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Décalée

Publié le 23 novembre 2012 par Gentlemanw

Je vous l’accorderai volontiers, ce matin, je me suis levée difficilement, comme un fantôme qui oublie son voile, j’ai oublié les muscles et mon squelette dans le lit.

Sous la douche chaude, j’ai retrouvé mes formes, mes hanches que n’aime que sous ses mains, douces et rondes, envahissantes quand j’essaye de la mode, cette robe, cette jupe. J’étais dans la brume, j’ai épousseté la buée du miroir, je me suis maquillée de peu, un lait de jour, un trait pour les sourcils, deux coups pour les cils, moi endormie. J’ai mangé avec la radio, je ne me souviens de rien, d’aucun bruit, d'aucun fait, d'aucune pub, d'aucun son.

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Je suis arrivée par hasard sur ce quai de gare, encore dans mes draps, encore chiffonnée, pas détendue, pas décontractée, pas présente. J’ai marché, sauté sur les marches dans la foule. Là debout, je ne vais pas me rendormir, les avantages certains du train moderne, vous payez votre abonnement mais vous voyagez debout durant 30 mn presque chaque jour. Audit et SNCF doivent être des mots incompatibles pour prendre soin des clients. Vague pensée, je me tiens à la barre de métal froide, des mains au-dessus, au-dessous.

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Je me lève, je me réveille peut-être car autour de moi je découvre la consternation, la folie du marketing jubilatoire de la téléphonie mobile. 99% des personnes ici et là ont des écouteurs, fin ou des véritables casques sur les oreilles. Des actualités, de la radio, non, j’entends toutes les musiques, quand je ne vois pas ces jeunes cadres avec leurs petits écrans en train de jouer à casse-brique ou autre variations guerrières en éructant de temps à autre, des mots de jouissances après la mort sanguinolente d’un ennemi virtuel. Je suis, je tourne mon regard à 360°, je les vois tous, certes parfois avec un journal, d’autres en plein sommeil du matin, dodelinant au gré des courbes et des aiguillages. Tous sont des zombies avec des fils, leurs neurones se chargent, se déchargent de sons, de bruits et de commentaires. Deux regardent un films ou un clip vidéos, chantent en chœur. Des addicts avec leurs tablettes, leurs smartphones, et surtout cette envie frénétique de communiquer, des milliards de millards de doigts en action. Une possible mutation de nos doigts dans les prochaines années, la génétique n'expliquera pas l'histoire de la technologies, elle la subira.

 

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Suis-je encore dans un de mes rêves, sous ma couette, dans un blade-runner du XXX siècle ?

Je n’ai qu’un téléphone, certes avec internet, mon planning de travail et personnel, mes contacts, mais dès l’aube je ne téléphone pas durant des heures, à une copine, et là devant moi, autour de moi, ils se parlent, de quoi ? de rien, répète souvent, et reparle de leurs vies fades, des séries télévisées et commentent encore les exploits d’untel ou d’un autre. Cela communique, cela passe de fil en micro, de sourdes oreilles en discussion partagée par le carré de voyageurs, conscients ou inconscients, parfois on se demande si l’on ne va pas répondre à la place de l’autre, rentrer dans la conversation.

Je suis décalée.

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Mais où est le calme ? ici, il y a des bruits sourds de musique, de tous styles, surprenants parfois entre la mode de la personne et les éructations qui désensibilisent définitivement leur ouïe. Puis du classique, une jeune femme pourtant avec un baggy, mais si cool intérieurement, ne jugeons pas, juste écoutons ! Je suis dans un cliquetis de rails, de train en mouvement et de conversations, de bribes de tout, de rien.

Je me lève enfin, je suis dans le monde actif, je vais travailler, dans mon atelier parisien. Je suis fleuriste, un univers de parfums, silencieux, si différent, si agréable.

Nylonement


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