C’est ce que je me disais hier debout dans la rame de métro. Parce que je me suis aperçue que la fille assise devant moi avait les yeux rouges et la mine un peu déconfite.
Ça m’a fait tout drôle.
Je suis souvent émue de voir des personnes pleurer en public.
Pendant mon court trajet, je me suis déplacée et je suis donc arrivée à côté de cette fille. Une petite mamie était assise en face d’elle, cette petite dame a l’apparence fragile, toute petite sur son siège, un peu fébrile, la regardait attentivement. Elle lui a tendu un mouchoir en papier. La fille a bougé la tête négativement, elle a dit poliment, mais d’une voix cassée : non…merci. La petite dame a insisté, elle lui a tendu fermement, mais gentiment. La jeune fille l’a finalement pris ce petit morceau de papier. Elle a remercié la petite dame et elle lui a fait un sourire rapide, mais plein de gratitude et elle a rangé le mouchoir.
J’ai observé le reste du chemin leurs regards échangés. Cette vieille dame qui semblait inquiète de la voir triste et qui semblait lui dire : ça passera. Cette jeune femme, le regard fuyant, semblant gênée d’avoir pleuré comme ça à la vue de tous dans le métro. Comme à chaque fois que je vois une personne pleurer dans le métro, j’avais envie de lui dire de se laisser aller, qu’après tout elle ne nous reverrait plus et qu’au pire elle croiserait des regards indifférents et qu’au mieux, elle y verrait de la bienveillance. Je suis sortie à ma station et je me suis dit que c’était parfois plus simple de le dire aux autres qu’à soi-même.
Forcément, il m’est déjà arrivé et il m’arrivera encore de pleurer dans les transports en commun ou dans la rue. Dans ces cas là, je fais comme beaucoup de monde je dissimule mes larmes. Généralement, elles coulent un peu, je tente de les retenir à grands coups d’expirations et d’inspirations. Je lève les yeux en l’air et je souffle encore un peu bruyamment. Sinon, je me mord la lèvre inférieure jusqu’à ce que cela passe. Ça marche bien, mais l’envie de pleurer revient par vague et je dois tout recommencer. Quand je sens vraiment que je ne peux plus m’arrêter, je baisse la tête et je la relève par intermittence. Ce que je déteste dans ces cas là, c’est de croiser le regard des passants et de voir certains regards compatissants. Ça me touche, mais j’ai encore plus envie de me laisser aller à pleurer.
Sauf que je ne veux pas pleurer comme ça au vu de tous, je veux pouvoir laisser exploser mes larmes quand je serais bien au chaud chez moi et que j’aurais l’épaule compatissante de mon chéri et les câlins intéressés de mon chat.
Je vous décrie bien la manière dont je peux réagir dans ces cas là, parce qu’hier soir j’ai du faire face à une envie folle de lâcher les vannes en rentrant chez moi. Il aura suffit d’une journée ponctuée d’une nouvelle embêtante et d’évènements inattendus au boulot, d’une fatigue beaucoup trop accumulée et dont je n’ai pas suffisamment prêté attention, d’angoisses un peu trop ruminées pour que mon visage se décompose et que mes premières larmes apparaissent pendant que j’attendais le métro pour rentrer chez moi.
Je suis arrivée relativement vite à la maison, soulagée j’ai pu tout lâcher et j’ai donc trouvé cette épaule réconfortante et le chat. Après ça allait mieux, je voyais les choses plus clairement. J’ai enfin pris un peu de recul. Bref, je me sentais beaucoup mieux. Je repensais gênée et presque honteuse à ces moments où mes larmes ont commencé à couler au vu de tous alors que c’était pas faute de les retenir. Puis je me suis dit que c’était pas bien grave tout ça et que l’essentiel étant qu’elles avaient rempli leur pouvoir salvateur.
Et que passé ce petit moment, j’allais enfin pouvoir avancer à nouveau.