Forts d'un succès incontestable en 2009 avec le désormais mythique Borderlands premier du nom, Gearbox Software et 2K Games ont décidé de remettre le couvert. Il faut dire que la recette FPS + aventure + coopération avec une touche RPG de Gearbox a fait mouche et ne trouve guère de concurrents sérieux, aussi l'annonce d'un second épisode ne pouvait que faire plaisir. Mais, est-ce que ce nouveau périple sera aussi épique que le premier ? Borderlands 2 fera-t-il jeu égal, sinon mieux, avec son frangin ? Un indice : ClapTrap dira tout de suite non.
Il y a environ 5 ans, quatre mercenaires sont arrivés sur Pandore. Assistés par la technologie Hypérion, ils ont percé le plus grand mystère de la planète, et ont révélé la mythique Arche au grand jour. Après avoir battu son gardien, l'Arche a finalement été ouverte, dévoilant un minerai unique au monde: l'Eridium. Aujourd'hui, la donne a changé. Hypérion, désormais commandée par Le Beau Jack, a pris le contrôle de Pandore pour s'approprier tout l'Eridium. Le CEO y instaure donc sa dictature sanglante et va même jusqu'à inviter des aventuriers pour les tuer le plus rapidement possible, juste pour le plaisir. "Rien de personnel", qu'il précise. Mais il ne se doute pas que la prochaine équipe va lui donner du fil à retordre. D'ailleurs, le train de 6h12 vous attend, prochain arrêt : Pandore.
"Un seul recours, un seul : L'Agence Tout Risque"
Quatre nouveaux mercenaires fringants entrent ainsi en scène au travers de la sympathique vidéo d'introduction. A l'image de Borderlands 1, on a droit à du stéréotypé tant dans le caractère que dans la façon de faire. On commence avec Axton dans le rôle du Commando, un ex-militaire recherché pour crime de guerre et accessoirement condamné à mort par sa gradée d'ex-femme. Récemment devenu mercenaire, il compte sur sa tourelle portable pour dézinguer efficacement du méchant. Vient ensuite Maya, la Sirène du groupe. Sa venue sur Pandore est motivée par sa curiosité. Elle cherche des réponses avant tout sur sa propre existence, ainsi que celle des Sirènes, et fera bon usage de la Force (ou de sa capacité à immobiliser les ennemis à 3 mètres du sol) pour arriver à ses fins.
On continue avec le Défourailleur Salvador. Fan de Duke Nukem, ce gars enveloppé nourri aux stéroïdes est venu sur Pandore… pour le challenge ! En bonne brute épaisse, il aime flinguer avec une arme de gros calibre dans chaque bras, inutile de dire qu’il va être servi. On termine le tour de table avec l'Assassin, alias Zer0. Fan de haïku et de smileys, Zer0 se veut une sorte de ninja moderne. Un peu comme Salvador, il vient pour mettre à l'épreuve ses talents, mais nettement plus en douceur. C'est tellement mieux de leurrer ses ennemis avec un hologramme afin d'ôter la vie par derrière. Ces quatre mercenaires n'ont peur de rien, pas même de partager la vedette avec une cinquième classe, car les DLCs n’attendent pas ! Voici donc Gaige, la Merchomancienne. Etudiante brillante en ingénierie, elle doit sa présence sur Pandore au meurtre involontaire de sa rivale par son robot DeathTrap. Ce dernier considérait que couper les cheveux était un acte hostile lors du dernier concours de sciences. C'est ce même robot qui accompagnera Gaige dans l'aventure pour coller des raclées aux vilains pas beaux.
"Personne n'est plus fort que Jack"
Borderlands 2 mêle comme son aîné déglingage en règle et exploration. De ce fait, il ne s'agit pas d'un parcours en ligne droite et vous en aurez pour quelques dizaines d'heures pour en voir le bout. D'où la nécessité de miser sur le bon cheval dès le début. Entre ces cinq mercenaires, lequel choisirez-vous ? Il faut savoir qu'en dehors du charisme, ils ne se différencient réellement que par leur technique secondaire ainsi que l'arbre des compétences associé. Un exemple avec Salvador qui pourra faire feu avec deux armes en même temps et dont les compétences à débloquer auront vocation à faire de lui un Terminator bis. Contrairement à Zér0, qui lui peut user d'hologrammes et gagner en efficacité en combat à distance (sniper dans l'âme ?). Libre à vous d'user ou non des capacités disponibles pour votre classe, mais sachez que cela peut faire basculer l'issue d'une fusillade en votre faveur. Sinon il n'y aura point de jaloux, chaque personnage peut utiliser tous les types d'armes du jeu. Mais gardez en tête que si la classe ne vous plait pas, il faudra recommencer l'aventure de zéro si vous voulez en changer. Un peu dommage et surtout bizarre sachant que l'histoire ne change pas d'un iota quel que soit le héros choisi.
Mais ce choix ne fait pas tout, car un mercenaire n'est rien sans un équipement efficace, conférant au soft un petit coté RPG. Il est conseillé de dénicher un bon bouclier rechargeable histoire de contenir les tirs ennemis. Pas trop quand même, car ce seront vos hps qui pâtiront des attaques si le bouclier est détruit. Il vous faudra aussi un mod de grenade, mod qui va déterminer le comportement (rebond, téléportation, aspiration) et l'effet élémentaire des grenades que vous lancerez. Quand on parle d'effets élémentaires, on parle d'un surplus de dégâts causé par explosion, corrosion, incendie, électrocution ou slag (substance violette dérivée de l'Eridium qui multiplie les dégâts, très appréciée !). Autre équipement sympathique, le mod de classe. Une fois équipé, il améliorera certaines de vos statistiques personnelles ou celles de votre équipement (santé+ 200, cadence de tir +10%) et est spécifique, comme son nom l’indique, à chaque classe. Et finissons avec le plus intéressant: les armes. C'est-à-dire pistolet, fusil à pompe, lance-roquette, mitraillette et/ou fusil à lunette. Faites votre choix, de toute façon chacune possède ses qualités et ses défauts. Car Gearbox a fait en sorte que chaque pièce d'équipement que vous ramasserez soit générée aléatoirement (apparence et statistiques). De ce fait, vous pourrez littéralement trouver une bouse sans nom comme l’arme de vos rêves dans le prochain coffre. Au petit bonheur la chance !
Pandore: un asile géant
Coté déglingage de vilains pas beaux, vous ne pourrez pas trouver mieux. Même sous le joug d'Hypérion, Pandore regorge toujours de bandits et de mercenaires prêts à tuer pour le fun. Sauf que votre présence a poussé le Beau Jack à mettre une prime sur votre tête. Et ce qui n'arrangera pas non plus les choses, c'est que l'armée d'Hypérion s'en mêlera aussi. Bref le compteur du bestiaire va afficher une bonne quarantaine de catégories. Entre les brigands armés suicidaires, moches, gros et/ou en armure, la faune locale (Skags, Garogos, Salgauss, Rakks...) mais aussi les robots d'Hypérion (maigrichons à hélices, lance-roquettes, boucliers, lance-flamme, constructeurs...), vous n'êtes pas sorti de l'auberge. L’IA a été améliorée depuis le précédent épisode mais montre tout de même ses limites dans certains endroits. Cela dit, certains groupes d’ennemis peuvent tout de même se montrer particulièrement dévastateurs. A vous d’être observateur, de tirer parti du décor et d’établir un ordre d’exécution efficace !
Bien entendu, comme par le passé, le niveau des ennemis ira en grandissant au fil du jeu. Il n'appartient qu'à vous de ne pas être distancé, car si l'adversaire dispose de plus de 5 niveaux d'avance, il deviendra particulièrement difficile à battre. En contrepartie, plus la différence est grande, plus vous gagnerez d'XP. Cette règle est d'autant plus intéressante pour les brutes et les boss, car cela peut vous permettre de monter en grade plus rapidement, à condition de prendre des risques. A noter que certains ennemis peuvent être qualifiés de "brutal", non seulement dans leur comportement mais aussi dans leur dénomination. Pas de panique, cela signifie simplement qu'ils sont 3x plus forts et résistants que la moyenne. Rappelons de ce fait que la mort vous attendra toujours au tournant. Mais elle n'est heureusement pas définitive car vous serez (re)cloné à l'une des bornes Hypérion sauvegardant votre progression, moyennant toutefois un pourcentage non négligeable de vos économies. Business is business.
Maintenant, comment se déroule un jour lambda sur Pandore ? Très simplement, il suffit de mélanger les mots: entrée fracassante, pognon, mort, boucherie, dialogues marrants, brutal et objectif. Et ce dans n'importe quel ordre. On imagine que le chasseur de l'Arche arrive en ville, explose un méchant au sniper, sort une remarque stupide, fait une boucherie au fusil à pompe, atteint l'objectif et empoche pognon et EXP. Mais ce n'est pas toujours comme ça que ça se passe. Parfois, ce sont les méchants qui tirent les premiers, alertant toute la clique alentour. D'accord, grillé. Le Chasseur en flingue deux-trois-quatre au pistolet (sorti in-extremis) et se réfugie dans coin. Il arrive que la faune locale s'en mêle et préfère s'attaquer aux méchants qui continuent à raconter des conneries. Cool, le Chasseur profite de la confusion mais se fait exploser la tronche par un brigand suicidaire car le pauvre Chasseur ne peut pas suivre tout le monde sur le radar. Là-dessus, avec des HPs au minimum et un bouclier en rade, arrive le fameux méchant Brutal. Switchant entre fusil à pompe et mitraillette, le Chasseur peine à résister et se fait finalement terminer par le Brutal, tout cela en huit secondes chrono. Impossible de se relever. Le Chasseur renait malgré lui de ses cendres à une borne Hypérion avec 50 000$ en moins dans la poche. Ceci bien sûr avec le privilège de recommencer cet épisode malheureux pour atteindre l'objectif. En général, c'est là que le joueur jure. Mais c'est que du bonheur ! Il suffit de bien se préparer et de changer d'arme de manière intelligente, si ça ne va pas une fois, c'est que la stratégie est à revoir.
"In the desert, you can’t remember your name"
Au début de l'aventure, on ne pourra que remarquer le contraste avec le premier Borderlands en terme de paysage. Un désert reste un désert, mais celui-ci se trouve un peu plus... glacé. Pandore a changé de visage en cinq ans d'administration par Hypérion, les fans le constateront très vite. Mais on comptera toujours plusieurs environnements distincts, chacun possédant son propre bestiaire et sa propre topologie. Le périple commence par exemple avec les températures négatives de Southern Shelf ainsi que les chemins enneigés de Three Horns. Mais si le froid n'est pas votre tasse de thé, vous pourrez toujours aller observer les falaises dévastées de Thousand Cuts. A moins que vous ne préfériez les lacs des Highlands "embellis" par les stations Hypérion. Ou marcher sur le sable chaud du désert des Badlands ? Piquer une tête dans une caverne acide non désinfectée ? Jouer à Lucky Lucke dans le décor western de Lynchwood? Visiter Big Brother Ville ? Tout cela est possible. Mais inutile de programmer votre itinéraire, le Beau Jack s'en occupera pour vous. Bien entendu, le voyage se fera à pied, mais pour les vastes zones, un véhicule au maniement bien fichu (ou pas, c’est le même que dans Borderlands 1 !) se tiendra à votre disposition.
Comme dans le premier opus, ce seront les quêtes qui vont guideront dans les lieux sus-cités et non votre côté touriste innocent venu faire des photos. Il faut dire qu'on se passerait bien de visiter certains endroits, mais le devoir c'est le devoir. Il serait dommage de décevoir vos vieilles connaissances comme les anciens chasseurs Brick, Lilith, Roland et Mordecaï, Moxxi, Marcus ou ClapTrap (vous pouvez faire une exception pour ClapTrap). Les panneaux des primes et certains PNJs disséminés çà et là auront aussi quelques doléances à votre intention. Ainsi s'ajouteront régulièrement « quelques » missions secondaires plus ou moins sérieuses. L'idéal pour faire un peu de level up et de gagner quelques armes sympathiques. En général, les missions vous détournent pas mal de la quête principale, mais permettent de passer un agréable moment. Certains défis peuvent être rapidement expédiés, d'autres comportent plusieurs objectifs intermédiaires mais la majorité ne manquera pas de vous faire sourire.
Gearbox a un incroyable talent
On peut le dire, chez Gearbox Software, ils savent maîtriser toute sorte d'humour et le second degré. Ceux qui ont joué à Borderlands premier du nom peuvent en attester. Toutefois, les choses ont été approfondies. La majorité des combattants sont toujours fous voire aliénés, vos alliés ont quasiment tous un grain et, en guise de fil rouge, le Beau Jack ne manquera jamais de faire un commentaire stupide à votre égard. Sans compter les nombreux enregistrements perdus qui comblent de manière subtile et sympathique les blancs scénaristiques. Précisons justement que coté scénario, Borderlands 2 se trouve moins plat et moins monotone que son prédécesseur. Merci aux nombreux retournements de situation et aussi aux nombreux dialogues très crus, sans compter quelques mises en scène d’un goût parfois douteux. Autant de choses délicieuses qui justifient le PEGI 18 du jeu. C’est l’univers un peu glauque de Borderlands qui veut ça, mais on adhère totalement ! Enfant de chœur, passez votre chemin.
Et tant qu'on est dans les choses plaisantes, abordons le côté multi-joueurs. Il faut dire qu'il existe assez peu de FPS coopératifs orientés exploration et Borderlands 2 fait partie de ceux-là. A tout moment dans le jeu, pour peu que vous soyez connecté au service en ligne de votre choix, un à trois autres joueurs (anonymes ou amis) peuvent venir vous prêter main forte. Ainsi, leurs objectifs deviennent les vôtres et ils vous aident à avancer. S’ils n’ont pas déjà effectué la quête en cours, tant mieux, sinon tant pis car les récompenses ne sont pas données deux fois. En revanche, ce qui sera sans doute le plus intéressant dans ce mode, c’est le nombre d’ennemis revu à la hausse, de même que la qualité du butin (ou loot en anglais). Plus il y a de joueurs, plus il y a d’ennemis. Et plus il y a d’ennemis, plus il y a de loot. Et plus on se marre, car les situations cocasses ne manqueront pas. Bref, pour beaucoup, le plaisir passe par la coopération, et Gearbox l’a bien compris.
Pandore se bonifie avec le temps…
Borderlands 2 est sorti sur Xbox 360, PS3 et PC. Ce dernier sera comme d’habitude le plus à même à rendre justice à la beauté de Pandore, avec son style cel-shadding si particulier, ses textures bien fournies, ses personnages et environnements détaillés et surtout ses effets plus saisissants, merci la PhysX ! Vient ensuite la version PS3, dont les textures sont légèrement plus fines que sur 360 (Blu-ray oblige) mais mettent plus de temps à charger. La Xbox ferme donc pour une fois la marche avec son rendu un chouia moins détaillé, voire un peu plus flou. Mais la 360 bénéficie, elle, d’une installation partielle du soft sur le disque dur. Précisons que le plaisir de jeu n’est en rien entaché par ces différences, mais cela fait plaisir de voir que la version PS3 a été prise au sérieux. Notez enfin qu'une version Mac arrivera ce 20 novembre. Coté sonore, les mélodies mélancoliques et douces nous plongent rapidement dans l’ambiance cowboy-solitaire-loin-de-son-foyer-explorant-un-monde-de-tarés. Des morceaux plus rythmés prendront cependant le relai en cas de situation dangereuse, histoire de faire monter la pression. Bref, dans l’ensemble, Gearbox nous fournit un très bon rendu, cela donnerait presque envie de s’installer sur Pandore !
Que ce soit en solo ou en coopération, Borderlands 2 offre une durée de vie conséquente pour un FPS. Arriver à défaire le Beau Jack nécessitera au moins une quarantaine d’heures de jeu, dont une grande partie dédiée aux missions secondaires pour le level up. Mais le jeu ne s’arrêtera pas là, car Gearbox propose de recommencer du début en mode Chasseur Ultime, c’est-à-dire en conservant level, argent et équipement mais en relevant la difficulté. Les premiers ennemis seront passés du level 1 au level 31 et de nouveaux adversaires plus coriaces (c’est peu de le dire) feront leur apparition. Les équipements générés gagneront évidemment en qualité, et la logique de progression reste bien sûr la même que dans le premier voyage. Recommencer en mode Chasseur Ultime est le seul moyen d’atteindre le fameux level 50 et ainsi de s’affranchir des ultimes missions. Il y a donc largement de quoi faire ! Sans compter la possibilité de rentrer des codes gracieusement distribués çà et là sur le web par Gearbox afin d’obtenir de nouveaux items et de nouveaux skins. Un dernier mot sur le sujet qui fâche, à savoir les DLCs payants. Sachez que le dernier sorti, alias Scarlette et son Butin de Pirate, offre une aventure assez drôle et surtout rafraichissante à tout point de vue ! Un périple sympathique d’une petite dizaine d’heures, pour autant d’euros (bien) dépensés, qu’il est d’ailleurs possible de recommencer. Quand on voit ce que d’autres proposent pour le même prix, ils feraient bien d’en prendre de la graine…