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Etat fort, économie saine, une solution "école autrichienne"

Publié le 28 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Le modèle développé par l'école autrichienne, le fait que l’objet de l’économie soit l’action humaine, libre et intentionnelle, mériterait que les experts s’y penchent.

Par Pascal Dray.

Etat fort, économie saine, une solution
D’excellents articles dans la revue Banque de juin 2012 donnent le ton : "Face aux marchés les États sont-ils encore souverains ?". Trop longtemps les gouvernants ont pensé qu’un État occidental ne pouvait faire faillite or l’histoire a montré le contraire. Nous devrions en tenir compte pour réellement assainir nos modes de pensée vis-à-vis de l’économie et de l’enchaînement des crises.

Une solution : le modèle de l'École autrichienne

Le modèle développé par l’École de pensée autrichienne mériterait que les experts s’y penchent et que l’on revienne aux fondamentaux de l’économie. Nous entendons par « fondamentaux » le fait que l’objet de l’économie soit l’action humaine, libre et intentionnelle. Les vrais économistes ne portent pas de jugements moraux, ils constatent que certains individus ont des besoins et que d’autres tentent d’y répondre en allouant les ressources à leur disposition, de la manière la plus efficace à savoir celle qui ne gaspille pas les ressources rares.

Dans ce contexte, rappelons qu’une économie moderne n’est qu’un ensemble d’individus ou de groupes d’individus guidés par des désirs, des besoins, des impulsions qui constitue autant de projets, de plans que chacun cherche à réaliser en puisant dans le pool commun, mais limité, des ressources rares de la collectivité. Le contenu de ces projets, de ces plans, qu’il s’agisse de projets de production d’une entreprise ou de consommation d’un individu, dépend avant tout des informations dont chacun dispose sur son environnement. Il dépend par exemple de la structure relative des prix de diverses ressources nécessaires à la réalisation de ces projets, mais ce type d’information est par définition fondamentalement subjectif.

En effet dans une société complexe comme la nôtre personne n’est en mesure d’appréhender l’ensemble des connaissances qui constitue l’univers socio-économique dans lequel il se situe ; lorsqu’un individu prend une décision ou programme un certain type d’action, il agit en fonction d’un ensemble de connaissances largement personnelles, car déterminées en grande partie par des facteurs tels que :

- L’interprétation qu’il donne aux faits qui l’entourent.

- L’expérience qu’il a acquise de la fiabilité des informations que lui communique son environnement.

- La nature de son tempérament pessimiste ou optimiste, prudent ou risqué.

Moyennant quoi nous oublions systématiquement que ces connaissances constituent, en dernier ressort, le moteur de la vie sociale et économique, car elles déterminent les comportements des agents économiques.

Dans ce contexte, le marché n’est pas seulement un lieu anonyme et intertemporel où s’échangent des biens et des services, mais c’est aussi un circuit et un processus au cours desquels se créent, se diffusent, s’ajustent des informations, des expériences éparses et partielles. Le marché amène les agents, progressivement par des mécanismes de rétroaction et d’apprentissage, à modifier leurs projets, leurs plans afin de les rendre compatibles entre eux.

Un nouveau rôle pour l’État

Replaçons le rôle de l’État dans le cadre de l’École autrichienne : l’État s’y borne à garantir l’appropriation, l’usage et la transmission des ressources rares. L’État ne doit en aucun cas interférer avec le marché sinon il contribue à son « dérèglement ».

Ce cadre, que nous venons de présenter rapidement, est radicalement différent du schéma habituel keynésien. Le schéma keynésien, en effet, ne tient pas compte de la nature humaine de l’économie et la réduit à des agrégats sans âme. Il ne tient pas compte non plus de deux aspects de l’économie : l’offre et la demande. Si la demande est stimulée (politique de relance) avec une offre raréfiée (fiscalité et réglementation), le marché ne peut jamais s’ajuster aux besoins réels des consommateurs et de l’ensemble des acteurs de l’économie. S’ensuit une succession de crises.

Aujourd’hui les politiques de relances préconisées par les gouvernants du monde entier vont contribuer à amplifier la méfiance avec une augmentation de la fiscalité et des règlementations et, par voie de conséquence, la crise. L’issue de la crise actuelle et la fin des crises en général, passent par un assainissement radical des finances publiques du monde entier. L’État doit s’en tenir à son rôle d’arbitre garantissant la non-violabilité des contrats et la fluidité des échanges, source d’épanouissement pour les individus.

La solution : une économie saine et un État sain

Les politiques actuelles de relance et/ou d’inflation ne sont pas une solution, mais un ensemble de problèmes en perspectives. En effet, les politiques de « Quantitative Easing », nouveau nom donné aux politiques d’inflation keynésienne, vont créer, en apportant des signaux faussés aux acteurs du marché et en faisant croire par exemple à une épargne abondante, les conditions d’une nouvelle bulle. Elle se traduira par de lourdes pertes et des gaspillages de ressources pourtant rares et parfois très limitées.

Il nous faut donc revenir au principe élémentaire d’équilibre budgétaire sans recours à l’inflation et sans recours à l’endettement qui n’est qu’un impôt différé dans le cadre particulier de l’État. Ce retour à l’équilibre sain des finances publiques constitue la première étape vers un retour à la croissance.

Les ressources économisées dans ce processus d’assainissement salutaire permettront alors de rétablir le fameux ratio, pierre angulaire de la croissance : Consommation présente/Consommation future. Ce ratio permettra de réallouer les ressources vers les besoins les plus urgents. Progressivement les agents économiques reprendront les bonnes habitudes d’équilibre financier sain, en tenant compte de l’arbitrage présent/futur. L’endettement reposera alors sur une épargne préalable allouée vers les projets les plus sûrs et les plus utiles.

Les nouvelles politiques publiques : une redéfinition des rôles

Il faudra déployer, pour réaliser cet objectif d’assainissement des finances publiques, un plan par étapes nécessitant un audit indépendant des dépenses et des prestations aujourd’hui sous contrôle de l’État. Il faudra arbitrer pour l’ensemble de ces postes comment « privatiser » définitivement ces activités. La société civile pour ces postes prendra le relais de l’État.

Une fois l’audit réalisé, l’État par un effort pédagogique en interne, mais aussi vis-à-vis du public mettra en place son plan d’économies et son plan de réallocation d’activités vers la société civile.

Des arbitrages seront réalisés en amont avec l’ensemble de ce que l’on nomme pudiquement les partenaires sociaux. Les principes de la micropolitique s’appliqueront alors pour déterminer les rôles et les actions de chacun des acteurs.
Sur l’ensemble des grands sujets (Éducation, Transport, Logement, Santé, Sécurité, Économie), l’État par décret posera les limites entre la société civile et la loi. Certains diront que les États ne respectent jamais les lois qu’ils imposent à leurs citoyens, mais ici ce sera différent dans la mesure où dès le départ les rôles et actions de chacun seront parfaitement identifiés dans un document cosigné par l’ensemble des acteurs.

L’unanimité et le consensus pourront être respectés, car tout le monde respecte l’homme, la liberté et la responsabilité au-delà des différences individuelles et collectives. Ces valeurs universelles peuvent être le départ d’une nouvelle croissance assainie et d’une pacification générale des activités humaines.

Ce n’est pas une utopie puisque jusqu’à présent la partie saine de l’économie s’est développée depuis l’origine de l’homme sur l’échange, la division du travail et la spécialisation. Ces trois éléments ont été à l’origine de l’élévation de la productivité qui, elle-même, a été à l’origine de l’amélioration croissante des niveaux de vie de ceux qui ont appliqué ces principes.

L’appropriation privée, l’usage, la transmission de ces ressources à travers les contrats et l’échange libre et intentionnel ont permis à l’humanité de se développer au-delà de toutes les espérances initiales des précurseurs de ce système. Il est temps aujourd’hui de voir que le futur replacé dans cette perspective est beaucoup plus enthousiasmant que les crises à retardement que semblent nous imposer les keynésiens du monde entier. Pour sortir de la crise, un seul mot d’ordre : un État fort, non interventionniste et véritable arbitre des conflits potentiels et à venir.

Pour approfondir :

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Article paru initialement sur Le Cercle Les Echos, repris avec l'aimable autorisation de l'auteur.


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