Réseaux sociaux : une censure à deux vitesses

La Censure par Georges Lafosse

La communication a toujours été un besoin vital chez l’homme qui n’a jamais cessé de créer de nouveaux espaces d’échange. Dans la Rome antique, ce besoin était satisfait par la création d’espaces publiques appelés forums qui étaient des lieux de rencontre où se côtoyaient les simples citoyens et les hommes politiques et où s’échangeaient nouvelles et marchandises.

Aujourd’hui, basés sur le même principe, sont apparus les réseaux sociaux, ces espèces de forums virtuels géants qui se sont  imposés comme le premier mode de communication. C’est là que le buzz se crée et que l’information réussit à atteindre un plus grand nombre, plus rapidement.  Les utilisateurs se sont rués dessus sans se poser de questions. Aujourd’hui et avec un peu de recul, certains commencent à remettre en question les agissements parfois douteux des administrateurs comme par exemple les cas de censure qui se multiplient. Nous allons nous intéresser ici aux réseaux sociaux les plus importants et qui regroupent à eux deux plus d’un milliard et demi de membres inscrits.

Le cas Facebook :

Le rapport qu’entretien Facebook avec la censure est pour le moins ambiguë et incompréhensible surtout pour un esprit européen. En effet, Facebook se montre intraitable avec la nudité, mais l’est beaucoup moins pour ce qui est des idéologies racistes. Pour parler plus concrètement, nous allons présenter une série de cas :

• Facebook a retiré des photos représentant des femmes en train d’allaiter prétextant que ces photos étaient obscènes.
• Dans le même sillage, la campagne de lutte contre le cancer du sein dont les affiches présentant son ambassadrice « Pauline Delpech » seins nus a connu le même sort.
• Le dernier cas en date est celui d’une jeune égyptienne qui, sur la page Facebook « Le soulèvement des femmes dans le monde arabe » est apparue tête découverte tenant son passeport sur lequel elle apparaît voilée et portant un papier sur lequel elle écrit : « je soutiens le soulèvement des femmes du monde arabe parce que pendant vingt ans, je n’ai pas été autorisée à sentir le vent dans mes cheveux ». Cette photo a été retirée du site.

En même temps, Facebook semble être beaucoup plus souple à l’égard de mouvements radicaux porteurs d’idéologies ouvertement racistes. C’est le cas par exemple du collectif  Génération Identitaire qui se permet de poster ce genre de photo sur sa page sans être inquiété.

Commentaire posté sur la page Facebook de « Génération Identitaire »

Cette contradiction frappante peut s’expliquer (et non se justifier) par le fait qu’outre-Atlantique, la nudité est perçue comme étant choquante et que le premier amendement qui protège la liberté d’expression est sacré.

Le cas Twitter :

Dès le début de cette année,  Twitter l’a annoncé sur son blog : désormais un tweet sera soumis aux règles de bienséance et aux lois en vigueur dans le pays depuis lequel il a été émis. Par exemple, un tweet faisant l’apologie du nazisme ou remettant en question la shoah ou le génocide arménien ne sera plus visible en France où il existe des lois interdisant les propos nazis ou négationnistes, par contre il restera visible dans d’autres pays où ces lois n’existent pas. Et puisqu’il est impossible de contrôler les millions de nouveaux tweets chaque jour, la censure se portera donc sur les tweets ayant fait l’objet de plainte après étude de leur cas. Des voix s’élèvent contre cette logique en donnant l’exemple de ce qui s’est déroulé lors du soulèvement des peuples dans les pays arabes. Ces mouvements ont largement bénéficié des réseaux sociaux afin de se faire entendre à l’étranger et leur ont surtout permis de communiquer. Si ces règles de censure s’étaient appliquées dans ce cas, qui sait ce qui aurait pu arriver ?

D’autres cas de censure sont à dénombrer :

• En février 2012, 5 comptes parodiques de Nicolas Sarkozy ont été désactivés après plainte de son équipe de campagne prétextant que les utilisateurs avaient beaucoup de mal à retrouver le compte officiel du président, sachant que twitter offre la possibilité de certifier les comptes officiels.
• Durant l’été 2012, le compte du parti pirate d’Alsace a été suspendu durant 24h et cela, sans la moindre raison. La firme a expliqué que cette suspension temporaire était due à une erreur technique.