La dernière fois, je marchais dans les couloirs de Gare du Nord pour attraper une correspondance.
Je croisais en l’espace de quelques minutes, 3 personnes qui marchaient tout en ayant le nez bien plongé dans un livre.
Je me marrais parce que j’avais l’impression familière de voir une posture que j’adopte pas mal ces jours ci et il y avait quelque chose de rassurant dans le fait de voir autrui faire la même chose.
En ce moment, je suis en train de lire un livre qu’on m’a prêté. Ce sont des nouvelles écrites par Stephen King. Si tu lis ce blog depuis quelque temps, tu n’es pas sans savoir que je voue un culte au maître de l’épouvante.
J’ai lu et relu une très grande partie de ses livres, mais il m’en reste encore quelques uns à découvrir. Dont celui-ci et que je dévore littéralement.
Et donc en voyant ces personnes dans les couloirs, je me suis dit qu’il y avait quelque chose de fascinant dans la manière dont l’individu peut se transformer en un être passionné. Moi par exemple, je suis une fille qui peut se montrer excessive dans ses réactions, mais je peux aussi (la plupart du temps) faire preuve de retenue. Mais en ce moment, dès que je suis dans les transports, je dégaine le livre, je reprends ma lecture et c’est la passionnée qui débarque. Ce qui occasionne quelques petites déconvenues, comme le fait de louper ma station de métro parce que je suis absorbée dans ma lecture. Je continue à lire dans les couloirs du métro même si pour cela, il me faut esquiver les usagers, les murs et faire attention quand je descends ou monte les escaliers. Et puis je me mets à parler toute seule aussi, discrètement, mais quand je suis alpaguée par l’intrigue, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une réaction.
Ce qui me fascine, c’est la manière dont la sensation de lâcher-prise s’installe. Moi qui suis (juste un peu, n’est ce pas) une fille qui aime contrôler les choses qui l’entourent et qui la touchent, là ce n’est plus le cas. J’aime la façon dont mon intérêt pour ce qui se passe autour s’émousse et laisse la place à ma focalisation sur autre chose. J’aime ce moment où rien ne pourra venir interrompre ma lecture et que je retiens mon souffle parce qu’il y a un suspense de folie et que je suis toute fébrile à l’idée de connaître la suite. J’aime me sentir tellement enveloppée par le récit que je le vis à fond comme si j’étais à la place des personnages. J’apprécie ce moment où je relis une phrase plusieurs fois et que je ressens le besoin de m’interroger longuement dessus et que plein de choses me passent par la tête. J’aime lire les dernières lignes d’un livre et m’y prendre doucement parce que la fin du bouquin est proche et que je veux le savourer encore un peu.
J’ai appris à le comprendre mon côté passionné, il se met en veille parfois, se fait oublier et il suffit d’un seul truc qui me parle vraiment et paf il revient C’est comme s’il n’attendait que ce moment pour me dire hé ho, je suis encore là. Tu l’auras peut-être devinée, mais c’est une partie de moi-même qui me rassure énormément. J’ai l’impression que tant que je suis passionnée, je continuerais à m’enthousiasmer, à m’interroger et aussi à créer à partir de mes émotions ressenties. Oui, je crois que mes passions me portent, parce que c’est avec elles que je me sens bien vivante et dans mon instant présent.
Edit : en me relisant, une question me vient à l’esprit, ça se passe comment la passion chez vous ?