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Le piège du téléphone pas cher

Publié le 10 décembre 2012 par Guy Deridet

Le smartphone subventionné, largement souscrit à Noël, fait payer ses avantages. Ne vaut-il pas mieux acheter un mobile nu ? Un article de Libération.



Le piège du téléphone pas cher Par CATHERINE MAUSSION

  Esprit de Noël es-tu là ? Oui, répond Free «avec une multitude de cadeaux au pied du sapin», selon le message facétieux déposé par l’opérateur sur Facebook. Free est donc passé à l’attaque. Du côté des tout petits prix. Un comble au moment des fêtes, où on se lâche plutôt sur la bourse. Pour deux euros, l’opérateur offre deux heures de voix (au lieu d’une heure), des SMS illimités (contre 60 avant), et un accès internet sur le réseau Wifi de Free, inexistant jusque là …

A l’opposé, les opérateurs établis montent le son sur leurs forfaits hauts de gamme avec un smartphone en pseudo-cadeau. Chez SFR, le superlatif est de mise : «Nous avons un plan d’offre extraordinaire, une gamme de terminaux fantastique», se réjouit Frank Cadoret, le directeur général grand public et pro de l’opérateur. Un enthousiasme qui se comprend. Le Tribunal de commerce de Paris devait se prononcer mercredi sur la légalité du mécanisme au cœur des formules Carré de SFR, accusé par Free d'être un crédit à la consommation déguisé et à un taux usuraire de surcroît. Une décision reportée après les fêtes.

Le juge a déposé un beau cadeau au pied du sapin de l’opérateur. Son modèle de mobile subventionné (comme Orange ou Bouygues), où le terminal est associé à un forfait avec engagement, pourra déployer ses fastes à Noël. «On pourrait atteindre un million de ventes», rêve Cadoret. A Lyon, l’opérateur vient d’ouvrir la première ville équipée du nouveau réseau 4 G, à très haut débit mobile. L’occasion de mettre en avant des offres haut-de-gamme assorties d’un échantillon de mobiles, et accompagnées d’un battage publicitaire et de forcing dans ses boutiques ou sur le web. 

Lors de l’audience publique qui s'était tenue le 8 octobre, le juge n’avait pas caché la portée du conflit, soulignant le caractère lourd et impliquant du dossier. Un opérateur décrypte le report: «Il a refusé d'être instrumentalisé à l’occasion des fêtes.» Chez SFR, on raisonne autrement. «Le dossier n’avait sans doute pas un tel caractère d’urgence», explique Frank Cadoret, confiant dans la perennité du système de subvention.

«La subvention est une vraie plaie, c’est un système pourri jusqu'à la moelle»

Le report de la décision soulage par ricochet tous les opérateurs, nombreux, qui se livrent à la même pratique, même si Orange, non visé par Free, insiste que sa subvention «est une vraie subvention» et non un crédit déguisé, comme le précise à Libération son directeur juridique, Nicolas Laederich. Neuf mobiles sur dix sont vendus dans le cadre d’un package, surtout les smartphones. Les Français sont même accros à cette pratique qui rend indolore l’acquisition, mais qu'Edouard Barreiro, de l’UFC-Que Choisir, déconseille pour leur opacité: «La subvention est une vraie plaie, c’est un système pourri jusqu'à la moelle. C’est comme les prises de coke. Les opérateurs ne peuvent plus les arrêter. Voyez comme ils sont pieds et poings liés aujourd’hui avec Apple!»

Est-ce une si mauvaise affaire pour le client ? Nous avons pris notre calculette et apprécié s’il fallait acheter cash l’une des stars de Noël – par exemple le Samsung Galaxy S3, capable de surfer sur les réseaux à haut débit mobile (H+) – en souscrivant à côté un forfait low cost, ou craquer pour un shoot plus indolore, en s’engageant via une appétissante formule Carré ?

Avantage du mobile subventionné, il est quasiment donné (29,90 euros). Mais seulement si l’on s’engage 24 mois sur le forfait médian de 4Go (débit coupé au-delà), à 69,99 euros par mois. L’addition, corsée, se monte au final à 1709,66 euros sur deux ans.
A l’opposé, le mobile nu se déniche à 509,90 euros chez LDLC, et même à 498 euros chez Pixmania. A titre de comparaison, il est affiché à 749,90 euros sur le site de SFR«c’est exprès, pour vendre des forfaits», insiste Cadoret ! Couplé à un forfait haut de gamme chez B&You – la marque low cost de Bouygues Télécom – à 19,99 euros (3 Go, débit réduit au-delà, sur le réseau H+), la facture finale s'établit à 977,66 euros. Ou à 1095,6 euros avec le forfait équivalent chez Sosh ( H+ et 3Go, débit réduit au-delà), la marque low cost d’Orange. De quoi méditer sur le coût caché de la subvention du mobile chez SFR.

Encore faut-il être capable de débourser 500 euros cash à Noël. Reste alors la solution du crédit classique. B&You offre l'étalement du paiement du Galaxy sur 24 mois (taux du crédit 9,8%). Le mobile revient alors à 604 euros. Et l'addition grimpe à 1083,76 euros. Loin encore des 1709,66 de la formule Carré de SFR. Et loin également des 1680,76 euros que coûte, chez Orange, le Galaxy S3 associé au forfait Origami Jet. Un calcul semblable peut être fait avec les forfaits haut de gamme de Bouygues Télécom. On peut aussi se livrer à l'exercice avec d'autres modèles haut de gamme, comme le Motorola RAZR HD (H+).
 
Frank Cadoret, interrogé sur le différentiel, défend la formule du subventionnement de SFR. Elle est associée dit-il à «énormément de services». Comme une deuxième carte Sim pour la tablette, une offre de renouvellement de mobile après 21 mois, les services multimédia de SFR, le SAV ... Last but not least, on peut ajouter la possibilité de claquer la porte de l’opérateur, comme l’autorise la Loi Chatel, au bout d’un an en payant un dédit de trois mois de forfait (soit 210 euros dans notre exemple), et basculer sur un low cost (économie de 450 euros).



La subvention, «un moteur puissant»

Delphine Ernotte, la patronne d’Orange France, très attachée, elle aussi, à la subvention, répond à Libération que d’un point de vue marketing, «c’est un moteur puissant, surtout à Noël, un mois fort pour l'équipement, où les ventes sont doublées par rapport à un mois normal». L’un comme l’autre sont assez confiants dans le verdict qui sera rendu en janvier: «La Belgique vient de se mettre à la subvention. L’Espagne y revient. Ce serait bizarre qu’en France, cela devienne interdit», commente Delphine Ernotte. Et puis la rumeur dit que Free pourrait y venir, si le Tribunal de commerce blanchit le dispositif. Cri du coeur de Delphine Ernotte: «Ce serait une bonne nouvelle qu'il monte en gamme, lui aussi!» Une manière pour l'agitateur du mobile de s'embourgeoiser. Et les plus belles étrennes que Xavier Niel, le fondateur de Free, pourrait offrir à ses concurrents.
N.D.L.R

Le compte est vite fait : le téléphone subventionné est une arnaque.

Mieux vaut contracter  carrément un crédit et acheter votre  Smartphone sur un site de vente par correspondance ou utiliser le paiement gratuit en trois fois, proposé par la plupart des revendeurs sur Internet.

Ou encore aller sur le seul opérateur français qui ne pratique pas ce genre de racket : Free.

Mais c'est vous qui voyez...

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