La zone euro est entrée officiellement en récession au troisième trimestre 2012, pour la deuxième fois en trois ans, selon l’office européen de statistiques Eurostat.
Par Charles Sannat.
Mais faisons appel quelques secondes à notre mémoire. C’était il y a 4 ans. Lheman Brothers venait de faire faillite et, disons-le, c’était le bazar. Grands débats entre les économistes repris à la une de tous les canards. Quelle situation allions-nous connaître ? Comme les lecteurs sont forcément des crétins, pour leur mâcher le travail on leur a mis une lettre en face de chaque scénario.
On avait le scénario du V. Tout s’effondre mais après ça repart. Évidemment, à l’époque, il ne fallait pas s’inquiéter, c’était évidemment ce qui allait se passer, c’était une crise mais après la pluie vient le beau temps, c’est bien connu.
On avait le scénario du L. Pas beau le L… On ne risquait rien avec cette lettre-là. Le L, c’est un effondrement suivi d’une très longue et lancinante stagnation. Bref pas vendeur. Donc là non plus cela ne risquait pas de nous arriver.
On avait le scénario du W. Terrible le W. Il fallait à tout prix éviter le W. Comprenez-moi bien : le W, c’est récession, croissance, puis on croyait s’en être sortis et hop, un coup de Trafalgar (sans doute à cause des Anglais) et on repartait en récession. Alors ça, c’est absolument affreux pour le moral des foules. Donc pour la lettre W, on vous rassurait bien comme il fallait. Non, rien à craindre, c’est peu probable, presque aucun risque, pensez donc avec tous les plans de relance que l’on fait et Nicolas Sarkozy aux G20 comme sauveur du monde, franchement « même pas peur ». Or, il était évident que nous aurions droit à la lettre W. Eh oui, c’est assez logique lorsque l’on y réfléchit.
Reprenons les étapes. 2007-2008, crise, récession, effondrement économique mondial sur des niveaux de dettes très élevés. 2009-2011, énormes plans de relance partout à travers le monde financés avec de l’argent que nous n’avons pas, c’est-à-dire encore plein de nouvelles dettes. Manque de chance, malgré tout cela, la croissance ne repart pas (ce qui était visible depuis très longtemps), mais le niveau de dettes devient insoutenable (ce qui, là aussi, était visible depuis très longtemps). Donc 2012-2013, nécessité soit de faire marcher la planche à billets et de casser les monnaies, soit de faire des plans de rigueur. Résultat, l’Europe replonge en récession et le reste du monde va globalement suivre. Conséquence : c’est le W, qui n’avait aucune chance de se produire, qui vient de l’emporter… Sans blague. Je suis surpris. Mais je pense que l’on va vous expliquer, que « l’on ne pouvait pas savoir »… Évidemment.
La zone euro est officiellement entrée en récession au 3e trimestre
Donc, sachez-le, la zone euro est entrée officiellement en récession au troisième trimestre 2012, pour la deuxième fois en trois ans, selon l’office européen de statistiques Eurostat. Le produit intérieur brut a reculé de 0,1% au 3e trimestre, après s’être déjà replié de 0,2% au trimestre précédent. Une période de récession est constatée lorsque le PIB se contracte pendant deux trimestres consécutifs. Après la crise financière de 2008, la zone euro était tombée en récession et avait renoué avec la croissance au troisième trimestre 2009.
« L’activité économique de la zone euro est désormais à environ – 2,5% de son niveau d’avant crise », estime Martin Van Vliet, de la banque ING. Les chiffres publiés jeudi confirment, selon lui, le scénario de « récession en double creux » (« double dip recession ») que craignaient les marchés depuis des mois. L’économiste ne voit pas l’horizon s’éclaircir et table sur une récession plus profonde au quatrième trimestre 2012.
Sur un an, le PIB européen a enregistré une baisse de 0,6% au troisième trimestre 2012, contre – 0,4% au trimestre précédent. En Allemagne, le PIB a progressé de seulement 0,2%, marquant un nouveau léger ralentissement de la première économie européenne. L’Allemagne commence donc clairement à voir ses chiffres macroéconomiques impactés par la récession chez ses voisins européens dont elle reste fondamentalement très dépendante. « La vague de récession qui touche les pays du Sud commence à contaminer ceux du noyau dur [les plus solides de la zone euro, NDLR] », souligne M. Van Vliet, rappelant que l’activité s’est contractée de 0,1% en Autriche et de 1,1% aux Pays-Bas.
L’inflation a par ailleurs ralenti en octobre sur un an, à 2,5% contre 2,6% en septembre, selon Eurostat dans sa deuxième estimation de cet indicateur, bien qu’elle continue de dépasser pour le 23e mois consécutif le seuil de 2% établi par la Banque centrale européenne, mais elle s’en rapproche alors qu’elle était de 3% il y a un an. Cela signifie, là encore, que le danger déflationniste est très loin d’avoir disparu et que ce sujet devrait même revenir au premier plan durant l’année 2013.
De son côté, la BCE maintient depuis l’été son taux directeur inchangé à 0,75 %, un niveau historiquement bas, preuve qu’elle ne craint pas le retour à une hausse des prix et que sa priorité est plutôt la relance de l’économie.
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