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Quelques heures sans Internet

Publié le 05 décembre 2012 par Toulouseweb
Quelques heures sans InternetLe dernier moment de calme en grand danger.
C’est un vrai débat de société : est-il possible de se passer d’Internet, de courriels, pendant la durée d’un vol long-courrier ? Ou, tout au contraire, les grandes compagnies aériennes, soucieuses de services Ťpremiumť, doivent-elles offrir une connection Wi-Fi performante ŕ leurs passagers ?
Cette question rappelle celle qui s’est posée dčs l’instant oů il est devenu techniquement possible de téléphoner en vol. Chacun a instantanément redouté d’ętre assis ŕ côté d’un grand bavard, du type trentaine commerciale prometteuse, gérant ses rendez-vous en vol pour ne pas perdre un instant ŕ son arrivée. Finis les moments de détente, de lecture, de sieste réparatrice. Heureusement, l’offre téléphonique ne s’est pas généralisée.
A présent, c’est le Wi-Fi qui déboule. Mais, d’entrée, il fait objet de sentiments mitigés. Ainsi, Etihad annonce l’installation d’un ŤWi-Flyť ŕ bord d’une dizaine de ses long-courriers. Et ce n’est apparemment qu’un début. Et, au męme moment, Qantas renonce au Wi-Fi en vol, par manque d’intéręt de ses clients.
Dčs lors, il est urgent d’attendre avant de se former une opinion. A moins de décider sans plus attendre qu’il n’est pas judicieux de tenter de faire le bonheur des voyageurs aériens ŕ l’insu de leur plein gré. D’oů l’envie irrésistible de féliciter Qantas pour son geste de compassion : ŕ Sydney, aprčs avoir bričvement emprunté une voie de traverse, Qantas revient au bon sens.
On ne le sait que trop bien, les compagnies aériennes ne sont pas dirigées par de fins psychologues mais par des techniciens obtus et des obsédés du yield management. Les uns et les autres ont cru, malgré l’échec du téléphone ŕ bord, que l’heure d’Internet ŕ bord avait sonné, que toutes et tous allaient renoncer ŕ regarder un film récent dűment expurgé de scčnes susceptibles de choquer les valeurs culturelles de clientčles que la décence interdit de mentionner. Ou encore de s’interdire Wagner en stéréo trčs convenable ou une musique sirupeuse relaxante, celle qui plaît tant aux hypermarchés du monde entier.
Non, tout le monde allait se connecter, ŕ 14 dollars de l’heure, voir gratuitement en premičre classe. D’oů un beau plantage, faute de psy ŕ portée de la main : seuls 5% des passagers de Qantas ont fait preuve d’intéręt pour Internet en vol. Ce qui revient ŕ dire que 95% d’entre eux ont choisi d’en rester ŕ un film expurgé, ŕ Wagner ou ŕ l’ambiance ascenseur. Ce qui est tout simplement logique.
Le passager qui se déplace pour affaires, se battant avec courage contre les méchants décalages horaires et un emploi du temps que le plus généreux des salaires ne peut excuser, n’ose pas avouer qu’il espčre secrčtement préserver ces instants de bonheur absolu : pas de téléphone, pas d’Internet, pas de voisin bavard, pas de repas trop copieux. Rien qu’un fauteuil confortable, un départ ŕ l’heure et strictement rien d’autre.
Merci ŕ Qantas pour sa décision de grande humanité. Et bon courage ŕ Etihad pour son audace.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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