On gagnerait à s'interroger sur l'adoption et sur ses multiples échecs qui tiennent, pour une part, au hiatus entre des enfants abandonnés qui se méfient de tout geste d'attachement excessif et les familles qui les adoptent. et sont, du fait même du long et douloureux parcours qui les a conduites à l'adoption (découverte de la stérilité de l'un des deux partenaires, gymkhana administratif), dans l'attente de gestes d'attachement que ces enfants refusent. Un désir de maternité exacerbé conjugué à une réserve à l'égard de gestes d'amour est à l'origine de beaucoup de déception et d'échecs..
Ces enfants, écrivent deux spécialistes, Nicole Guedeney et Claire Dubucq-Green, n’arrivent pas vierges, prêts à s’attacher à des parents nouveaux. Ils ont pu développer, au contraire, une profonde méfiance à l’égard de toute personne censée les protéger. De nombreux auteurs soulignent les difficultés énormes que peuvent vivre les parents face aux troubles du comportement ou aux attitudes que présente leur nouvel enfant, surtout au début de l’adoption, justement parce que celle-ci active dramatiquement le système d’attachement de l’enfant, placé dans une situation inconnue, face à des inconnus, et qu’elle peut réveiller les protections habituelles de l’enfant que les nouveaux parents ne peuvent pas toujours comprendre. (Adoption, les apports de la théorie de l’attachement, Enfance et Psy, n°24, 2009)
Or, la situation des familles homoparentales est toute différente. Les enfants qu'elles accueillent ont bien des réserves quant aux gestes d'attachement, mais ils entrent dans des familles qui n'ont pas connu l'échec de la stérilité et dont les membres (mère ou père) n'ont pas un désir d'enfant exacerbé par les échecs à répétition de tentatives de conception.
Il n'est, en ce sens, pas impossible que l'adoption par des familles homoparentales se passe mieux que l'adoption par des familles dites "normales" et qui ne le sont pas tant que cela.