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Impressions de Gaza par Noam Chomsky

Publié le 07 décembre 2012 par Eldon

Noam Chomsky s’est rendu dans la bande de Gaza, du 25 au 30 octobre de cette année.Voici ses simpressions.

Une seule nuit passée en prison suffit pour donner le goût de ce que signifie le fait d’être sous le contrôle total d’une force extérieure. Et il ne faut guère qu’un seul jour à Gaza pour apprécier ce que doit être la survie dans la plus grande prison en plein air au monde, là où un million et demi de personnes, dans la zone la plus peuplée de la planète, sont soumis en permanence à une terreur aléatoire souvent sauvage et à des châtiments arbitraires n’ayant d’autre but que d’humilier et de dégrader, voire de ruiner tout espoir palestinien d’un avenir décent et de s’assurer que le soutien mondial dominant en faveur d’un règlement diplomatique garantissant ce droit soit réduit à néant.

L’intensité de cet effort de la part des dirigeants politiques israéliens vient d’être puissamment illustrée ces derniers jours, puisqu’ils préviennent qu’ils seront « fous de rage » si l’ONU reconnaît tant soit peu les droits palestiniens. Ce n’est pas un nouvel écart. La menace de devenir « fou [de rage] » est profondément ancrée depuis les cabinets travaillistes des années ’50, de même que le « complexe de Samson » : nous allons faire s’écrouler les murailles du Temple si on nous contrarie. C’était jadis une menace vaine ; plus aujourd’hui.

L’humiliation volontaire elle non plus n’est pas nouvelle, mais elle prend sans cesse de nouvelles formes. Il y a trente ans, des dirigeants politiques, notamment certains des faucons les plus marqués, soumettaient au Premier ministre Begin un compte-rendu choquant et détaillé de la façon dont les colons maltraitent régulièrement les Palestiniens avec la plus grande dépravation et en toute impunité. Le fameux analyste politico-militaire Yoram Peri écrivit avec dégoût que la mission de l’armée n’est pas de défendre l’Etat, mais « de démolir les droits de gens innocents simplement parce que ce sont des Araboushim (« bougnouls », « sous-chiens ») qui vivent dans les territoires que Dieu nous a promis. »

Les Gazaouis ont été élus pour un châtiment particulièrement cruel. Il est presque miraculeux que des gens puissent supporter pareille existence. La manière dont ils le font a été décrite il y a 30 ans dans les éloquentes mémoires de Raja Shehadeh (« The Third Way »), basées sur son expérience d’avocat engagé dans une impossible mission – tenter de protéger les droits fondamentaux au sein d’un système légal conçu pour garantir leur faillite – et sur son expérience personnelle en tant que Samid (1) « inébranlable dans ses convictions » qui voit sa maison transformée en prison par une occupation brutale et ne peut rien faire d’autre « qu’endurer » d’une façon ou d’une autre.

Depuis ce texte de Shehadeh, la situation a empiré.

Les accords d’Oslo célébrés en grande pompe en 1993 ont décrété que Gaza et la Cisjordanie sont une seule entité territoriale. A ce moment, Israël et les États-Unis avaient déjà entamé leur programme de séparation totale, afin de bloquer un règlement diplomatique et de punir les Araboushim dans les deux territoires. Le châtiment des Gazaouis s’est encore aggravé en janvier 2006, lorsqu’il commirent un crime majeur : ils votèrent « mal » lors de la première élection libre dans le monde arabe, élisant le Hamas.

Faisant montre de leur « désir de démocratie », les États-Unis et Israël, soutenus par la timide Union européenne, imposèrent sans tarder un siège brutal ainsi que des attaques militaires intenses. Les USA appliquèrent aussi immédiatement vers la procédure traditionnelle lorsque des populations désobéissantes élisent le mauvais gouvernement : préparer un coup d’état militaire pour rétablir l’ordre.

Un an plus tard, les Gazaouis commettaient un crime encore plus grand en bloquant la tentative de coup d’État, déclenchant une forte escalade du siège et des attaques militaires. Celles-ci culminèrent à l’hiver 2008-2009 avec l’opération Plomb Durci, l’un des exercices les plus lâches et les plus vicieux de la force militaire, puisqu’une population civile sans défense, piégée par l’absence de toute issue, fut soumise à une attaque sans répit par l’un des systèmes militaires les plus avancés au monde, appuyé par l’armement et la diplomatie des États-Unis. Un compte-rendu inoubliable du massacre – « infanticide » est le terme qu’ils ont utilisé – a été donné par les deux courageux médecins norvégiens qui ont travaillé dans le principal hôpital de Gaza au cours de ce siège impitoyable, Mads Gilbert et Erik Fosse, dans leur livre remarquable « Les yeux à Gaza. »

Le président élu Obama fut incapable de dire un mot, sinon en réitérant sa sincère sympathie pour les enfants sous attaque… dans la ville israélienne de Sderot. L’assaut, minutieusement préparé, fut achevé avant son intronisation, de sorte qu’il put affirmer qu’il s’agissait maintenant de regarder devant nous, pas derrière nous, le faux-fuyant habituel des criminels.

Bien sûr il y avait des prétextes – il y en a toujours. Le plus courant, débité à l’envie, est la « sécurité » : dans ce cas, des roquettes de fabrication maison tirées depuis Gaza. Comme c’est généralement le cas, le prétexte manquait totalement de crédibilité. En 2008 une trêve avait été établie entre Israël et le Hamas. Le gouvernement israélien reconnaît formellement que le Hamas l’observait pleinement. Pas une seule roquette Hamas ne fut tirée jusqu’à ce qu’Israël rompe la trêve sous couvert de l’élection américaine le 4 novembre 2008, envahissant Gaza sous des prétextes grotesques et tuant une demi-douzaine de membres du Hamas. Les plus hauts cadres du renseignement conseillèrent au gouvernement israélien de renouveler la trêve en allégeant le blocus et en mettant fin aux attaques militaires. Mais le cabinet de Ehud Olmert, une prétendue colombe, choisit de rejeter ces options, préférant utiliser son gros avantage comparatif en matière de violence : ce fut l’opération Plomb Durci.

Les faits basiques sont repassés en revue par le politologue Jerome Slater dans la dernière livraison de la revue International Security publiée par l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT) à l’Université Harvard.

Le mode de bombardement de Plomb Durci a été minutieusement analysé par l’avocat gazaoui des droits humains Raji Sourani, très bien informé et mondialement respecté. Il souligne que le bombardement a été concentré sur le nord, ciblant des civils sans défense dans les zones les plus densément peuplées, ce qui exclut tout prétexte militaire. L’objectif, suggère-t-il, était peut-être de pousser la population vers le sud, près de la frontière égyptienne. Mais les Samidin n’ont pas bougé, en dépit de l’avalanche de terreur israélo-états-unienne.

Un autre objectif pouvait être de les pousser au-delà. Dès les premiers jours de la colonisation sioniste, les colombes ont largement argué que les arabes n’ont pas vraiment de raison d’être en Palestine ; ils peuvent aussi bien être heureux ailleurs, et ils devraient partir – en termes polis « transférés », suggérait-on. Ce n’est sûrement le moindre souci des Égyptiens et peut-être une raison en Égypte pour ne pas ouvrir la frontière librement aux civils ni même aux matériaux si désespérément nécessaires.

Sourani et d’autres sources bien documentées font observer que la discipline des Samidin recèle un baril de poudre qui peut exploser à tout moment, inopinément, comme la première Intifada à Gaza en 1989, après des années d’une répression lamentable qui ne suscita ni attention ni signal d’alarme.

Il suffit d’évoquer un de ces innombrables cas : peu avant l’explosion de l’Intifada, une jeune fille palestinienne, Intissar al-Atar, fut tuée par balle dans une cour d’école par un résident d’une colonie proche. C’était l’un des milliers de colons israéliens amenés à Gaza en violation du droit international, protégés par une importante présence de l’armée, accaparant une grande partie des terres et de l’eau – si rare – de la bande, vivant « luxueusement dans vingt-deux implantations au milieu de 1,4 millions de Palestiniens démunis », ainsi que le crime est décrit par l’universitaire israélien Avi Raz.

Shimon Yifrah fut arrêté mais rapidement libéré sous caution quand la Cour statua que « l’infraction n’était pas assez grave » pour requérir la détention. Le juge commenta que Yifrah avait seulement voulu choquer la jeune fille en tirant un coup de fusil vers elle dans une cour d’école, pas la tuer : donc « ceci n’est pas le cas d’une personne criminelle qui doit être châtiée, entravée, et recevoir une leçon en étant emprisonnée ». Yifrah obtint une peine de 7 mois avec sursis, tandis que les colons dans le prétoire éclataient en chants et en danse. Et le silence habituel régna. Après tout, rien que la routine.

Et voilà. Quand Yifrah fut libéré, la presse israélienne rapporta qu’une patrouille de l’armée avait tiré sur une cour d’école pour garçons de 6 à 12 ans dans un camp de réfugiés cisjordaniens, blessant cinq enfants, et allégué que leur intention était uniquement « de les choquer ». Il n’y eut pas de mise en examen, et l’événement n’attira pas davantage l’attention. Ce n’était qu’un autre épisode du programme « l’illettrisme comme châtiment », rapporta la presse israélienne, avec la fermeture d’écoles, l’usage de bombes lacrymogènes, le tabassage d’étudiants avec des crosses de fusils, le blocage de l’assistance médicale aux victimes ; et au-delà des écoles, le règne d’une brutalité plus grave encore, devenue de plus en plus sauvage pendant l’Intifada sous les ordres du ministre de la Défense Yitzhak Rabin, une autre colombe tant admirée.

Mon impression initiale, après une visite de plusieurs jours, c’est la stupéfaction, non seulement devant la capacité de vivre, mais aussi devant la vitalité éclatante des jeunes, en particulier à l’université, où j’ai passé une bonne partie de mon temps dans un colloque international. Mais là également, on peut déceler des signes de ce que la pression peut devenir trop lourde à supporter. Selon des rapports, la frustration parmi les jeunes gens est bouillonnante, ils prennent conscience que sous l’occupation israélo-états-unienne l’avenir ne leur réserve rien. Il y a des limites à ce que peuvent endurer des animaux en cage, et il pourrait y avoir une éruption, peut-être sous des formes haïssables – offrant ainsi l’occasion aux apologistes israéliens et occidentaux auto-satisfaits de condamner les gens qui sont « culturellement arriérés », comme Mitt Romney l’a expliqué en toute perspicacité.

Gaza a l’allure d’une société typique du tiers monde, avec des poches de richesse entourées de pauvreté hideuse. Néanmoins, elle n’est pas « sous-développée ». Elle est plutôt « dé-développée », et ce de manière très systématique, pour emprunter les termes de Sara Roy, l’éminente universitaire spécialiste de Gaza. La bande de Gaza aurait pu devenir une région méditerranéenne prospère, avec une agriculture riche et une industrie de pêche florissante, des plages merveilleuses et, comme on l’a découvert il y a une dizaine d’années, de bonnes perspectives de ressources en gaz naturel dans ses eaux territoriales.

Coïncidence ou non, c’est à ce moment qu’Israël a intensifié son blocus maritime, repoussant les bateaux de pêche vers la côte, actuellement à 3 miles ou moins.

Les perspectives favorables ont avorté en 1948, quand la bande a dû absorber le flux de réfugiés palestiniens fuyant la terreur ou expulsés de force de ce qui est devenu Israël, expulsés dans certains cas des mois après le cessez-le-feu officiel.

En fait, il étaient encore expulsés quatre ans plus tard, comme rapporté par Haaretz (25.12.2008), dans une riche étude de Beni Tziper sur l’histoire de l’Ascalon israélienne remontant jusqu’aux Cananéens. En 1953, écrit-il, il y a eu « le calcul froid qu’il était nécessaire de nettoyer la région des arabes ». Le nom ancien d’Al-Majdal avait déjà été « judaïsé » en l’Ashkelon d’aujourd’hui, une pratique très usitée.

C’était en 1953, alors qu’il n’y avait pas l’ombre d’une nécessité militaire. Tziper lui-même est né en 1953, et tandis qu’il arpente les vestiges du vieux secteur arabe, il se dit : « il est vraiment difficile pour moi, vraiment difficile d’imaginer que pendant que mes parents célébraient ma naissance, d’autres personnes étaient chargées sur des camions et expulsées de leurs maisons. »

Les conquêtes d’Israël en 1967 et leurs suites administrèrent encore d’autres coups. Puis vinrent les terribles crimes qui se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.

Les signes sont faciles à voir, même lors d’une courte visite. Assis dans un hôtel près du rivage on entend le feu des mitrailleuses sur les canonnières israéliennes qui repoussent les pêcheurs hors des eaux territoriales de Gaza en direction de la côte, les contraignant à pêcher dans des eaux fortement polluées à cause du refus d’Israël et des États-Unis d’autoriser la reconstruction des systèmes d’épuration d’eau et de fourniture d’énergie, systèmes qu’ils ont détruits.

Les Accords d’Oslo ont établi les plans de deux usines de dessalement, une nécessité dans cette région aride. L’une, une installation avancée, fut construite : en Israël. La seconde est à Khan Younis, dans le sud de Gaza. L’ingénieur chargé d’essayer d’obtenir de l’eau potable pour la population expliquait que cette usine était conçue de manière à ne pas pouvoir utiliser l’eau de mer, mais bien l’eau phréatique, processus moins coûteux qui contribue encore plus à dégrader la mince nappe aquifère et qui garantit de graves problèmes dans le futur. Même ainsi, l’eau est sévèrement limitée. L’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine) qui s’occupe de réfugiés (mais pas des autres Gazaouis), a récemment publié un rapport avertissant que les dommages causés à la nappe aquifère deviendront bientôt « irréversibles » et que sans remédiation active et rapide, en 2020 Gaza ne serait plus « un endroit vivable ».

Israël autorise l’entrée de béton pour des projets UNRWA mais pas pour les Gazaouis engagés dans les importantes nécessités de la reconstruction. Les équipements lourds, limités, sont à l’arrêt puisqu’Israël ne permet pas que le matériel soit réparé. Tout ceci fait partie du programme général décrit par le haut fonctionnaire israélien Dov Weisglass, un conseiller du premier ministre Ehud Olmert, après que les Palestiniens eurent omis de suivre les ordres aux élections de 2006 : selon lui, « L’idée est de mettre les Palestiniens à la diète, mais pas de les faire mourir de faim ». Cela n’aurait pas l’air bien.

Et le plan a été suivi scrupuleusement. Sara Roy en a fourni des preuves complètes dans ses études de recherche. Récemment, après plusieurs années d’efforts, l’organisation israélienne pour les droits de l’homme Gisha a réussi à obtenir une décision de justice enjoignant le gouvernement à publier ses archives détaillant les plans de la diète, et leur mode d’exécution. Le journaliste Jonathan Cook installé en Israël les résume comme ceci : « Les fonctionnaires de la Santé ont établi le calcul du nombre minimum de calories nécessaires au million et demi d’habitants de Gaza pour éviter la malnutrition. Ces chiffres ont ensuite été traduits en camions de nourriture qu’Israël était censé autoriser chaque jour [...] En moyenne 67 camions seulement – beaucoup moins de la moitié des besoins minimum – sont entrés quotidiennement à Gaza. A comparer à plus de 400 camions avant le début du blocus. » Mais même cette estimation est trop généreuse, affirme un agent humanitaire de l’ONU.

Comme l’observe le spécialiste du Moyen-Orient Juan Cole, le résultat de cette diète imposée est que « 10 % environ des enfants palestiniens gazaouis de moins de cinq ans ont leur croissance freinée par la malnutrition… de plus, l’anémie est largement répandue, affectant plus des deux-tiers des bébés, 58,6 % des écoliers et plus d’un tiers des mères enceintes. ». Les États-Unis et Israël veulent s’assurer que rien n’est possible hormis la stricte survie.

« Ce qu’il faut bien avoir à l’esprit » fait remarquer Raji Sourani, « c’est que l’occupation et la fermeture absolue sont une attaque menée contre la dignité humaine du peuple de Gaza et de tous les Palestiniens en général. C’est la dégradation, l’humiliation, l’isolement et la fragmentation systématique du peuple palestinien. » La conclusion est confirmée par beaucoup d’autres sources. Dans une des plus grandes revues médicales au monde, The Lancet, un médecin invité de l’Université Stanford, horrifié par ce qu’il a vu, décrit Gaza comme « quelque chose comme un laboratoire pour observer une absence de dignité », condition qui a des effets « dévastateurs » sur le bien-être physique, mental et social. « La surveillance constante depuis le ciel, la punition collective par le blocus et l’isolement, l’intrusion dans les maisons et les communications, et les restrictions frappant ceux qui tentent de voyager, ou de travailler, ou de se marier, rendent difficile de vivre une vie digne à Gaza ». Il faut que les Araboushim apprennent à ne pas relever la tête.

On espérait que le nouveau gouvernement Morsi en Egypte, moins asservi à Israël que la dictature Moubarak tournée vers l’Occident, pourrait ouvrir le poste-frontière de Rafah, seul accès à l’extérieur pour les Gazaouis piégés qui ne soit pas sous contrôle israélien direct. Il y a eu une petite ouverture, mais pas grand-chose de plus. La journaliste Laila el-Haddad écrit que la réouverture sous Morsi « est simplement un retour au statu quo des années passées : seuls les Palestiniens porteurs d’une carte d’identité ’Gaza’ approuvée par Israël peuvent utiliser le passage de Rafah », ce qui exclut beaucoup de Palestiniens, notamment la famille el-Haddad, où seul un des conjoints a sa carte.

En outre, ajoute-t-elle, « le passage ne mène pas en Cisjordanie et il ne permet pas le passage de marchandises, lesquelles sont limitées aux postes-frontières contrôlés par les Israéliens et sujettes à des interdictions sur le matériel de construction et l’exportation. » Le passage restreint de Rafah ne va pas changer le fait que « Gaza reste sous un contrôle maritime et aérien serré et continue d’être fermée au capital culturel, économique et académique des Palestiniens dans le reste des [territoires occupés], en violation des obligations US-Israël conformes aux Accords d’Oslo. »

Les effets sont douloureusement évidents. A l’hôpital de Khan Younis, le directeur, qui dirige également la chirurgie, décrit avec colère et passion comment même les médicaments pour soulager la douleur des patients sont manquants, de même que l’équipement chirurgical le plus simple, laissant les médecins impuissants et les patients dans les affres. Les histoires personnelles ajoutent la texture du vécu au dégoût général que l’on ressent devant l’obscénité de cette âpre occupation. Un exemple : le témoignage de cette jeune femme désespérée parce que son père, qui aurait été fier qu’elle soit la première femme dans le camp de réfugiés à décrocher un haut diplôme, « était mort après 6 mois de lutte contre le cancer à l’âge de 60 ans. L’occupant israélien lui avait refusé un permis pour aller se faire soigner dans des hôpitaux israéliens. J’ai dû arrêter mes recherches, mon travail et ma vie pour aller le voir alité. Nous étions tous assis près de lui, mon frère médecin et ma sœur pharmacienne, tous impuissants et désespérés de le regarder endurer la douleur. Il est mort pendant l’inhumain blocus de Gaza à l’été 2006, où il y avait très peu d’accès aux services sanitaires. Je pense que se sentir impuissant et sans espoir est le sentiment le plus mortel pour un être humain. Il tue l’esprit et brise le cœur. On peut combattre l’occupation mais on ne peut combattre son propre sentiment d’impuissance. On ne peut même pas dissoudre ce sentiment. »

Dégoût devant l’obscénité, mêlé de culpabilité : il est en notre pouvoir de mettre fin aux souffrances et de permettre aux Samidin de jouir d’une vie de paix et de dignité qu’ils méritent.

Noam Chomsky

Source: Mecanoblog


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