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Dissocions le mariage civil du mariage religieux : désobéissance civile et entrée dans les catacombes ?

Publié le 24 novembre 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

Dans leur fameuse théorie de la négociation commerciale du « Getting To Yes », Roger Ficher et William Ury rappellent l’importance du « BATNA« . Derrière cet acronyme barbare (Best Alternative To a Negociated Agreement) se cache l’analyse des options de sortie dans une négociation : quelle est la situation d’équilibre au-delà de laquelle les parties sombrent dans l’inacceptable.

Dissocions le mariage civil du mariage religieux : désobéissance civile et entrée dans les catacombes ?

Rome : Catacombes Saint-Calixte. IIIe

Dans les discussions autour du mariage, depuis la dernière volte-face de Mr Hollande autour de la précieuse conscience des édiles, il devient clair que la loi passera en force. L’incohérence de notre président de la République face à la bronca des lobbies ultra-minoritaires LGBT, les menaces à peine voilées de ses propres ministres (Mme Taubira en tête), et la situation dictatoriale du Parti Socialiste quant à la liberté de vote de ses députés doivent en effet faire parties des contraintes de terrain, points acquis et stables autour desquels doit se construire notre stratégie.

Ce passage en force à venir ne doit ni nous décourager ni relâcher notre engagement dans la prière et l’action, bien au contraire ! Car d’une part nous croyons en Dieu Tout Puissant, qui se laisse attendrir par l’insistance de la veuve (Luc 18) (1). D’autre part, la « négociation » tourne au rapport de force, d’un gouvernement désavoué chaque jour un peu plus, par les cotes de confiance, les agences de notation et le cafouillage. Cette chute accule les mêmes incompétents aux actions d’éclat, sans que l’opposition, dans l’état où elle se trouve, ne puisse peser (2).

Dans cette hypothèse, l’alternative doit être considérée, analysée, préparée. Or l’inacceptable pour les chrétiens, me paraît être la reconnaissance de la complémentarité de la nature du mariage civil et religieux. Autrement dit l’acceptation de l’Eglise de la célébration préalable d’un mariage civil avant le religieux.

Mgr Cattenoz l’a envisagé clairement, cette hypothèse de séparation semble la seule possible. Elle serait de plus cohérente avec l’origine du mariage civil, né de la Révolution et d’un anti-cléricalisme mortifère. Dans le même esprit, le baptême républicain, certes civilement différent, a bien été à la fois conservé dans sa parodie de baptême chrétien et séparé de celui de l’Eglise. De plus, la légalisation du divorce (1ère loi de 1792), vient en contradiction avec le sens du mariage chrétien. Il est donc temps d’acter la dissociation entre la vie civile, artificielle et basée sur un consensus mouvant, et celle des règles de la vie réelle, spirituelle, du christianisme.

Or, les propos de Mgr Cattenoz restent trop peu relayés, et sembleraient surtout en contradiction avec des déclarations de Mgr Vingt-Trois cet été sur le sujet ( » nous respecterons la loi »). Même si celui-ci n’hésitait pas à claironner une possible entrée en catacombes, ne pas envisager concrètement cette hypothèse, hic et nunc, revient à affadir le sel, étouffer la voix dans le désert, mettre la lumière sous le boisseau. Et si cela rassure aujourd’hui les gestionnaires des murs des églises paroissiales, cela ne peut qu’induire une chute de la mission réelle, celle de pêche aux âmes, qui attendent une parole forte, un Dieu vivant et vrai.

Dans cette dernière perspective de refus des catacombes, nous exposons une faiblesse coupable, tant sur le plan relationnel tactique que sur le plan moral. Le message de l’Eglise ne peut plus en effet continuer à être assujetti à une loi dont il doit être dit qu’elle est « structure de péché« . Accepter cette situation reviendrait valider le mensonge et le scandale, tel les complices dont dont il est dit qu’il vaudrait mieux qu’ils aillent se noyer une pierre au cou…

Prions donc, battons-nous, et n’hésitons pas à entrons donc joyeusement dans l’arène !

(1) : Sur ce point, j’avoue rester sur ma faim quant aux appels à la prière -sauf ici ou là- comme si le catholicisme n’était devenu qu’une communauté de pensée et non le peuple d’un Dieu Trinité vivant…

(2) : et la situation catastrophique de l’UMP va profondément peser sur le succès

Plus sur le Getting To Yes :
- Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Getting_to_YES,
- Vidéo : http://www.ted.com/talks/william_ury.html
- Résumé : http://www.crinfo.org/documents/other/summary_getting-to-yes_french.pdf


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