Nous sommes entrés dans une ère ultra médiatique. Chacun de
nous (moi le premier) devenant un citoyen « par procuration », nous
reposant sur notre droit de vote - durement acquis par nos ancêtres, pour nous
exprimer, et réduisant notre vie politique et notre participation à celle-ci à
des commentaires sur ce que l’on a vu à la télé, entendu à la radio et lu dans
la presse (je ne parle évidemment pas de ceux qui « militent » pour
un Parti ou un autre, mais c’est pour moi différent car ce que font ces
sympathisants relève automatiquement d’un parti pris et sont donc - peut-être
mêmes les premiers, à être englobés dans ce qui va suivre)… Par conséquent,
chacune de nos idées (que l’on estime bien entendu brillantes) est
potentiellement (obligatoirement ?) influencée par quelque chose à
laquelle nous nous fions les yeux fermés.
Nous vivons également dans une société qui a gardé un
traumatisme très présent de la seconde guerre mondiale, apogée de l’antisémitisme
grandissant dans notre continent (mais dont les origines remontent au moins
deux siècles plus tôt – sans parler de l’antisémitisme religieux) et sommet de
l’antihumanisme.
Ce traumatisme nous a au moins permis du point de vue de la
morale de faire un grand pas en avant (il serait malhonnête de le nier). Mais
ce traumatisme nous restreint également à notre insu de plus en plus de
libertés, et l’on pourrait se demander si nous ne sommes pas en train de tomber
dans une véritable dictature. Une dictature, non pas comme celles dont nous
avons les images (que l’on nous a communiquées ou que l’on s’est faites
nous-même) en tête, mais une dictature que j’appellerai « psychologique » :
la dictature du politiquement correct, celle qui nous fait taire certaines
choses par peur d’être montré du doigt, voire carrément banni de la société…
Une connaissance journaliste m’a d’ailleurs confié récemment en arriver à
s’auto censurer par peur de se mettre le public (ou ses supérieurs) à dos.
Ainsi sommes-nous obligés de fustiger les expulsions
d’étrangers – pourtant entrés de manière illégale sur notre territoire, pour ne
pas être traités de fachos ; obligés de chercher des excuses à des
délinquants (du moment que leur délit ne devienne pas un crime) sous peine de se
voir accusé de favoriser un Etat policier et totalitaire ; obligés
d’embaucher au moins un personne « de couleur » dans nos entreprises
(même si la compétence n’est pas de mise par manque de choix) pour ne pas être
accusés de racisme ; obligés de traiter de la même manière (y compris pour
la rémunération) une personne compétente et une autre beaucoup moins, sous
prétexte qu’il s’agit d’une femme, d’un homosexuel (déclaré) ou d’un handicapé
(à condition, bien entendu, que la « faille » ne relève pour ce dernier
cas pas directement de son handicap) sous peine d’être taxé de misogyne,
d’homophobe ou d’inhumain ; obligés de masquer ses sentiments patriotiques pour
ne pas passer pour un extrémiste nationaliste ; obligés de condamner le
Front National dès que nous l’évoquons (même sur un plateau télévision ou lors
d’une interview sensée demeurer objective) sous peine d’être accusé de
sympathie envers la « bête immonde » etc.
Tout ceci a bien entendu un bon fond, je ne vais pas faire
comme si le racisme (entre autre) n’existait (ou ne tuait) plus de nos jours, et
comme si la désapprobation des différences (de toute sorte de différence)
n’entraînait pas encore à l’heure actuelle de fortes inégalités ; mais
force est de constater que cela en devient de plus en plus réducteur au niveau
intellectuel…
Face à cela, Nicolas Sarkozy a peut-être été le premier à
sentir le vent tourné et à se positionner de façon à l’avoir dans le dos, mais
il n’a certainement pas été le seul : je pense que l’on sera tous plus ou
moins d’accord pour dire que les médias l’ont bien aidé (consciemment ou pas)…
Ainsi, l’on entend désormais par-ci par-là (parfois même de ma propre bouche je
dois bien l’avouer) fustiger le « politiquement correct ».
L’ennui, c’est que certains (à l’instar de Franz-Olivier
Giesbert dont je n’ai pas retrouvé l’adresse du blog) – prétendant combattre la
pensée unique au nom de la liberté de penser, en arrivent peut-être même
inconsciemment à faire comme ceux qu’ils dénoncent, mais avec des idées
opposées, inversées : combattre le « politiquement correct »
devient un argument en soi, et tombe à son tour dans une sorte de dictature
psychologique, puisque la seule évocation de la finalité (ou des moyens) tend à
remplacer un discours construit, réfléchi et argumenté…
C’est en cela aussi que j’estime que la France est en train
de se diviser en deux (non pas que l’une ou l’autre des parties ait raison et
l’autre tort). Et si les mentalités continuent d’évoluer dans ce sens, un
conflit (et ce serait fort dommage) n’est pas inenvisageable…
Coincé entre ces deux visions du Monde (ou plutôt de la
France) - non pas parce que je suis totalement objectif (bien que j’essaie au
maximum de l’être dans mes chroniques) mais surtout parce que mes idées
biscornues me font être d’accord parfois avec l’une, parfois avec l’autre (et souvent
moitié-moitié), je me suis retrouvé il y a quelques temps accusé ici
de me faire « complice de l'islamisation » parce que je défendais le
respect et la tolérance envers les religions ; et là
de faire « le jeu de l'extrême droite » parce que je comparais les
propos défendus par l’extrême gauche à ceux de l’extrême droite (notons au
passage que les deux accusations sont opposées et – je pense, inconciliables.
Pourtant, c’est bien de moi que l’on parle, et je n’ai ni changé d’opinion entre
temps, ni inventé une quelconque idéologie qui ne correspondrait pas à mes
idées pour faire bonne figure sur tel blog et une autre sur celui-là)… Si ces
propos ne venaient pas de personnes que je connaissais (virtuellement parlant),
j’aurais mis ça sur le compte de l’endoctrinement et j’aurais laissé tomber la
discussion ; mais tout porte à croire que cela vient d’autre chose :
peut-être ont-ils raison (moi-même plus influencé par le politiquement
correct - peut-être parce qu’il existe depuis plus longtemps, je dois dire que
c’est surtout la deuxième accusation qui m’a le plus interpellé) ? Peut-être
devrais-je taire certaines idées « taboues » afin de ne pas
encourager involontairement certaines idéologies ? Mais dans ce cas, c’est
l’idéologie inverse (que je ne cautionne nullement non plus) que j’aurais
encouragée…
Pris au milieu de ces deux dictatures psychologiques qui
n’existent peut-être que dans mon esprit perturbé, j’ai cependant pris une
décision : c’est de dire (et de défendre) ce que je pense. Peu importe ce
qu’en diront ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, peu importe si je
cautionne malgré moi une idéologie (plus ou moins) totalitaire : je pense
que chacun est assez intelligent pour ses faire ses propres opinions, d’autant
plus qu’un lecteur régulier saura parfaitement ce que je pense sur chaque sujet
abordé. Mais, que diable ! Je veux à tout prix garder ma liberté
d’expression et surtout de penser pour ne pas finir comme ma connaissance
journaliste à m’ « auto censurer » inconsciemment par peur
de déplaire !