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Les cartes, enjeux politiques (E. Girard)

Publié le 22 novembre 2012 par Egea

Voici un excellent petit livre, qui ravira le géopolitologue amateur qui se pose, forcément un jour, la question de la "carte". Celle-ci n'est pas qu'une "représentation" géographique, elle n'est pas aussi objective qu'on le croit de prime abord, et chacun a déjà feuilleté tel ou tel atlas qui montre, justement, des présentations différentes qui cachent bien des idées politiques. Mais quand ces atlas sont "démonstratifs", ils oublient une considération générale sur la carte. Ce petit livre intelligent permet de répondre à l’essentiel des questions.

Les cartes, enjeux politiques (E. Girard)

1/ Eudes Girard est chargé de cours à l’université et enseignant au lycée Hoche de Versailles. Il témoigne donc d'un vrai souci pédagogique, marqué par une culture étendue (on devine qu'il a non seulement lu pendant ses études de géographie, mais aussi médité ses lectures), et désireux de faire comprendre.

2/ Un petit livre de 175 pages qui se lit en une semaine : l'idéal pour devenir intelligent en prenant les transports en commun ! Pas mal d'illustrations (curieusement, et c'est un petit reproche, il n'y a pas de liste des cartes, ni leurs références, ni leurs auteurs : quelle surprise pour un amoureux des cartes qui a su convaincre un éditeur d'insérer ces nécessaires illustrations et qui oublie ce minimum-là..).

3/ 9 brefs chapitres, denses mais lisibles, dans une langue simple pour évoquer des choses sinon compliquées, du moins requérant parfois de l’abstraction : la carte n'est-elle pas une abstraction de la réalité, et donc une déformation ? et penser la carte n’entraîne-t-il pas, en conséquence, une abstraction au carré ? Cet effort n'est jamais pesant, au contraire, et c'est le très grand mérite de ce livre : être intelligent et cultivé sans être pédant.

4/ J'ai l'habitude de lire sur papier pour la bonne et simple raison que je le fais un crayon à la main, pour souligner tel ou tel passage. Le signe du succès d'un livre ne réside pas dans son grabouillage (enfin si, c'est un premier signe) mais dans le nombre d'annotations en marge (illisibles par tout autre que moi, bien sûr : plus tard, je ne comprends d'ailleurs pas les subtilités de mes commentaires, quand il m'arrive de réussir à les déchiffrer : mais, n'est-ce pas, les manies, ça ne se discute pas). Ce petit détour pour vous dire que cet ouvrage m'a inspiré. Qui sait, peut-être recyclerai-je quelques idées dans un prochain billet ?

5/ Comme par exemple la dissertation sur les deux fonctions de la carte :

  • pour les Grecs, elle sert à représenter, ce qui témoigne d'une approche philosophique de la vie
  • pour les Romains, elle sert à circuler, ce qui témoigne d'une approche utilitaire de la vie.

Du coup, je me suis posé la question : l'empire, c'est la route ? Oui, bien sur, même si cette route n'est pas seulement terrestre : elle peut être navale (La Grande-Bretagne, ou les États-Unis) mais aussi ferrée (le transsibérien russe). Allons encore plus loin : chaque milieu a-t-il ses routes permettant de fabriquer un empire ? quel est l'empire des airs ? quel est l'empire spatial ? quel est l'empire cyber ?

En attendant, je vous le conseille vivement.

Les cartes, enjeux politiques (E. Girard), éditions Ellipses

O. Kempf


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