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Retour sur les « manif pour tous » de Lille, Bordeaux, Nancy et Le Mans du 8 décembre

Publié le 11 décembre 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

Et pour quelques godillots de plus…

Le 8 décembre, les opposants au mariage homo réunis sous la bannière de « la manif pour tous » avaient donné rendez-vous à leurs troupes à Lille, Bordeaux, Nancy et au Mans. Géographie oblige, les Français de Belgique avaient pris le car pour Lille, une manifestation un brin bon enfant.

Retour sur les « manif pour tous » de Lille, Bordeaux, Nancy et Le Mans du 8 décembre

Battre le pavé de Paris le 17 novembre et rater la poignée d’irréductibles hétérophobes protégée par la police à Denfert-Rochereau, voilà qui avait pu nourrir quelque frustration. Il ne fallait donc pas rater le second test-match régional du 8 décembre, histoire d’être encore plus au cœur de la mêlée, histoire de garder le contact. Las ! De part et d’autre, on a manqué de godillots, de bons soldats, car c’est bien d’un combat dont il s’agit. Pas d’un débat où s’enliser.

On ne va pas forcément s’en plaindre. Mais tout au long de la place du parcours qui traça une jolie boucle autour de la place de la République de Lille, les militants LGTB et leurs sympathisants étaient bien plus rares que le journal La Croix n’a bien voulu les voir. Sous la queue de la statue équestre du Général Faidherbe, on a bien eu droit à un « Homophobes, serrez vos fesses, on arrive » ; les adultes ont haussé les épaules face à cette poésie peu urbaine et les enfants ont brandi leurs pancartes pour dissimuler la noirceur de ces opposants aigris. Débonnaires, les policiers anti émeutes contemplaient, goguenards. C’est dire…

Passer de la parole aux poings ?

Loin de nous, Français de Belgique, l’idée de passer de la parole aux poings. De gauche et de droite, nous n’étions pas montés dans notre car à Bruxelles pour venir à Lille nous heurter à cette haine mais pour lui opposer nos slogans, nos chants, notre esprit de fête à défendre la famille naturelle. Nos tenues de combat ? Les sweat-shirts bleu, blancs, roses appelés à devenir vrai phénomène de mode. Et notre combat de rue, nous le voulions de masse contre le projet de loi, forts de notre cohésion et de notre bonne humeur partagée, mais surtout soudée et collective. Nous avions donc besoin de beaucoup de godillots et de chefs pour les galvaniser.

Arrivés avec notre quarantaine de Français d’outre Quiévrain, un contrôleur de la manifestation nous a poinçonnés en pointant du doigt notre mégaphone : « vous répéterez bien les slogans de la manif, hein ? » Nous n’étions là que pour ça, que pour animer cette foule avec des slogans qui fouettent, avec des slogans qui claquent, même sans Montjoie ni Saint Denis. C’est dire…

Comme un immense accident de voiture

Ce contrôleur était entouré de beaucoup de ses semblables, en jaune fluo, comme si un énorme accident de la circulation venait de se produire. Aimable, toujours souriant, un peu perdu parfois, ce personnel de sécurité bénévole entretenait le sentiment d’être bien entre soi. Un peu trop d’ailleurs. Heureusement, au milieu de ces têtes blondes ou sagement brunes, quelques têtes basanées s’agitaient opportunément pour rappeler que ce combat n’est pas une lutte judéo chrétienne mais anthropologique.

Ces agents de sécurité n’auraient pu un instant nous donner l’impression que, fidèles godillots, nous étions encadrés par nos chefs. Nous avons bien eu Frigide Barjot, fidèle à elle même et au fond c’est encore ce qu’on lui demande. Mais qui a su qu’elle était là ? Qui l’a entendue ? Ceux qui étaient à son immédiat contact. Pas d’autres.

Car ces fameux camions sonos censés animer la foule ne portent qu’à une trentaine de mètres. Plus près de ces camions, on ne scande pas de slogan car on est submergé par la techno, on est au spectacle ; plus loin, on ne l’entend pas mais qui s’en soucie ? Car personne ne prend le relais pour haranguer la foule. Même si à Lille elle n’était pas au niveau de densité espérée, cette foule ne passait pas inaperçue : elle méritait le respect, elle méritait qu’on la commande et l’élève davantage.

La techno contre les mégaphones

Mais qu’étions nous venus faire à Lille ? Faire masse et le crier haut et fort. Pour cela, la sono techno, c’est une erreur de casting. Excellente pour faire danser certaines parties de la foule à l’arrivée de la manifestation, comme c’est prévu pour le concert de fin de parcours le 13 janvier, ou pour éparpiller un parfum de sympathie, mais inopérante pour galvaniser une foule et l’inciter à faire masse. Une telle manifestation ne doit pas inviter des gens à assister au spectacle. Elle doit être spectacle, ici, là, en soi. Et ce spectacle, c’est une foule qui gronde, même joyeuse, mais qui gronde avec la force de tous ses godillots.

Deux mégaphones, y compris le notre, ont tenté de secouer cette foule et se sont taillés en duo un bon succès dans leur entourage, un ciblant la tête du cortège, l’autre la queue, et trois pas en avant, trois pas en arrière… Mais deux mégaphones pour 8 000 personnes, c’était… disons, une première expérience propre à nous rendre vite aphones. Nos feuilles de chant n’ont pas suffi à contenter les demandes, mais nos tubes nous ont fait dire qu’il fallait continuer dans cette voie avec des mots plus courts, jusqu’au 31 du mois d’Août si nécessaire et merde au roi d’Hollande qui nous a déclaré cette guerre. Avec quelques godillots de plus (et beaucoup d’organisation), nous la gagnerons.

Philippe de Casabianca


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