet lors des matchs joués pendant la première quinzaine de novembre". Si 1/ Vous le faites 2/ vous faites passer le message, on peut espérer quelques centaines de mél, et donc une réaction des autorités. Si de plus tous les blogs de défense relayaient cette simple initiative, cela ferait du monde.
La baronne Ashton est désormais favorable à un QG européen : cela s'appelle un revirement. Voir ici. Certes, elle ne prend aucune initiative mais elle voit le rapport de forces évoluer, avec un groupe de pays décidé à avancer, et la Grande-Bretagne perdre de l'influence. Les Anglais sont pragmatiques... Tellement, que le lendemain, Bruxelles a démenti. "Le débat est clos", a dit le porte-parole de la baronne. Pas si sûr que ça....
Les Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan ont le plaisir de vous inviter le Mardi 18 décembre 2012 à une journée d’études qu’elles organisent sur « Les enjeux juridiques de la robotique sécuritaire et de surveillance: 2ème édition». Amphithéâtre Lacoste – Ecole militaire, Paris, 9.00-18h30. Programme détaillé. Inscription obligatoire.
Un bon article de synthèse sur l'industrie de défense, par l'Expansion, qui a eu le bon goût de me citer.
L'Australie est-elle une puissance occidentale, ou asiatique ? Kishore MAHBUBANI, doyen de la Lee Kuan Yew School of Public Policy à l’Université Nationale de Singapour et ancien représentant permanent de Singapour aux Nations unies, a prononcé, en septembre 2012, une conférence dans laquelle il parlait de la destinée « asiatique » de l’Australie. Pour lui, « Le pays qui devra effectuer des adaptations les plus douloureuses au siècle asiatique est sans doute l’Australie. Comme la puissance de l’Occident en Asie décline lentement, mais sûrement, l’Australie avec la Nouvelle-Zélande pourrait rester la seule formation occidentale en Asie. » L’idée de Mahbubani est que l’Australie doit se rendre compte des nouvelles réalités dans le monde si elle veut peser dans la région et ne pas essayer de se raccrocher à l’Occident au risque de se marginaliser. Conférence à lire en français ici.
Le dernier numéro de Questions internationales traite du Sahel : Le Sahel en crises. Ce numéro de « Questions internationales » paraît au moment où la décision d’une intervention militaire multilatérale pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali se profile. Du Sahel, on n’entend guère parler qu’à l’occasion de catastrophes humanitaires qui affectent de façon continue ou récurrente des populations déshéritées. Mais ce dossier s’attache aux questions et analyses de fond plus qu’à la situation conjoncturelle : données géographiques, environnementales, humaines, démographiques, culturelles, religieuses, économiques ; structure des situations de crise permettant de mesurer en profondeur les fragilités de la région. Les menaces de tous ordres liées aux problèmes alimentaires, aux migrations, à la montée du terrorisme qui voit converger groupes et motivations différents et parfois rivaux ainsi que les limites des réponses, locales ou extérieures à ces menaces, sont mises en lumière.
Communiquée par Pascal, cette analyse comparative des budgets de défense : Il y a des parallèles troublants dans l’Histoire de France notamment lorsque l’on parle de budget de la défense. Souvenez-vous, entre 1913 et 1930 le budget de la défense était en pleine expansion malgré le fait que les gouvernements de l’époque étaient déjà confrontés à ce qu’Alfred SAUVY appelait les « Charges du passé », c'est-à-dire le service de la dette publique et de la dette viagère (les pensions de guerre, les allocations versées aux anciens combattants, représentent 58 % des dépenses budgétaires en 1925, et encore 52% en 1930 contre 27% en 1913). Après 1930, le budget de la défense stagne pour repartir vigoureusement à la hausse, en raison de la menace allemande, en 1937 sous le gouvernement Blum qui, pour le coup, a nettement plus fait pour le canon que pour le beurre. Ainsi, les forces armées françaises dépensent plus, en francs constants, pendant l'année 1939 avec ses quatre petits mois de Drôle de guerre qu'en 1918 avec ses onze longs mois de guerre totale. Ce sont la Marine et, plus encore, l'Aéronautique qui dévorent le plus de métal et de matériels mécaniques (l'Armée de Terre, elle, dépense moins en 1939 qu'en 1918).
Malgré l’effort financier entre 1937 et 1938, les matériels ne sont pas livrés par les industriels qui peinent à les produire en raison non pas de la mise en place des 40 heures, comme le soutenait la droite de l’époque, mais surtout par un manque d’investissements des industriels dans l’outil de production. Par exemple les équipements de l’entreprise SCHNEIDER se sont vu attribuer un coefficient de 80 % de vétusté par la commission paritaire d'évaluation au moment de la nationalisation et les machines ont très fréquemment trente ans d'âge. Du reste Daladier est « stupéfait » pendant ses visites d'usines d'armement de « constater que, très souvent, le travail à la lime avait une importance plus considérable que le travail des machines » (Rapport n°2344 du député Charles SERRE au nom de la Commission chargée d'enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945). Comment l’industrie d’armement aurait-elle pu s’équiper, se moderniser à l’instar de l’entreprise automobile ? Selon le rapport Serre, « l'industrie a devant elle, avec les crédits annuels, un horizon borné : incertitude du lendemain, elle ne peut s'équiper largement car elle n'est pas assurée de pouvoir amortir ses investissements » d’autant que la mise en place des 40 heures s’est traduite par un alourdissement de la fiscalisation grevant la trésorerie des entreprises. Toutefois, il faut souligner que les entreprises bénéficiant d’un quasi-monopole de la commande de l’Etat, comme Saint-Chamond pour les tourelles de chars et de bateaux, n’étaient pas incitées à investir pour moderniser leurs outils de production…D’autre part, s’agissant de l’armée de terre, l’essentiel des crédits était absorbé par la ligne Maginot au détriment de la fabrication d’armes modernes comme le char Somua 35 qui, durant la campagne de France de 1940 a surclassé les Panzer 1, 2 et 3 qui formaient le gros des divisions blindées allemandes mais ils étaient peu nombreux… (Le 13 mai 1940 à Crehen en Belgique, un peloton du 2e régiment de cuirassiers prend de flanc la 4e Panzerdivision et détruit 50 panzers en quelques minutes… !)
Lorsque l’on observe ce qui se passe aujourd’hui on ne peut que constater la baisse constante du budget de la défense depuis quelques années et un reformatage du modèle d’armée pour l’adapter ou tenter de l’adapter aux nouvelles menaces comme après la Première guerre mondiale. Nos industriels peinent à investir dans le renouvellement de l’appareil productif alors qu’ils proposent les engins parmi les meilleurs au monde et ce pour sensiblement les mêmes raisons qu’en 1938. En terme d’heures travaillées, il n’est pas dit que la mise en place des 35 heures ait été négative ; mais là je fais confiance dans mes camarades du secteur pour me contredire…
Je n’irai pas jusqu’à dire que notre force de frappe nucléaire est notre Ligne Maginot mais il faut concéder qu’une grosse part de la ressource financière lui est consacrée au point que certains se demandent si cela est bien nécessaire mais, sur ce sujet, le Président de la République a tranché en « sanctuarisant » ce poste de dépense. (SIgné PTH).
Le comité « Cyberdéfense » de l’ANAJ-IHEDN a le plaisir de vous inviter à une nouvelle conférence de son cycle sur le thème : STUXNET, DUQU, FLAME ET AUTRES MALICIELS : NOUVELLES ARMES INFORMATIQUES ? Autour de Laurent HESLAULT, Directeur des stratégies de sécurité Symantec Europe de l’Ouest. Mardi 27 novembre 2012, de 19h30 à 21h00 Amphithéâtre Des Vallières, École Militaire. Programme et inscription
Parutions, aux presses de Sciences Po, d'un ouvrage sur "les armées contemporaines", par Jean Joana, professeur à Montpellier.
Une note sur l'évolution interne allemande : à l'est, du nouveau ?
Sur mon compte twitter (@egea_blog), le cap des 500 abonnés vient d'être franchi : merci à tous, et en avant vers les 600. Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est : un compte twitter est une sorte de fil de presse (comme l'AFP ou Reuters) mais où vous pouvez soit écrire (vous êtes l'agence) soit vous abonner (vous êtes client des autres, mais c'est gratuit). DU coup, vous sélectionnez les comptes des gens qui vous intéressent sur des sujets qui vous intéressent, et vous avez des fils de presse (des tweets : messages de 140 signes max) qui s'affichent à mesure qu'ils sont postés par les autres. Vous avez donc votre information, et une veille ciblée qui correspond à votre attente. Après, vous pouvez le suivre sur votre ordinateur, mais aussi sur votre ordiphone dans le bus ou le métro, etc....
O. Kempf