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Copé-Fillon : une rivalité qui vient de loin

Publié le 23 novembre 2012 par Aurelinfo

sans-titre-copie-82.JPGLa dureté du combat entre Jean-François Copé et François Fillon pour le contrôle de l'UMP prend sa source dans une opposition à la fois personnelle et stratégique entre deux hommes au style différent, issu du même moule RPR, mais dont les rapports se sont dégradés sous l'ère Sarkozy. Finis les duels à fleurets mouchetés, les coups de griffes par entourage interposé, le duel Copé-Fillon, attisé par une même ambition présidentielle, a atteint aujourd'hui son paroxysme dans la bataille pour la conquête de l'UMP.
 
Les deux hommes issus de l'ex-RPR se connaissent bien pour avoir notamment siégé ensemble dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin (2002-2005) aux côtés de Nicolas Sarkozy. En 2007, ils se retrouvent autour du nouveau président de la République, Fillon à Matignon et Copé à la tête du groupe UMP de l'Assemblée. Fillon aurait bien voulu que son rival entre au gouvernement, pour l'avoir sous la main, le neutraliser, mais Nicolas Sarkozy s'y est opposé. C'est donc à la tête du groupe UMP que le député-maire de Meaux va s'imposer comme un acteur de premier plan devant 317 députés plutôt séduits par son énergie.
Provocateur
"Copé est un peu devenu un vice-Premier ministre", constatait alors la porte-parole de l'UMP Chantal Brunel, au grand dam de François Fillon qui espérait son aide pour asseoir son autorité face à Nicolas Sarkozy.
Face à l'hyperprésidence de Nicolas Sarkozy, Copé oppose l'"hyperparlement", imposant au Premier ministre, qualifié de "collaborateur" par Nicolas Sarkozy "une coproduction" législative. Les deux hommes s'expliquent et conviennent que les députés ne doivent pas prendre le gouvernement de court, mais la législature ne sera pas pour autant un long fleuve tranquille.
Ainsi, en février 2011, François Fillon ferme la porte à l'idée d'une hausse de la TVA lancée par Copé. En revanche, le Premier ministre doit céder sur l'interdiction du port du voile intégral, un texte porté par son rival. "Moi, la fonction, c'est d'animer la majorité", explique Copé provocateur, alors que ce rôle est généralement dévolu au Premier ministre. Le député de Meaux, qui reproche à Fillon de ne pas l'avoir soutenu quand que la presse le mettait en cause pour ses relations avec Ziad Takieddine, mis en examen dans l'affaire Karachi, sait avoir la dent dure : "Premier ministre, ce n'est plus ce que c'était [...], si Sarkozy dit que la table est verte, alors Fillon dira que la table est verte."
Différences
La phase 2 du quinquennat a encore exacerbé la rivalité des deux hommes avec Fillon reconduit à Matignon et Copé nommé au secrétariat général de l'UMP. Elle explosera après la défaite de Nicolas Sarkozy qui libère leurs ambitions dans la perspective de 2017. Phase-clef de cette conquête, la campagne pour la présidence du parti a mis au jour une différence de style, de stratégie et, pour certains, de vision politique entre les deux hommes.
Les attaques se sont encore durcies, Fillon accusant son rival d'avoir orchestré "l'hostilité" de l'appareil UMP à son égard et d'emprunter "tous les virages à droite". Copé raille l'opposition "en pantoufles" de Fillon et son côté "Hollande de droite". Si chacun des duellistes revendique une ligne politique "différente", ils sont à l'unisson en économie (fin des 35 heures...) sur les questions de société (non au mariage gay, au droit de vote des étrangers) et désormais sur le "ni FN-ni gauche".
M. Fillon se pose en "homme d'État" quand Copé enchaîne les formules-chocs d'une "droite décomplexée" ("racisme anti-Blanc", appel à manifester) dans une campagne tonitruante. Une simple différence stratégique pour certains, une grave fracture politique pour d'autres qui opposent désormais le représentant d'une droite modérée à celui d'une droite dure, prête à chasser sans complexe sur les terres du Front national.

Source : Le Point


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