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Siegmund Warburg, don Quichotte anglais?

Publié le 12 décembre 2012 par Christophefaurie
Siegmund Warburg, don Quichotte anglais? FERGUSON, Niall, High Financier, Penguin, 2011.
Siegmund Warburg est un mythe en Angleterre. Ses idées ont fait de la City la première place financière au monde, au moment où elle sombrait dans la médiocrité.
Au siècle dernier il existait une forme de banque familiale, juive ou protestante. Les membres de la famille la gèrent ensemble et utilisent pour leurs affaires internationales des parents installés à l’étranger. Les Warburg de Hamburg sont une sorte de dynastie financière, des vassaux des Rothschild. Siegmund Warburg est un parent pauvre. L’entreprise familiale lui fournit un emploi. Mais la montée du nazisme va changer sa destinée. Après avoir pensé qu’Hitler apporterait un peu de dynamisme et de jeunesse à une Allemagne ankylosée, il doit partir. Il choisit l’Angleterre par défaut. Il y fonde une banque et s’associe avec d’autres Juifs qui ont connu son sort. Les débuts sont difficiles. Le terrain étant fort occupé.
Il semble avoir pensé qu’un Juif devait le meilleur de lui-même à la nation qui l’accueillait. Ainsi, il a voulu changer l’Angleterre. (La trouvait-il paresseuse et décadente ?) Selon lui, son avenir était européen. Il aurait aimé, au moins, régénérer ses entreprises en les fusionnant avec des multinationales allemandes. A défaut, il a été à l’origine d’une finance européenne : les Eurobonds, obligations en devises étrangères. Ce sont elles, qui, en peu d’années, vont faire de la City la première place financière mondiale. Il déclenche aussi un vague de fusions acquisitions. Elle concentre l’industrie anglaise, et la met en partie sous la coupe de l’étranger. Il désirait lui donner du sang neuf. Ce sera un échec. Il faudra attendre Mme Thatcher pour sortir le pays de sa torpeur.
Tous ces exploits lui ont peu rapporté. Il n’était d’ailleurs pas intéressé par l’argent. Il voyait la finance comme un art. Il aurait aimé créer une petite banque d’un très haut savoir-faire, et d’une grande éthique, qui durerait. Mais elle ne lui a pas survécu. Elle a été victime de la transformation de la finance mondiale. Finance globalisée dont il a été le pionnier, et dans laquelle son héritage et ses valeurs ont sombré. 

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