Une contre attaque allemande contre les low cost.
Ne m’appelez plus Lufthansa, c’est désormais de Germanwings qu’il s’agit. Ou plus exactement de la ŤNew Germanwingsť, une low cost ŕ part entičre qui va se substituer ŕ sa maison-mčre sur le réseau européen point ŕ point, exception faite des hubs de Francfort et Munich. Un grand chambardement, une révolution culturelle ou, si l’on préfčre, une contre-attaque de grande envergure contre Ryanair, EasyJet, Vueling et leurs satellites. A moins qu’il ne s’agisse d’un geste désespéré, voire d’un renoncement qui n’avoue pas son nom.
Quoi qu’il en soit, Lufthansa joue habilement et voit grand. Elle reconnaît implicitement qu’une compagnie traditionnelle ne peut en aucun cas se transformer, en tout ou en partie, en low cost ŕ part entičre. Aussi préfčre-t-elle jouer la carte du groupe, lequel se décline en plusieurs marques, ŕ commencer par Germanwings. Cette derničre est née au milieu des petits prix, qui constituent son fonds de commerce, son savoir-faire : elle va donc accueillir le réseau court de Lufthansa et, d’entrée, acheminer 20 millions de passagers par an avec une flotte de 90 avions. On est bien loin des initiatives timides de la concurrence, qu’il s’agisse d’Iberia Express ou de Transavia.
Lufthansa voit grand sans que sa direction ne livre pour autant le fond de sa pensée. Soit qu’il s’agisse d’un Ťsimpleť infléchissement de sa stratégie, soit d’un geste désespéré face ŕ une concurrence envahissante, d’un impressionnant dynamisme. De plus, la maničre de faire de New Germanwings surprend en męme temps qu’elle déroute, en ce sens qu’elle ne baigne pas dans la simplicité.
En effet, trois tarifs distincts seront proposés, baptisés Best, Smart et Basic, associés ŕ trois niveaux de service mais avec une seule configuration de cabine : espacement généreux entre les rangées de sičges de 81 centimčtres (32 pouces) et, plus curieux, les sičges du milieu laissés vacants. Lŕ, ce n’est plus du tout du low cost et moins encore une politique de maximisation de la recette par vol.
Du coup, la premičre explication de texte apparaît insatisfaisante. D’autant qu’il est dit d’entrée que le cible commerciale fera cohabiter passagers cherchant les plus petits prix et ceux se déplaçant pour raisons professionnelles. Si les trois types de tarifs proposés sont différenciés uniquement par un plateau repas, il sera vite dit que l’approche allemande est exagérément technocratique. Une Ťvraieť low cost construit son succčs, son avenir, exclusivement sur des tarifs séduisants, irrésistibles. Quitte, plutôt que de jouer sur un service ŕ bord savamment modulé, ŕ chercher des recettes annexes.
Chritoph Franz, président du conseil du groupe Deutsche Lufthansa, estime que la nouvelle entité pourra fonctionner profitablement, et cela ŕ l’écart des grandes plates-formes allemandes. On se réjouit d’avance ŕ l’idée d’écouter les commentaires de Ryanair et EasyJet. Tout en notant que Lufthansa a le mérite de la réactivité, fűt-elle tardive.
Pierre Sparaco - AeroMorning