Il y a un peu plus d’un an, à l’occasion d’un voyage, j’ai eu la chance de visiter une belle collection privée d’art moderne. Il s’agissait, comme c’est le plus souvent le cas, de tableaux qui n’avaient jamais été montrés au public. Un grand pastel de Degas (une sortie de bain), un petit Chagall très poétique et un petit Braque (une nature morte), deux Pissarro, un Signac, quelques Kandinsky, Brauner et Bellmer, trois Soulages (le peintre vivant que je préfère), de l’art brut et bien d’autres œuvres.
Il y avait surtout, dans une bibliothèque, une série de dessins
Etonnante réunion, constituée surtout de frottis, une poésie à regarder et non à lire, qui rappelle tout à la fois la calligraphie chinoise, une chorégraphie et un bestiaire embrumé. On comprend mieux, devant ces dessins, la fascination réciproque de Michaux et de Zao Wou-Ki.
D’abord il l’épie à travers les branches.
De loin, il la humine, en saligorons, en nalais.
Elle : une blonde rêveuse un peu vatte.
Ça le soursouille, ça le salave,
Ça le prend partout, en bas, en haute, en han, en hahan.
Il pâtemine. Il n’en peut plus.
Donc, il s’approche en subcul,
L’arrape et, par violence et par terreur la renverse
sur les feuilles sales et froides de la forêt silencieuse.
Il la déjupe ; puis à l’aise il la troulache,
la ziliche, la bourbouse et l’arronvesse,
(lui gridote sa trilite, la dilèche).
Ivre d’immonde, fou de son corps doux,
il l’envanule et la majalecte.
Ahanant éperdu à gouille et à gnouille
- gonilles et vogonilles -
il ranoule et l’embonchonne,
l’assalive, la bouzète, l’embrumanne et la goliphatte.
Enfin ! triomphant, il l’engangre !
Immense cuve d’un instant !
Forêt, femme, ciel animal des grands fonds !
Il bourbiote béatement.
Elle se redresse hagarde. Sale rêve et pis qu’un rêve !
« Mais plus de peur, voyons, il est parti maintenant le vagabond…
et léger comme une plume, Madame. »