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La semaine passée on vous parlait de l’Université Acadia qui est tombée en demie finale CIS contre Laval samedi. Aujourd’hui Belette continue l’histoire de l’Acadie en nous brossant le portrait de l’Université de Louisiana-Lafayette et ses fameux Raging Cajuns :
Stupéfaction sur les forums de fans en voyant le maillot des Ragin Cajuns de l’université Louisiana-Lafayette contre Western Kentucky, ce week-end : « Y a marqué quoi ? C’est quoi cette langue ? Ca doit être du français, je crois ! ! ! ». Eh oui ! On pouvait lire au dos des uniformes des slogans en français : Unité, force,… Bienvenue au pays des irréductibles Cajuns, dernier bastion francophone des USA qui lutte pour conserver sa culture face à l’envahisseur « Nanglais » ou « Cous rouges » comme on les appelle là-bas.
Les Cajuns
«Cajuns», c’est le nom de ces immigrants du Canada venus s’installer en Louisiane au 18ème siècle. C’est la traduction du mot «Cadiens» diminutif de «Acadiens», leur région d’origine qui était l’Acadie (aujourd’hui le Nouveau Brunswick et la Nouvelle-Ecosse). Une erreur d’orthographe puisque l’explorateur Florentin Verrazano avait donné le nom de «Arcadie» à cette région du Canada (en souvenir de cette région de Grèce Antique chantée par les poètes).
Cette vague d’immigration est connue dans l’histoire sous le nom de «Grand Dérangement». Un mot à la limite du négationnisme qui cache une réalité historique bien plus dramatique, sous fond de déportation et d’extermination. Celle-là est au crédit de nos amis anglais. Pour la faire courte, les Anglais décident de chasser les populations d’origine française de leurs possessions canadiennes pour installer leurs propres colons. Une épuration ethnique en bonne et due forme : On rassemble tout le monde dans les églises, on sépare les enfants des parents et on met tout cela de force dans des bateaux en prenant soins d’en laisser crever un maximum à bord (faim, maladie, mauvais traitements). Le peu qui arrive à bon port sera emprisonné en Angleterre ou envoyé dans les champs de coton, aux côtés des esclaves noirs. Ceux qui restent en Acadie finissent dans les mains des indiens à la solde du gouverneur anglais qui leur achète les scalps de chaque papiste français.
Eparpillés entre l’Angleterre, la France et le Québec, les Cajuns finiront par choisir de se regrouper en Louisiane qui est alors une terre française. Oui mais la place est déjà prise (voir chapitre suivant). Il ne leur reste plus qu’à s’implanter sur les seules terres encore disponibles en raison de leur insalubrité, au cœur des marécages et des bayous, ces cours d’eau aux eaux stagnantes, à l’Ouest de la Nouvelle Orléans. Durs à la tâche et d’une gaieté débordante, ils vont s’adapter à cet environnement pour faire naître la fameuse culture Cajun, immortalisée dans tous les USA par sa cuisine à base d’écrevisses, crabes farcis, plats mijotés et autres gumbo ou jambalaya. Une culture cajun dont les amoureux du foot us au cinéma peuvent en avoir en petit aperçu dans le film comique avec Adam Sandler : Waterboy.
En réalité quand les Cajuns sont arrivés, d’autres colons étaient déjà là avant eux. Des colons français descendants des trappeurs et des aristocrates venus faire fortune dans le coton et la canne à sucre, ceux que l’on nomme les « Créoles » (ne pas confondre le mot « Créole » contemporain qui désigne ceux qui parlent le créole). Ce sont l’équivalent à nos «Béké» en Martinique, une sorte d’aristocratie raciste qui va d’ailleurs être le fer de lance de l’esclavagisme et du soulèvement sudiste pendant la guerre de sécession. D’autres planteurs blancs qui fuient l'abolition de l'esclavage à Saint Dominique viendront les rejoindre.
Nos cajuns vont donc prendre la place du prolétariat blanc, même si certains feront fortune dans la culture des terres (notamment du riz), ceux que l'on nomme les «Cajuns des prairies». A la différence des aristocrates blancs, ils vont fortement se métisser avec les noirs et même les indiens des bayous : Les Houmas (rare tribu indienne qui parle français aux USA). Ce sont les Cajuns qui vont être les accélérateurs de l’esprit de métissage qui fait aujourd’hui le charme de la «Big Easy», rencontre entre la culture noire et l’esprit latin francophone.
Vous aurez remarqué que l’équipe de «cajuns enragés» arborait sur son uniforme, la célèbre fleur de lys que l’on retrouve aussi sur le logo de leur équipe. C’est le même que celui de l’équipe des Saints, en NFL. Inutile de vous rappeler que c'est une référence à la France puisque c’était le symbole de notre pays avec la Révolution. Pas étonnant de la retrouver aussi sur le drapeau de l’Acadiana (dont la ville de Lafayette est la capitale), cette région informelle de la Louisiane habitée par nos Cajuns ainsi que sur le drapeau de la Nouvelle-Orléans.
Moi, j’ai fait un rêve. Celui que nos dirigeants de la FFFA organisent un rapprochement avec cette université qui se bat pour faire vivre ces racines françaises et permettre à des joueurs français de pouvoir bénéficier d’un réseau pour aller apprendre le foot us.
Belette
En complément de l’article de l’article de Belette on rappellera que le pays Cajun a donné aux Saints deux de ces grands QBs en la personne de Bobby Hebert (passé lui par NorthWestern Louisiana mais dont le français « cajun » est la langue maternelle) et de Jake Delhomme (ancien Raging Cajun, de Breaux Bridge en plein cœur du pays cajun). On peut aussi citer un ancien Raging Cajun connu dans le football français: Coach Willie Robinson passé entre autres par les Templiers et l’an passé les Servals.