Ceux qui vantent le modèle allemand devraient se méfier, et feraient mieux de préférer la réalité aux chiffres Merkélisés… En effet, cet exaspérant exemple de souplesse du marché du travail que le Medef leur envie présente un aspect beaucoup moins positif et moderne que les commentateurs libéraux ne se plaisent à le crier par dessus les toits : la précarité de plus en plus grandissante qui guettent les travailleurs allemands aux statuts les plus modestes, et un phénomène de plus en plus difficile à cacher de travailleurs pauvres. (Ceci dit, on a aussi ça en France…). C’est pourquoi je n’ai pas été très étonné en apprenant par Le Monde que « Berlin aurait édulcoré un rapport sur la pauvreté en Allemagne ». Les censures opérées par le gouvernement allemand sur le rapport sont plus que conséquentes, comme le rapporte le Süddeutsche Zeitung d’aujourd’hui, selon Le Monde :
« le patrimoine privé en Allemagne est très inégalement réparti » a disparu de la version retouchée du rapport, dont le journal a obtenu copie de l’original. De même, il n’est plus fait mention de certaines précisions factuelles, par exemple le fait qu’ »en Allemagne en 2010, près de 4 millions de personnes travaillaient pour un salaire horaire brut de moins de 7 euros« . ¹
[...] Une autre phrase qui dénonçait la baisse des salaires réels ces dix dernières années pour les personnes à faibles revenus perçoit à présent ce déclin comme « le signe d’améliorations structurelles » du marché du travail, la création de nombreux emplois à bas salaires entre 2007 et 2011 ayant permis le retour à l’emploi de chômeurs.
Est-ce vraiment ce modèle régressif que nous voulons voir importer en France ? Un autre monde est certainement possible.
A lire aussi : Le modèle allemand, d’accord, mais à petite dose et en sourdine, dont la photo d’illustration est extraite.
La pauvreté, talon d’Achille du modèle allemand
¹Le salaire brut minimum en France est de 9, 40 € depuis le 1er juillet 2012.
.La pauvreté, talon d’Achille du modèle allemand