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Quand ma singularité universitaire est devenu un atout

Publié le 05 décembre 2012 par Elosya @elosyaviavia

Bibliothèque université

La dernière fois au boulot, je parlais université et école de commerce avec l’une des jeunes femmes qui bossent dans les bureaux au dessus du théâtre.

Elle parlait de  toutes les choses que son école avait pu lui apporter et de la manière dont elle avait pu se sentir atypique dans ce monde parfois fait de grosses beuveries, de gros sous et de réseautage.

J’en étais venue à lui parler de mon expérience à la fac, de mes recherches d’emploi et de mes entretiens d’embauche en compagnie de diplômés d’école de commerce. Je lui ai racontée en rigolant (maintenant, je peux en rire, mais à l’époque hein…pas vraiment) comment je me sentais tel un éléphant dans un magasin de porcelaine au cours de cette période.

A l’époque, je sors tout juste de la fac. Au cours de ma dernière année, j’ai fait un stage dans une super structure, à partir de cette expérience je suis motivée comme jamais pour trouver un poste dans ma branche.

Arf, ça a été quelque peu, très difficile.

Alors ce n’est pas tant à cause des refus suite à mes envois de candidature (quoique ce n’est jamais évident à gérer). Ce sont les entretiens ou plutôt les personnes avec qui je les passe qui me rendent un peu fébrile. Je découvre les joies des entretiens collectifs. Pour ceux qui n’ont jamais fait : vous êtes convoquées avec plusieurs candidats, dans le couloir tout le monde se jauge un peu, on se dit bonjour, mais les gens se regardent avec méfiance. C’est gênant, mais passable. Puis on s’installe dans une grande salle et là il faut se présenter, participer à des exercices divers et variés, tout cela sans accaparer la parole ou se montrer silencieux. Autant vous dire que timide et manquant tout de même d’estime de moi-même, je suis rapidement hors-course et après quelques minutes, je sais déjà que mon entretien est tout bonnement foiré.

Et puis il y avait les speeds datings d’entretiens d’embauche où l’on doit montrer le meilleur de soi-même et convaincre un recruteur en 3 min chrono, les forums de rencontres avec les entreprises. Bref, je fais moults entretiens et je me sens perdue parce qu’en face de moi, j’ai la sensation que les gens d’écoles de commerce excellent un truc de ouf et que EUX respirent la gagne et la confiance. C’est terrible à dire, mais j’ai la sensation de partir perdante parce que je ne connais pas bien les codes, les rouages de ce type d’échanges, contrairement aux diplômés d’école. Alors bien sûr, je suis bien sapée, je prépare soigneusement mes entretiens, mais rien que de croiser les autres, je me sens à côté de la plaque.

Alors je tente d’acquérir leurs « techniques ». Le côté « sûr de soi », « gagnant », le « je suis une force de proposition pour votre entreprise ». J’endosse un rôle, mais ça ne fonctionne pas.

Je suis bientôt désespérée par la situation parce que je ne sais plus comment me positionner. Et puis, j’assiste à un forum sur l’emploi. Une petite inscription par internet plus tard, je me pointe un samedi, à neuf heures moins 10 dans les locaux de la structure qui organise. Je m’engouffre dans la salle et là c’est le choc. Toutes les chaises sont occupées, par des jeunes diplômés, la plupart venant d’écoles de commerce (je l’ai compris ensuite en écoutant les différentes conversations). Chemise cravate pour les hommes, tailleur veste/pantalon noir pour les filles. Moi pantalon noir avec…

un pull orange.

Un joli pull hein, un Zara très doux à col roulé avec un petit côté élégant. Disons que la couleur était pas horrible et que sur une méprise, il aurait pu passer pour un pull couleur abricot (ça fait plus chic déjà), mais la vérité c’est qu’il était orange vif et que l’on me voyait de loin (j’ai vu plein de paires d’yeux me zieuter l’air outré). Du coup en arrivant, je me suis fondue dans la masse, j’ai à peine bougé l’oreille durant les 2 heures où les chefs sont venus présenter leurs boîtes. Ensuite, il y avait une session speed dating d’entretien d’embauche, j’attendais, mon CV à la main, de pouvoir faire mes preuves devant un recruteur au taquet. Je me souviens d’avoir eu le temps d’écouter, d’observer, d’analyser autour de moi les autres, les postures, les tons de voix. Et d’un coup, une idée m’a frappée : il faut que j’arrête de prétendre être quelqu’un d’autre. Je ne sors pas d’une école de commerce, j’ai un diplôme universitaire, ce diplôme me donne autant de « faiblesses » que de « forces » face à un/une recruteur(teuse), je n’ai pas à rentrer dans un moule, il faut juste que j’y aille comme je suis. Et ce n’est pas ce pull orange qui te fera dire le contraire. Pourquoi être quelqu’un d’autre, bordel de fuckkkkkkk ???

Ce jour là, j’ai fait 3 entretiens avec 3 DRH, il n’y a pas eu de suite. Il fallait juste que mon envie de rester moi se consolide davantage, je crois. C’est comme ça que quelques temps plus tard, j’ai fait 2 entretiens la même semaine et que les deux rendez-vous ont donné lieu à une proposition de poste. Je devais être mieux dans mes baskets, plus sûre de moi, je ne sais pas trop ce qui s’est passé, si ce n’est que j’ai décidé de rester telle que j’étais. Il aura fallu ces expériences pas toujours agréables pour que cela finisse par fonctionner. Je ne regrette pas.


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