Pourquoi l’inconscience de la parole présidentielle ?

Que l’on ait voté ou pas pour le locataire du Palais de l’Elysée, le président de la République est et demeure le président de tous les français. Lorsqu’il s’exprime, c’est la voix de la France et du Peuple tout entier qui est engagée.

Je suis un républicain affiché et déterminé. A cet égard, j’ai le plus grand respect pour la fonction présidentielle et pour tout ce qu’elle incarne. Les 22 avril et 6 mai 2012, j’ai voté pour François Hollande. J’ai fait un choix qui m’a engagé. J’ai fait mon choix pour retrouver une France fidèle aux valeurs qui sont les siennes. Je ne regrette pas ce choix.

C’est avec la même droiture, la même rigueur et la même force de convictions, que je dénonce aujourd’hui les mots prononcés par le Chef de l’Etat devant le Congrès des Maires de France.

Monsieur le Président, en affirmant que «La loi s’applique pour tous dans le respect néanmoins de la liberté de conscience.», vous avez soulevé une question prioritaire de constitutionnalité en créant une nouvelle catégorie de sous-citoyens. Vous avez froissé la promesse de Liberté et d’Egalité pour tous.  Vous avez anéanti les efforts consentis par des millions de français, acharnés à soutenir l’idée qu’en matière d’égalité aucun compromis n’est possible. Vous avez donné du crédit, et c’est sans doute le plus grave, à celles et ceux qui comme Christian Vanneste en son temps, pensent ou disent que l’homosexualité est moralement inférieure à l’hétérosexualité.

Monsieur le Président, en brandissant cette « liberté de conscience », vous m’avez déçu. Profondément déçu. Vous m’avez choqué. Profondément choqué. Vous avez libéré les vieux démons. Vous avez livré la forme la plus aboutie d’inconscience que peut prendre parfois la parole présidentielle.

Certains ne s’offusquent pas des paroles prononcées par François Hollande. Beaucoup entendent s’endormir du sommeil du Juste en se rassurant du fait que la Loi pour le mariage et l’adoption pour tous passera et sera appliquée. Je les plains pour ne pas dire que je les méprise. Je ne pardonne pas la lâcheté. D’autant plus lorsqu’elle se cumule à la somme des petits intérêts particuliers. Cette Loi est voilée car elle sera entachée d’un fort soupçon d’insincérité.

Une présidence réussie ne se démarque pas dans sa globalité. Elle se fonde sur une ou deux réformes fortes, essentielles ou fondatrices. Giscard d’Estaing conserve à jamais la légalisation de l’avortement et la majorité à 18 ans, à Mitterrand l’abolition de la peine de mort ou la dépénalisation de l’homosexualité, à Chirac la professionnalisation des armées et son opposition à la guerre en Irak quand à Sarkozy, le temps du bilan n’est pas encore venu.

L’engagement N°31 des 60 propositions de la campagne de François Hollande promettait de devenir l’une des empreintes que ce quinquennat laisserait à la postérité d’une société française en perpétuel mouvement. Si la présidence de Nicolas Sarkozy n’a jamais pu effacer les traces du Fouquet’s ou du « casse toi pov’ con ». Je crains que celle de François Hollande ne soit déjà plombée de cette « liberté de conscience ».

Je ne me reconnais pas dans cette interprétation d’une Loi d’égalité républicaine qui laisse à chacun la liberté de l’appliquer selon ce que sa conscience lui dicte. L’objection de conscience n’est opposable qu’aux mauvaises Lois. Les Lois discriminantes qui privent ou stigmatisent certaines populations. Elle n’est en aucun cas recevable pour celle qui viendrait à accorder la Liberté et l’Egalité à tous les citoyens. C’est cette vision de là de la République et de la France que je défendrais avec vigueur le 16 décembre prochain.

Bien que dès mercredi soir, l'entourage de François Hollande ait indiqué que le président de la République se déjugeait en retirant ses propos, le mal est fait et la rancoeur tenace.

Du plus profond de mon âme, je souhaite exister au sein d'une seule communauté. La communauté nationale. Un français au milieu des autres, convaincu que la seule Loi naturelle qui s’impose à tous est celle qui dit que : « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits ».

A la manière de Gilles Lamer : « L'inconscience a parfois des audaces que la sagesse n'a pas le pouvoir de réprimer. »