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L'exemple anglais

Publié le 20 novembre 2012 par Toulouseweb
L’exemple anglaisLe chaos ŕ ŤNDDLť, la réflexion outre-Manche.
Le dossier de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, récupéré par la politique, est devenu explosif. Il s’est invité dans l’actualité avec une violence jamais connue précédemment par un aéroport ou projet d’aéroport, pas męme ŕ l’époque oů Jacques Douffiagues, ministre des Transports, songeait ŕ doter la région parisienne d’une plate-forme supplémentaire. Il est vrai qu’en ces temps-lŕ, la réflexion était menée avec l’aide de spécialistes, dans le cadre d’une tentative de réflexion ŕ long terme. C’est le seul contexte, de toute maničre, qui convienne au transport aérien.
Quel contraste avec le désordre actuel ! Pour s’en rendre compte, exemples choisis parmi de nombreux autres, il suffisait de lire attentivement, pendant le week-end, les dossiers publiés par Le Journal du Dimanche et Le Monde. Il y était longuement question de Ťla gauche dans le pičge de l’Ayraultportť et de Ťla plate-forme des colčresť. Apocalyptique : il n’y a pas d’autre adjectif qui vienne ŕ l’esprit pour évoquer une extraordinaire pagaille qui n’est en rien maîtrisée : pas une seule déclaration d’apaisement, silence assourdissant du ministre délégué Frédéric Cuvillier, commentaires emphatiques des écologistes, du Front de gauche, etc., trop heureux de chercher ŕ tirer un bon parti de ce sérieux incident de parcours.
L’affaire NDDL est d’autant plus scandaleuse et inadmissible que les uns et les autres ont oublié une fois pour toutes qu’il s’agit au départ de transport aérien, et de rien d’autre. Mais aucun des intervenants n’affiche un petit minimum de compétences en la matičre, ce qui conduit ŕ d’étonnantes inepties, la plus belle d’entre elles consistant ŕ dire et répéter que l‘actuel aéroport nantais s’achemine ŕ grand pas …vers la saturation. L’argument est tout simplement risible.
Heureusement, il arrive qu’un esprit éclairé se manifeste, sans nécessairement ętre entendu pour autant, pour faire remarquer que l’aéroport de Gatwick, situé ŕ une quarantaine de kilomčtres de la capitale britannique, traite 34 millions de passagers par an, 242.000 mouvements d’avions, avec une seule piste (notre illustration). Nantes Atlantique enregistre actuellement 3,5 millions de passagers annuels, grosso modo 10 fois moins que Gatwick. La notion de saturation n’est décidément pas la męme, selon que l’on parle français ou anglais.
Cela étant dit, outre-Manche, les problčmes qui sont posés n’en sont pas moins nombreux, la croissance du trafic risquant de conduire Heathrow, Gatwick, Stansted, Luton ŕ la thrombose pure et simple. D’oů l’intéręt de se pencher sur la maničre de faire, pour préparer l’avenir. Lŕ-bas, il n’est pas question d’opposer tracteurs et forces de l’ordre au cœur du bocage mais de choisir des options sans rapport direct avec les rebondissements politiques quotidiens. C’est le point essentiel de la lettre de mission adressée par le gouvernement Cameron ŕ une Airports Commission mise en place en septembre et qui rendra ses conclusions en décembre 2013.
Un Livre blanc, en 2003, fort document de 170 pages intitulé ŤThe Future of Air Transportť, avait constitué une utile entrée en matičre. A Nantes, on entend dire que le transport aérien n’a pas d’avenir, ŕ Londres, on souligne qu’il va doubler ou tripler d’ici ŕ 2030. En Bretagne, d’autres affirment que Nantes Atlantique ne pourra bientôt plus suffire ŕ la tâche, ŕ Gatwick, on prévoit l’ouverture d’une deuxičme piste en 2019.
Bien sűr, une commission d’étude, un groupe de réflexion, une équipe d’experts, auraient dű se pencher sur ces questions avant la moindre prise de décision. Ce qui aurait aussi permis de constater que personne n’est capable de faire sortir de terre un aéroport, oů que ce soit, pour la somme ridicule de 600 millions d’euros. Si NDDL se fait, le réveil budgétaire sera ŕ coup sűr pénible. Et, quoi qu’il en soit, nous l’avons déjŕ suggéré, il conviendrait tout d’abord de dépolitiser le dossier, de le professionnaliser. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Entre-temps, toutes les parties impliquées peuvent se préparer ŕ payer le prix fort pour un enjeu qui n’en vaut pas la peine.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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