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L'UMP est Copé en 2

Publié le 23 novembre 2012 par Pierrehk

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Que sera l'UMP dans une semaine, bien malin qui pourrait le dire, tant l'égo et le jusqu'au-boutisme des deux protagonistes et de leur entourage respectif semblent les pousser au suicide collectif, plutôt qu'à trouver une solution raisonnable.

Alors qu'hier la médiation d'Alain Juppé, acceptée par les deux camps, semblait pouvoir offrir une sortie de crise, le refus de la Commission de Recours de s'effacer devant le fondateur de l'UMP pourrait bien le convaincre de rester à Bordeaux et de laisser Mrss Copé et Fillon enterrer le parti qu'il a créé.

Revenons sur la séquence pour essayer de dénouer l'imbroglio qui se déroule sous les yeux effarés et atterrés des sympathisants de droite et sous l'oeil amusé et moqueur de tous les autres.

Dimanche soir, les résultats, entachés de fraude réciproque, sont tres serrés. Jean-François Copé, fidèle à son habitude se souvient des conseils jadis prodigués par Nicolas Sarkozy "en politique il faut prendre et ne pas attendre d'être servi". A 23:30, il fait un "putsch" médiatique en proclamant sa victoire, sans attendre les résultats officiels de la COCOE, estimant que le tiède François Fillon n'osera pas contester cette victoire et qu'il bastera, en maugréant, face à ce coup d'éclat de son adversaire.

Première erreur: Jean-François Copé a sous estimé son adversaire qui non seulement ne reconnait pas sa défaite, mais au contraire laisse entendre que c'est lui qui a gagné, et qu'il se réserve le droit de contester les résultats.

Sur ce, la COCOE publie ses résultats qui donnent Jean-François Copé vainqueur par 98 voix d'avance (et non par plus de 1000 voix comme l'avait laissé entendre Mr Copé).

Le lendemain, non sans amertume et tout en annoncant une fracture politique et morale au sein du Parti, Mr Fillon prend alors acte de sa défaite.

Mercredi après midi, coup de théatre! le clan Fillon s'aperçoit lors du comptage des voix des motions que le résultat publié par la COCOE a oublié de prendre en compte les résultats de 3 fédérations d'outre mer; or en intégrant ces résultats, ce n'est plus Copé qui gagne, mais François Fillon, par 26 voix d'écart.

L'ancien Premier Ministre, furieux de s'être fait rouler dans la farine et ne décolérant pas face à de telles méthodes, monte au créneau et vient dire au Journal de 20:00 de TF1 qu'il demande la réintégration de ces voix, et que bien que vainqueur, il renonce à la victoire au profit du "Sage" Alain Juppé qui l'espère t-il saura renouer l'unité du parti qui est férocement coupé en deux. S'il n'est pas entendu, il menace alors de porter l'affaire devant la justice. Il fait là à mon sens une erreur, en proposant de s'effacer: celle de l'homme intègre qui accepte de se sacrifier pour le bien du parti. Si le geste est louable, cela indique qu'il n'est pas prêt à tuer l'adversaire; Funeste erreur en politique! Ce qui conforte le camp opposé dans son jugement que l'ex Premier Ministre n'est qu'un mou.

Surpris cependant par ce sursaut imprévu de l'adversaire qu'il croyait avoir terrassé, Copé hésite, et finalement louvoie en acceptant au dernier moment la médiation de Juppé avant le deadline fixé par le maire de Bordeaux  jeudi soir à 20:00.

Mais cela n'est qu'une ruse puisque dès le lendemain, vendredi 23, il fait donner ses lieutenants pour indiquer qu'il n'est pas question que la commission Juppé se substitue à la Commission des Recours qu'il a lui même convoquée, et que la dite commission Juppé n'est là que pour superviser les travaux de la Commission des Recours. Autant dire que cette interprétation est loin de satisfaire le clan Fillon, ni Alain Juppé d'ailleurs.

A l'heure où je publie ce billet, nous en sommes là, en attentre d'un nouveau rebondissement, et de la réunion tri-partite de dimanche soir où je crains bien que Mr Juppé ne puisse que constater que les deux rivaux ne lacheront rien, ni l'un ni l'autre. L'un parce que c'est dans sa nature de chef de guerre de ne rien lacher, et l'autre parce qu'il a été humilié de la façon dont les troupes de Mr Copé ont cru pouvoir le gruger. Désormais, il fera tout pour saborder cet imposteur, dut-il en payer les conséquences dans sa carrière politique. Il fonctionne désormais au niveau de l'émotionnel et de l'instinct, comme peut le faire  un grand fauve blessé.

Ce à quoi nous assistons est une guerre politique du plus bel effet, pas forcément plus féroce que celle qui opposa Chirac à Chaban-Delmas ou Chirac à Balladur; mais la différence est que l'omniprésence des médias lui confère une importance et une mise en scène toute nouvelle; et d'ailleurs chaque camp utilise et instrumentalise ces medias afin de gagner la bataille des coeurs et de déconsidérer l'adversaire. La bataille des médias est fondamentale pour chaque camp et il est important d'en jouer au mieux.

Ce qui est en jeu dans ce combat, c'est la carrière politique des 2 cadors, mais aussi celle de leurs lieutenants qui savent bien qu'en cas d'échec de leur leader, c'est leur carrière à eux qui est en jeu. Ce qui explique le rôle d'attente des non alignés (NKM ou Bruno Le Maire ) qui attendent de voir qui va gagner, avant de rallier le camp vainqueur, en attendant de se lancer eux mêmes lors des futures primaires pour tenter de rafler la mise comme fans une partie de poker.

Ce qui est clair dans cette guerre, c'est l'obstination montrée par Jean-François Copé, qui ne se laissera pas déposséder de son jouet. Si François Fillon peut l'affaiblir, ce sera au prix d'un suicide politique car il aura bien du mal à faire admettre la justesse de sa position qui entraine son parti vers le gouffre. Lui qui était l'homme politique de droite le plus populaire risque bien de dégringoler dans les sondages, alors que la base solide de Jean-François Copé, constituée pour une grande part de militants, devrait lui rester fidèle. C'est donc François Fillon qui a le plus à perdre, d'autant plus qu'il a 10 ans de plus que son advrsaire.

Pour les électeurs, c'est un psychodrame navrant, mais pour les amoureux de la politique c'est un thriller passionnant où chaque pilote se fait des queues de poisson pour franchir la ligne d'arrivée le premier, comme cela pourrait être le cas entre Alonso et Vettel lors du dernier Grand Prix de la saison.

Un autre élément rajoute du suspense à cette confrontation: la date limite du 30 novembre, dâte limite à laquelle les parlementaires doivent décider à quel parti s'affilier, avec la manne financière qui va avec. Or l'argent, on le sait bien, c'est le nerf de la guerre..... Certains supporters de l'ancien Premier Ministre, après avoir claironné "Courage Fillon",  pourraient bien être tentés, comme Lionel Tardy, de dire cette fois "Courage Fuyons".

Ce qui esr sûr, c'est que la Droite s'en remettra, comme elle s'est remise de ses crises précédentes. Dans combien de temps, cela est une autre affaire! Les plus jeunes y gagneront, puisque le temps joue en leur faveur. Mais pour les Municipales de 2014, la victoire promise à l'UMP risque bien de lui filer sous le nez.

Tout ça pour ça!..... Une nouvelle page s'écrit à l'UMP. Et quand on voit la détermination de Jean-François Copé à ne pas céder un pouce de terrain, on ne peut que se gausser de la naiveté de ceux qui pensent qu'il aurait le bon gout de s'effacer derrière Nicolas Sarkozy si celui ci décidait de revenir. Une fois le parti à lui, personne ne le lui reprendra!... Nicolas Sarkozy ferait bien d'y réfléchir à deux fois à laisser le parti au maire de Meaux, et comme le dit le dicton populaire, entre deux maux, choisir le moindre.....

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