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La sidérurgie plutôt que les start-ups !

Publié le 01 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Le défi de l'emploi, ce n'est pas le maintien des emplois existants dans les vieilles industries, mais le remplacement des emplois.
Par Vladimir Vodarevski.

La sidérurgie plutôt que les start-ups !

Le gouvernement français est mobilisé, Montebourg en tête. L'objectif : le méchant Mittal. Comme il y a trente ou quarante ans, je ne sais plus, l'enjeu est le sauvetage de la sidérurgie française. Pendant ce temps, les start-ups françaises du web peinent à trouver un financement en France, comme l'écrit Benjamin Ferran dans Le Figaro : Pour les jeunes start-ups web, rester françaises est un défi.

Mittal voulait cesser la production dans une usine, mais refusait d'en céder une autre rentable. L’État pensait donc nationaliser le tout. Pour en faire quoi ? Le revendre ? Dans le quotidien Les Échos, Alain Madelin se demandait quel Tapie russe se cachait derrière ce dossier. Selon lui, aucune entreprise sérieuse du secteur ne pouvait vouloir racheter cet attelage bancal. Un profiteur risquait donc d'en être le bénéficiaire. Les salariés, à qui on faisait miroiter la lune, auraient perdu plus au final.

Benjamin Ferran explique lui que les start-ups web françaises doivent rechercher des financements à l'étranger. Ce qui présente un risque de délocalisation. Déjà que les clients peuvent être majoritairement à l'étranger, et la France ne pas être le marché principal. À une autre époque, Business Object avait lui aussi choisi le Nasdaq pour se faire coter, la bourse française ne connaissant pas suffisamment son secteur d'activité. Rien de nouveau sous le soleil donc.

Les entrepreneurs cités par Benjamin Ferran n'ont pas suivi le mouvement des pigeons. Ils disent avoir d'autres préoccupations. Pourtant, leur problème de financement provient directement de la fiscalité française.

En effet, celle-ci n'encourage pas l'investissement dans l'entrepreneuriat. Quelqu'un qui décide d'investir sa fortune dans la création d'entreprise paiera l'ISF, des impôts sur les plus values importants, alors même que son investissement est très risqué, et, surtout, potentiellement créateur d'emploi. A contrario, investir sans risque, dans l'assurance vie, ou le PEA, est plus intéressant fiscalement. Et ne parlons pas de la spéculation sur les œuvres d'art, exemptée, par exemple, d'ISF. Il y a bien des montages qui permettraient d'utiliser un PEA ou un autre véhicule intéressant fiscalement pour investir dans la création d'emplois. Mais, d'abord, cela manque de souplesse. Par exemple, si deux entreprises se créent avec la même idée, elles peuvent avoir intérêt à fusionner dès la première ou deuxième année. Ce qui est compliqué si on doit rechercher l'optimisation fiscale. D'autre part, un chef d'entreprise, ainsi qu'un investisseur, ne doivent pas être découragés par un environnement compliqué. C'est contreproductif pour la création d'emploi.

On rétorquera que la France a l'avantage du crédit impôt recherche, qui attire des entreprises, et qui est plébiscité par les entreprises de hautes technologies. Cependant, malgré ce crédit d'impôt qui date de 1983, qui a été étendu sous Sarkozy, l'investissement privé en recherche et développement reste faible en France en pourcentage du PIB, par rapport à l'Allemagne ou aux USA par exemple. Et si ce crédit d'impôt, et d'autres, était supprimé, si les niches fiscales de l'assurance vie, du PEA, et toutes les autres, étaient supprimées, et qu'en échange on baissait les taux de l'impôt sur les plus values et les dividendes, et celui de l'impôt sur les sociétés ? Là, il y aurait une incitation à l'investissement créateur d'emplois.

Mais ce n'est pas la direction prise par le gouvernement. Au contraire, il déploie de l'énergie, et beaucoup d'argent, pour la sidérurgie. Selon Alain Madelin, la nationalisation envisagée des usines de Mittal représentait 1 à 2 millions d'euros par emploi. Sans certitude qu'ils soient sauvés, soulignons-le. On peut aussi remarquer que ce serait la deuxième fois que l’État dépense l'argent des Français pour aider la sidérurgie, sans créer d'emplois.

Ce contraste entre l'attention portée à la sidérurgie et le dédain envers les start-ups est significatif de la politique française. Nos gouvernants refuse l'évolution, la création de nouveaux emplois pour remplacer ceux qui disparaissent.

Ce faisant, ils tournent le dos à la politique qui a permis les fameuses trente glorieuses. En ce temps-là, le droit du travail était beaucoup plus succinct qu'aujourd'hui, et les licenciements bien plus faciles. L’État faisait des lois pour adapter la France au progrès. Les grandes surface étaient ainsi soutenues : les entreprises ne pouvaient pas empêcher les grandes surfaces de vendre leurs produits. C'était aller un peu loin, certes. Il y a eu aussi la montée de la dépense publique, mais elle était néanmoins inférieure d'un tiers à peu près à ce qu'elle est aujourd'hui. Et le budget était équilibré.

Le défi de l'emploi, ce n'est pas le maintien des emplois existants, mais le remplacement des emplois. Le défi de l'emploi, c'est la création, et le développement d'entreprises. Ce qui implique de favoriser les investisseurs. De leur accorder de la souplesse. Un bon investisseur ce n'est pas forcément quelqu'un qui garde longtemps les actions d'une société. Pour favoriser le développement de l'emploi, il peut être amené, par exemple, à fusionner avec une autre entreprise au bout d'un ou deux ans. Ce qui rend handicapant les réglementations basées sur la durée de détention d'actions, comme vient d'en créer le gouvernement. D'autre part, des investisseurs peuvent être amenés à investir, par amitié, dans un faible pourcentage des actions d'une start-up. Pourquoi les punir en les assujettissant à l'ISF, alors que s'ils spéculaient sur les œuvres d'art ils ne paieraient pas d'ISF. Les exemples de ce genre abondent.

Les nationalisations, l'étatisme, n'ont apporté que le chômage, les licenciements. En URSS par exemple, où l'économie s'est effondrée. Et en France même, le précédent sauvetage de la sidérurgie s'est fait dans la douleur. La réalité rattrape toujours l'étatisme, et les victimes sont les salariés. Le gouvernement ferait mieux de s'engager dans une politique de création d'emplois, en favorisant l'investissement individuel, en récompensant la prise de risque, et, s'il veut vraiment légiférer, en créant un marché boursier pour lever des fonds pour les start-ups. En France, il y a des milliards pour les vieilles industries destructrices d'emplois, mais rien pour la création et le développement de celles qui pourraient créer des emplois.

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