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Ta mère et les animaux

Publié le 20 novembre 2012 par Teazine
Ce week-end j’ai acheté un livre. Alors ça semble peut-être pas si incroyable mais en général côté bouquins je suis rendue comme pour la musique : je m’arrange pour que la bibli se procure l’œuvre avant moi pis si j’ai vraiment aimé et que j’ai envie d’exhiber l’objet sur mon étagère (sur laquelle j’ai de toute façon pas de place à cause de toutes mes babioles) alors peut-être j’investis (au cas où j’aurais pas trouvé la chose aux puces). Dans ce cas précis, ça s’est déroulé un peu différemment ; j’étais de passage au Monstre Festival de la Micro-Edition à Genève. C’était bien cool et tout. Et là y avait ce stand québécois avec des bouquins de toutes les couleurs. Alors là déjà, tu vois toutes ces couvertures illustrées par Benoit Tardif, t’as comme une envie razzia. Mais après, en surenchère, y a le vendeur qui ouvre la bouche et d’un coup tu pourrais lui donner ton cœur, ton corps, ta bourse, tout. Vive le Canada.
Donc je feuillette les ouvrages, j’en peux plus. J’ai vingt boules dans mon porte-fric et je sais pas quoi choisir. "Toutes Mes Solitudes" sorti il y a 3 jours ? "Ceci n’est pas une histoire de dragon" parce que justement, c’est trop bien les dragons ? Finalement, y a un type qui me fait de la concurrence pour le dernier exemplaire de "Ménageries", alors c’est celui que je choisis (à vingt balles, aight). C’t’un livre de Jean-Philippe Baril Guérard, aux Editions de Ta Mère. En plus y a une histoire de licorne dedans alors hein, pas le choix faut y aller.
Ta mère et les animaux MENAGERIES Jean-Philippe Baril Guérard
Ce week-end j’ai donc lu un bouquin que j’ai acheté. Il était vendu comme un recueil de contes illustrés pour adultes. En fait, c’est quatre histoires brèves pleines de cul et d’alcool racontées avec l’accent québecois. Ca chantonne dans ta tête quand tu lis. Par exemple dans cet extrait choisi :
"J’haïs les licornes. Me semble qu’un cheval c’est déjà beau non ? Ben d’abord si c’est un beau cheval, pourquoi faudrait qu’y ait une corne ? Je vas vous le dire, pourquoi. C’est parce que les licornes, ç’a juste été inventé pour vendre plus de cornes. Pour que tout le monde achète des cornes pis les mette sur leurs chevaux. Pour que les compagnies qui vendent des cornes fassent du profit sur les ventes de cornes, pis que les compagnies de cartes de crédit fassent des profit sur les intérêts sur le prix des cornes qui coûtent la peau des fesses." 
Après, j’ai pas compté tous les "t’es dans la marde" "faque" "hostie" "câlice" et anglicismes qui constellent les récits… toujours est-il que ça donne un charme fou. Au point que je me suis demandée si j’aimerais pareil avec des expressions bien de chez nous. La réponse spontanée est non. Même si en fait, j’en sais fichtre rien. Les histoires sont quand même pas banales. Elles sont sacrément bien tarabiscotées même, avec des intrigues de gros salopard. Des intrigues où y a des coucheries pas trop en règle qui aboutissent à des pétages de gueule en règle sauf que c’est pas de la faute au type qui se fait écraser, enfin pas vraiment. Pis dans une autre histoire y a un virus HIV qui se balade sans raison en mode chienne de vie les gens sont vraiment pire que des bestioles c’est trop injuste. Tout ça sur un ton bien drôle. Du coup, ouais, finalement on va quand même dire que ce n'est pas uniquement le style qui fait vendre Ménageries. Non, les "contes" sont vraiment bien torchés. Et on pourrait même extrapoler et leur trouver une morale sur le thème de la connerie humaine. Mais ça, c’est tellement saoulant que ça gâche tout le plaisir dont il est question, au fond. Ta mère et les animaux Pour embellir le tout, y a les sus-citées illustrations de Benoît Tardif. Le type est en fait le directeur artistique de l’ensemble des Editions de Ta Mère. Judicieux, tant c’est cool ce qu’il fait. Un peu enfant-mais-non (pour ce que j’y connais en illustration). En tout cas, c'est très vendeur. Et ça colle bien à l'esprit jeune, libéré et drôle de Ta Mère. La maison d'édition fonctionnerait d'ailleurs assez bien selon les dires du monsieur du stand du Monstre Fest. On le croit volontiers maintenant qu'on se damnerait pour s'offrir la totalité du catalogue. Ménageries et la vidéo suivante me semblent justifier cette soudaine dévotion :

En somme, dès aujourd'hui, ma nouvelle passion dans la vie c'est la littérature canadienne. "La littérature à l'esprit américain" comme il a dit le monsieur du stand en essayant de me vendre un ouvrage sur les trucks. Crisse.
Au passage, signalons que sur son étalage se trouvaient également des ouvrages des éditions Moult et Rodrigol qui ont elles aussi l'air fort intéressantes. ET SI JAMAIS C'EST BIENTOT NOEL (j'ai été gentille toute l'année, je le jure).

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