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Ligne grande vitesse Lyon-Turin : le rail de la paupérisation

Publié le 10 décembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Lors du dernier sommet France-Italie, un accord a été signé au sujet de la Ligne grande vitesse Lyon-Turin. Un projet dont le financement est inquiétant.
Par Michel de Poncins.

Ligne grande vitesse Lyon-Turin : le rail de la paupérisation

Mario Monti et François Hollande, le 3 décembre 2012.

Un  fait  récent est  intervenu pour montrer comment le mammouth SNCF contribue activement à la paupérisation de la France et des Français. La France et l'Italie ont signé le lundi 3 décembre 2012 à Lyon un accord pour la réalisation du projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. Le coût est estimé à 12 milliards d'euros au maximum. Le président François Hollande et le chef du gouvernement italien Mario Monti étaient présents. Cette énorme masse d'argent serait supportée par la France, l'Italie et l'UE.

Lancée lors d'un sommet franco-italien en 1991, cette ligne entrera sans doute en service en 2028-2029. Selon ses concepteurs, cette "autoroute ferroviaire", combinant fret et trafic voyageurs, devrait permettre d'ouvrir à terme la route à au moins un million de camions par an et de raccourcir le trajet Paris-Milan à un peu plus de 4 heures contre 7. Elle comporterait le plus grand tunnel ferroviaire du monde.

Les avantages supposés

Les avantages supposés de ce projet sont très largement inférieurs aux aspects négatifs ce qui justifie le titre de ce billet. Laissons de côté la ronde des ordinateurs qui, tournant comme des fous, peuvent toujours prouver que les PIB des deux pays augmenteront. Ces ordinateurs ultra-puissants sont manipulés par les politiques promoteurs du projet et crachent ce que ces politiques leur demandent. Il nous est dit que l'on gagnerait du temps. Or chacun doit s'arranger à gérer le temps dans la liberté et, en particulier, les entreprises aussi. On ne voit donc pas du tout comment ce gain de temps peut favoriser la richesse générale.

Un argument mis en avant est que les activités de Lyon, Turin et Milan se renforceront mutuellement par leurs échanges accrus pour former un vaste ensemble. Louis XIV en plaçant son petit-fils sur le trône d'Espagne avait dit qu'il n'y avait plus de Pyrénées. Sur le plan économique cela ne marche pas comme cela. Les activités d'industrie et de services se développent fort bien de part et d'autre des Alpes ; nier arbitrairement l'existence de ces montagnes n'ajoutera rien à la richesse générale.

Les aspects négatifs

Côté négatif, les arguments sont largement plus importants.

Il est certain que le coût maximum avoué de 12 milliards d'euros sera largement dépassé. L'exemple du tunnel sous la Manche est dans toutes les mémoires. Les lobbies des travaux publics et des banquiers minorent toujours les dépenses pour a contrario favoriser le rentabilité ; les coups de pouce sont faciles et nombreux. Ensuite les incertitudes sont abondantes. Malgré toutes les analyses géologiques, il y aura forcément des inconnues dans ces profondeurs. La secte des écolos va s'activer ; plusieurs chantiers d'autoroutes ont été arrêtés des mois pour gérer la découverte d'espèces prétendument menacées.

Il faut enfin ajouter un chiffre inconnu et gigantesque représentant les travaux de part et d'autre du tunnel : expropriations, chamboulement des vallées, élargissement des routes existantes pour le passage des engins.

La dépense totale quel que soit son chiffre se traduira par des impôts ou de l'endettement public générateur de paupérisation.

La cour des comptes

Pour illustrer et confirmer tout cela, il faut se référer à un rapport de la Cour des comptes en 1997. Personne, certes, ne discute les immenses agréments offerts par ces TGV aux voyageurs qui voient défiler à toute allure la campagne à bord des magnifiques jouets. Mais les faits sont là. Le rapport sur « la réforme ferroviaire de 1997 » a démontré que les TGV sont largement à la source de la ruine de la SNCF. Ce rapport dénonce « le lourd endettement de la SNCF induit principalement par les investissements considérables effectués pour construire et équiper les lignes nouvelles à grande vitesse ». Étant donné les chiffres, l'importance de ces dettes contribue à l'endettement abyssal de la nation toute entière, car, pour les analystes honnêtes, il n'y a pas de distinction à faire entre les dettes de la SNCF et les dettes globales de la nation (en visant la SNCF, nous englobons le Réseau Ferré de France ou RFF car tout est  imbriqué). L'effet de ruine est patent, compte tenu des charges massives des intérêts et de la multiplication abusive sur trente ans de la construction des TGV. La paupérisation du pays en est la conséquence et, comme il est de règle, cette paupérisation frappe particulièrement les plus faibles.

Maintes explications existent : les caprices politiques des élus, le règne des ingénieurs à la SNCF, le culte absolu de la dépense publique au niveau national et européen. Au bout de la chaîne, il y a cette paupérisation dont le mammouth SNCF est largement responsable avec il est vrai d'autres mammouths.

De l’optimisme

Devant cette déroute, l'observateur attentif est conduit, finalement, à de l'optimisme. Les divers mammouths et autres causes de ruine reflètent la philosophie du Tout-État imposée cruellement par les gouvernements de toutes tendances, réelles ou apparentes, depuis des décennies.

Inversément, elle montre que la route de la liberté et de la prospérité est grande ouverte. Il faut que quelqu'un de crédible l'emprunte. Cette personnalité peut-elle sortir des urnes ? Plusieurs pays et non des moindres y sont parvenus. Alors pourquoi pas ici ?


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