Madagascar menacée par des milliards de sauterelles: une aide onusienne inégalement répartie

"Il y a urgence, l'invasion atteint presque un tiers du pays, les insectes mangent toutes les herbes, les pépinières de riz, les plants de maïs et la production céréalière sera réduite et peut menacer la sécurité alimentaire", tel est la description de cette catastrophe dont les responsables sont des milliards de sauterelles. Le Ministère de l'Agriculture déclare l'état d'alerte acridienne dans toute l'étendue du territoire national de Madagascar et proclame l'existence de calamités publiques.

Les superficies touchées avoisinent 500.000 hectares. En 2009, face à la menace des invasions de criquets, le gouvernement avait demandé 30 millions de dollars de fonds d'urgence à la communauté internationale, mais a obtenu moins de la moitié de la somme réclamée, ce qui n'a pas suffi à éradiquer l'invasion. Fin 2011, la superficie infestée a doublé et les essaims qui attaquent habituellement le sud, ont atteint les régions de Bongolava et Itasy (ouest) touchant presque un tiers de la Grande Ile. Le ministre de l'Agriculture, en déplacement à Rome depuis trois jours, a rencontré plusieurs responsables, dont le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), José Graziano da Silva afin d'obtenir de l'aide. Le traitement d'invasions de criquets coûte cher car les insecticides doivent être déversés par avion ou par hélicoptère.

La grande île n’avait pas besoin de cette catastrophe qui ruine encore plus une économie moribonde et qui s’ajoute au climat politique délétère qui la ravage. Au regard des Nations Unies et des aides à appel d’urgence il y a des appréciations qui posent interrogation et qui font qu’un pays comme Madagascar, l’un des 5 états les plus pauvres de la terre, est si partiellement doté que cela s’apparente à un abandon.

J’en veux pour preuve, et on va me tirer de dessus malgré mon engagement toujours manifesté publiquement la réalité qui fait que l’UNRWA a un budget qui dépasse les 600 millions de dollars.

Ce budget équivalait d’aillleurs en 2006 du budget au Haut-Commissariat aux réfugiés pour l’ensemble du continent africain, qui s’élevait à 466 millions de dollars, il dépassait de plus de la moitié celui de l’Asie En 2007 l’appel d’urgence de 50 millions de dollars demandés à différents donateurs pour les territoires palestiniens occupés a permis de recueillir 500 millions de dollars ! Par contraste, pour Haïti, pays des plus pauvres secoué par des tremblements de terre, des cyclones destructeurs et ravageurs pour une population enclavé sur son île de 8 millions d’habitants l’appel d’urgence n’était que 2, 4 millions de dollars  et le soutien apporté par les dons a atteint 46, 4 millions de dollars ! Toujours en 2007, le Bangladesh ravagé par la mousson qui a déplacé plusieurs dizaines millions de personnes n’a pas perçu plus de 300 millions de dollars.

Alors Madagascar qui va rentrer dans une grande pénurie alimentaire sur la presque totalité de son territoire et habitué à la disette onusienne d’aide de fonds ( je rappelle qu’en 2007 l’état malgache dans une situation de précarité similaire avait demandé dans l’urgence 30 millions et que moins de la moitié lui est parvenue ! Ce tarissement de la source internationale de financement solidaire a mis en péril tous les efforts pour replanter les cultures dévastées…

Ce monde est solidaire de façon choisie et unilatérale et cela sans grande attention sur les souffrances d’états anémiés économiquement et en proie à des désastres écologiques majeurs. La répartition est inégale et je vous le dit il est tout aussi intolérable que le peuple palestinien endure son martyr depuis des décennies dans une occupation de son territoire mais il est aussi tout aussi intolérable que Madagascar et plus de 18 millions de malgaches soient en proie aux difficultés d’une famine annoncée après ce vol de milliards de sauterelles dévastant l’ensemble des cultures. Madagascar, Haïti, l’Afrique… n’avivent aucun intérêt majeur et n’ont qu’une voix étouffée pour faire valoir leur situation, leur dépérissement !