Magazine Politique
Si tout se passe comme je l'imagine, nos descendants blogueurs de gauche préparant la Présidentielle de 2037 se remémoreront
ce qu'à fait la gauche de bien depuis 60 ans. Il leur reviendra en tête l'abolition de la peine de mort, la dépénalisation de l'homosexualité et le mariage pour tous. Si on ne fait pas les cons,
François Hollande restera dans les manuels d'histoire comme étant celui qui aura permis aux homosexuels d'être des citoyens comme les autres.
Il l'aura permis en se faisant élire avec le soutien d'une grande parie du "peuple de gauche", en montant un gouvernement qui
aura su rédiger le texte de loi, en défendant ce texte devant les citoyens et devant les élus qui auront à le mettre en application.
Les réactions de certains de mes confrères de gauche, hier, son surprenantes. J'en lisais encore certaines, dans Facebook, ce
matin : des lascars qui expliquent qu'avec leur liberté de conscience ils pourront refuser de payer leurs impôts. C'est idiot. Aucune mairie ne pourra refuser de célébrer un mariage. Un
maire pourra simplement continuer à pouvoir demander à un adjoint de le faire à sa place. Comme maintenant. Comme toujours.
Les internautes ont l'art de se monter le bourrichon entre eux pour déclencher des tempêtes dans des verres d'eau, tempêtes
qui ne tardent pas à faire la une de la presse. Alors je vais user de ma liberté de conscience pour ne pas participer systématiquement aux entreprises de démolition d'une majorité que j'ai
contribué à mener à la tête de l'état.
Ces réactions sont surprenantes mais elles sont aussi mesquines. Les internautes agissent comme si le texte était déjà passé,
comme si on ne risquait pas de voir descendre des millions de gens dans la rue en janvier, comme en 1984. Comme si nos politiciens n'avaient plus de travail à effectuer pour que l'engagement soit
tenu. Je ne sais pas exactement ce que voulait François Hollande en prononçant ces mots mais je suppose qu'il voulait rassurer les maires, les premiers concernés pas cette réforme (contrairement
aux loups de twitter), pour éviter qu'ils se joignent en tant que tels aux protestations à venir.
Il y a eu un débat ce week-end suite à un billet de Dorham qui m'a donné l'envie d'en faire un mon tour. J'y ai dit que mon
attachement à l'égalité des droits pour tous les couples mais aussi que je comprenais très bien la définition que certains se faisaient du mariage : l'union d'un homme et d'y une femme pour la
vie, pour élever des enfants, fonder une famille. J'y ai dit aussi que l'attachement de certains à vouloir conserver cela dans le Code Civil était grotesque tant qu'y restait la notion de
divorce. Dans la définition du mariage que je viens de faire sommairement, il y a pour la vie.
Nous allons donc faire passer une loi pour modifier le Code Civil, pour changer cette définition du mariage, permettant ainsi
l'égalité des citoyens.
Pour autant, ce n'est pas en modifiant le Code Civil qu'on va changer l'idée que se font certains du mariage : l'union d'un
homme et d'une femme pour la vie. Nous n'avons ni le droit ni le pouvoir de modifier la conception de certains du mariage.
Parmi les réactions, j’ai même vu pire. François Hollande légaliserait ainsi l’homophobie. Comme si on pouvait interdire aux
gens d’avoir des sentiments, aussi abjects qu’ils soient.
En faisant passer ce texte de loi, François Hollande va participer à la longue lutter contre l’homophobie en faisant en sorte
que la loi ne considère pas comme anormal l’union de deux personnes du même sexe.
Ne lui mettons pas des bâtons dans les roues.
Nous l’aurions sur la conscience.
Et ne minimisons pas la route qu’il reste à faire pour que, enfin, des premiers mariages entre homosexuels soient autorisés.
Nous aurons probablement de très grosses manifestations quand le texte arrivera au Parlement, en janvier. Nous entendrons des atrocités, les pires vannesteries jamais entendues. Et il nous faudra
lutter, tous ensemble.
Et les manuels d’histoire du futur mentionneront que la gauche a permis, en 2013, de supprimer les différences entre les
homos et les hétéros dans le Code Civil. En 1981, j’étais trop jeune pour faire campagne. En 2012, j’étais là.
Avec toute ma conscience.
Après, on s’attaquera à la TVA sur la bière. J’aimerais bien que les manuels d’histoire mentionnent que la gauche l’a fait
baisser. C’est mal barré.
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