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« Les Français et les sympathisants UMP sont atterrés par la situation actuelle du parti mais font montre d’un souhait d’unité et de pacification »

Publié le 23 novembre 2012 par Délis

Délits d’Opinion : D’après vos données, comment les Français réagissent-ils à la situation actuelle à l’UMP ?

Jean-Daniel Lévy : Une chose est sûre, avec véhémence. Ainsi on repère bien, à travers une question totalement ouverte, que des termes tels que « ridicule », « lamentable », « honte », « pitoyable », « désolant » émaillent les réponses des Français lorsqu’ils sont amenés à donner leurs réactions concernant la situation actuelle de l’UMP. En France l’on considère la politique avec un certain sérieux. Aussi, le terme « rire » n’est-il mobilisé que par un peu moins de 3% des Français. Les sympathisants de l’UMP adoptent sensiblement le même regard. Ils ajoutent, à ce constat, une forme de déception. Ce qu’illustre cette réaction « C’est bien dommage que deux personnes comme cela s’écharpent alors que l’UMP devrait montrer un front uni pour pouvoir regagner le pouvoir en 2017. »

 

« Les Français et les sympathisants UMP sont atterrés par la situation actuelle du parti mais font montre d’un souhait d’unité et de pacification »

Délits d’Opinion :  L’étude que vous venez de réaliser montre que les sympathisants UMP mais aussi les Français adhèrent très largement à l’idée d’une médiation par Alain Juppé. Quelles sont selon vous les principales raisons de cette adhésion : volonté d’en finir avec le  psychodrame que connaît l’UMP ? Véritable reconnaissance du rôle que pourrait jouer Alain Juppé ? Meilleure solution perçue pour les deux camps ?

Jean-Daniel Lévy : En effet, 76% des Français et 84% des sympathisants de l’UMP verraient positivement une présidence intérimaire de l’UMP occupée par Alain Juppé. L’étude, réalisée par Harris Interactive dans un contexte mouvant, donne à voir une volonté d’unité et de pacification.

Les sympathisants de l’UMP (et pas nécessairement les militants) préféraient certes que François Fillon soit élu Président de l’UMP mais sans pour autant qu’il puisse être considéré comme « leur » unique candidat. Nous avons pu voir que si, auprès des sympathisants de l’UMP, les traits d’image de François Fillon sont très bons, ceux de Jean-François Copé ne pouvaient – dans l’absolu – être considérés comme mauvais. Mis à part sur la présidentiabilité de l’ancien secrétaire général du Mouvement nous pouvons remarquer que Jean-François Copé n’était pas véritablement clivant auprès du « peuple des sympathisants »[1]. Tout donne à voir que les sympathisants de l’UMP sont favorables à un maintient de l’unité du Parti (nous avions pu relever les mêmes tendances du côté des sympathisants socialistes à l’issue du congrès de Reims de 2008).

« Les Français et les sympathisants UMP sont atterrés par la situation actuelle du parti mais font montre d’un souhait d’unité et de pacification »

L’idée de la médiation par Alain Juppé s’inscrit également dans un contexte de croissance de confiance et de popularité de ce responsable politique. Nous ne sommes plus dans ce contexte d’opinion de la fin des années quatre-vingt dix. Tendanciellement, depuis 2008, Alain Juppé renoue une relation avec les Français lui permettant d’apparaitre aujourd’hui comme un recours désintéressé dans cette situation.

Délits d’Opinion : 4 Français sur 10 estiment que François Fillon doit quitter l’UMP si Jean-François Copé reste à la Présidence du parti. En revanche les sympathisants UMP s’y refusent et déclarent souhaiter que François Fillon occupe des responsabilités importantes au sein de la formation politique. Cela veut-il dire que les sympathisants UMP croient encore au retour à l’unité du parti ? 

Jean-Daniel Lévy : Ici encore, on peut penser que les sympathisants de l’UMP souhaitent conserver l’unité du mouvement. Il est frappant de voir que, depuis l’élection de François Hollande, les personnes se situant à Droite sur l’échiquier politique s’inscrivent en « contre ». Si Nicolas Sarkzoy avait su – un temps – susciter l’adhésion ou le regard attentif et non critique d’une partie de la Gauche, les sympathisants de l’UMP n’ont jamais vraiment accordé leur confiance à l’actuel Président. Ils attendent une opposition nette – presque une revanche – et la formation UMP apparait être le réceptacle et l’acteur potentiel de cette opposition nette à l’exécutif.

D’une manière générale on observe, dans la société française, une vraie volonté de débat, d’échanges, de confrontation et un vrai rejet de ce qui peut apparaitre comme relevant des seules oppositions de personnes. Ici le débat de fond est probablement masqué par les confrontations personnelles.

Délits d’Opinion : L’UDI et le FN se sont targués d’une vague d’adhésion dans leur parti. Avez-vous observé dans cette enquête une baisse sensible du nombre de sympathisants UMP déclarés ? Et si oui, au profit de quelle(s)  formation(s) politique(s) ?

Jean-Daniel Lévy : Il existe une forte différence entre opinions et comportements. On relève souvent des écarts entre la préférence et les pratiques. Si les deux formations politiques constatent une hausse manifeste de leurs adhésions, les évolutions de l’opinion ne se font pas ressentir. Lorsque nous comparons la structure partisane des Français, nous n’observons aucun mouvement. A l’issue de chacun de nos questionnaires, nous posons une question simple de proximité politique. Les réponses des Français n’ont pas – en ce milieu de semaine – évolué lorsqu’on les compare à celles des enquêtes précédentes. De même, nous n’observons pas d’accroissement du rejet de toute affinité partisane. Ainsi le nombre de personnes ne répondant pas à notre question ou indiquant ne pas être capable de se positionner n’a pas évolué. Cette mesure à chaud, s’inscrit en contre-point de ce que l’on peut entendre ou de ce que l’on pourrait intuitivement penser ; les deux formations politiques les plus identifiées (UDI et FN) ne bénéficient pas des affrontements publics entre les prétendants et leurs représentants à l’UMP.

Il est arrivé, par le passé, que des formations politiques subissent une défaillance de proximité politique quasi-immédiate. Ainsi, par exemple, à l’issue du débat entre François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit – en  mai 2009 – le nombre de Français se déclarant proche du Modem avait quasiment été, dans la semaine suivant l’altercation, divisé par deux. L’affrontement sur les mœurs du leader d’Europe-Ecologie Les Verts avait créée une forte désaffection immédiatement repérable dans l’opinion.


[1] Sondage Harris Interactive pour LCP. « Le duel entre Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence de l’UMP » Enquête réalisée en ligne du 10 au 15 octobre 2012.  Echantillon de 1803 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. http://www.harrisinteractive.fr/news/2012/22102012.asp


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