Magazine Côté Femmes

#Chère Carla Bruni, le féminisme ne vous dit pas merci

Publié le 28 novembre 2012 par Elosya @elosyaviavia

#Chère Carla Bruni, le féminisme ne vous dit pas merci

Auteur de la photo : Rémi Jouan, photo récupérée sur le site wikimedia commons

Bonjour Madame,

Donc, j’ai lu l’extrait issu de l’interview publiée dans le Vogue France du mois de décembre. Vous avez fait la déclaration suivante : « Dans ma génération, on n’a pas besoin d’être féministe. Il y a des pionnières qui ont ouvert la brèche. Je ne suis pas du tout militante féministe. En revanche, je suis bourgeoise. J’aime la vie de famille, j’aime faire tous les jours la même chose. j’aime maintenant avoir un mari. Je suis une vraie bourge ! »

Et je dois dire que j’ai été quelque peu décontenancée, si ce n’est foutu en boule par cette intervention.

Je conçois que nous ayons des avis divergents, c’est la vie, c’est la démocratie, on ne peut pas tous, toujours avoir le même son de cloche, hein. Mais sauf votre respect, il y a quelque chose de terriblement désinvolte dans votre remarque.

« Dans ma génération, on n’a pas besoin d’être féministe. Il y a des pionnières qui ont ouvert la brèche. Je ne suis pas du tout militante féministe. » Soit, il y a eu des femmes avant vous et il y en aura après (heureusement) qui se sont battues pour leurs droits et les vôtres. Car, sans cela votre vie aurait bien été différente chère madame. A travers cet argument, je ne vois pas en quoi cela  légitime le fait que vous ne soyez pas une militante féministe. Libre à vous de ne pas l’être hein (on est encore libre de faire ce que l’on veut) mais le fait de prendre comme point de départ que les autres ont « sous entendu » bien fait le boulot et que vous n’avez par conséquent pas besoin d’apporter votre pierre à l’édifice, cela me semble bien fumeux.

Parce que dans l’idée, si moi aussi j’estime que les autres le font très bien, que je n’ai rien à apporter et que tout le monde se met à penser pareil, eh bien cela signifie concrètement que je gagnerais toujours moins que mes collègues masculins à compétences égales et donc que l’égalité salariale hommes/femmes je m’assois dessus. Que dans plusieurs années Élisabeth Guigou fera encore le constat que les partis politiques préférent payer des pénalités financières plutôt que de présenter 50% de femmes sur leurs listes électorales. Qu’un profil de femme comme Mercedes Era, qui est à la tête de l’agence de communication Havas Worldwide, a élevé 5 enfants en compagnie de son mari homme au foyer, restera atypique. Et puis vous savez, le féminisme c’est aussi des combats pour que les femmes disposent librement de leur droit à la contraception et à l’avortement et il est utile de rappeler que des pays comme l’Espagne ou les US diabolisent encore ces actes. Les féministes se battent aussi pour qu’il y ait une sensibilisation globale et constante face aux violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, pour que les discriminations sexistes cessent en France et ailleurs. Oui c’est un mouvement solidaire qui luttent pour que le droit des femmes ici et ailleurs soit respecté. Vous qui avez déjà soutenu des actions destinées à combattre les violences faites aux femmes au Congo, vous qui mettez en œuvre des actions dans les pays sous-développés pour protéger les mères du sida car elles font partie des catégories de population les plus affectées et les plus vulnérables face à cette maladie,  je pense qu’il serait intéressant pour vous de réfléchir aux moyens mis en œuvre par les féministes et vous seriez peut-être étonnée des objectifs communs que les associations et vous pourriez avoir.

Alors sinon, rapport au statut de « bourge » : « En revanche, je suis bourgeoise. J’aime la vie de famille, j’aime faire tous les jours la même chose. j’aime maintenant avoir un mari. Je suis une vraie bourge. » Juste une précision, être bourgeoise est compatible avec le féminisme. Aux dernières nouvelles des femmes féministes, on en trouve chez des cadres, des bourgeoises, des mères au foyer, des prostituées, des fonctionnaires, des chômeuses, des ouvrières, des directrices et j’oublie plein d’autres profils. D’ailleurs je pense que l’on peut être féministe sans forcément se revendiquer comme telle, tout simplement parce qu’il y a des personnes qui ne souhaitent pas rentrer dans une case. Il y a autant de visages féministes que de statuts sociaux et si vous preniez la peine de lire les différentes et nombreuses réactions suite à votre déclaration, sur les médias sociaux comme twitter,  ou sur le site Madmoizelle, vous verrez qu’il y en a PARTOUT de la féministe.

Enfin, bref, libre à vous de rester sur l’idée que ce combat féministe ne vous concerne pas et qu’il ne vous a jamais concerné, libre à vous de ne pas voir plus loin que votre jolie nez, libre à vous de rester enfermée dans une bulle dorée. Toutefois, je vous dirais qu’un peu de cohérence ne fait jamais de mal et le fait est que si le combat liés aux droits des femmes vous importe un tant soit peu, vous vous pencherez avec plus d’attention sur la question féministe.

Une dernière chose, je voulais tout de même vous remercier un chti peu. Oui, oui vous remerciez car avec ce « buzz » lié à votre actualité, il y a eu une belle mobilisation de femmes et d’hommes féministes et nous sommes beaucoup, beaucoup, à réaffirmer nos convictions. Que l’on soit pour ou contre, cela fait toujours avancer le débat sur la question et ça je suis persuadée que c’est une bonne chose.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Elosya 1882 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines