Magazine France
Quelle histoire ! Quelle misère ! Quel spectacle !
Il n'est jamais bon de tirer sur une ambulance, mais celle-ci - l'UMP - multiplie les tonneaux sur la route comme victime d'un mauvais carambolage.
Après une journée de votes internes dimanche dernier, l'UMP a mis une journée de plus à communiquer le résultat du gagnant. Jean-François Copé n'avait pas attendu cette confirmation pour officialiser sa victoire...
Puis, Nicolas Sarkozy a félicité Jean-François Copé pour son élection à l'arraché à la tête de l'UMP. L'histoire ne dit pas s'il a également consolé François Fillon. Le tour se serait joué avec 98 voix d'écarts. Une misère...
On croyait que les plaies se panseraient, même difficilement. Fillon avait pris acte de sa défaite, mais quelques partisans menaçaient de quitter le navire. Leur mentor avait refusé la vice-présidence de l'UMP.
A la rubrique UMP, la justice s'ajoutait au spectacle. Le même Nicolas Sarkozy devait revoir le juge, l'un de ceux qui enquêtent sur ces affaires de l'ancien quinquennat. En l'occurence, l'ancien monarque risquerait la mise en examen dans le dossier Bettencourt.
Et Mediapart nous rappela les amitiés du sieur Copé. Le domicile de François Léotard, ancien ministre de la Défense entre 1994/1995, venait d'être perquisitionné dans l'affaire Karachi. Jean-François Copé était l'homme de la piscine, cette piscine de l'ami Ziad Takieddine que ce dernier lui prêtait à Antibes entre 2003 et 2005. On se souvient du cliché publié par Mediapart en juillet 2011. L'homme d'affaires est déjà mis en examen pour différents motifs dans le volet financier du Karachigate. Copé aida souvent son ami. Notamment quand il était ministre du Budget de Jacques Chirac et que Takieddine pourtant millionnaire grâce à des contrats de ventes d'équipements militaires français était exonéré d'impôt sur le revenu en France.
Mais mercredi 21 novembre, nouveau coup de théâtre.
D'après Reuters, la réintégration des votes de Wallis, Nouvelle-Calédonie et Mayotte permettait à Fillon de passer devant Copé ... avec 26 voix d'avance ... Fillon demandait à Alain Juppé d'assurer de façon transitoire la direction de l'UMP (AFP) tandis que son équipe de campagne, Eric Ciotti en tête, contestait officiellement l'élection de Copé et revendiquait la victoire (AFP).
Au final, cette désagrégation du premier parti du pays est une mauvaise nouvelle pour la démocratie, et un (maigre) soulagement pour la gauche.
L'UMP est sans gouvernail.
On peut imaginer que les Copéistes ne se laisseront pas faire. Même si François Fillon l'emportait in fine, le parti est scindé en deux bataillons d'environ 90.000 supporteurs. Qu'en pensent la centaine de milliers d'abstentionnistes UMP ?
Marine Le Pen, qui osa qualifier les deux prétendants de candidats de centre-gauche dimanche dernier, peut se frotter les mains.
Eric Ciotti avait finalement raison: « le débat démocratique n'est pas dans notre culture à l'UMP ».