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293ème semaine politique: la droite a disparu.

Publié le 15 décembre 2012 par Juan
Le débat, une dizaine de jours avant la fin du monde, n'est plus qu'à gauche.
La droite a disparu cette semaine. Elle reviendra.
Il y avait plusieurs actualités cette semaine. Des actualités bien différentes suivant notre prisme personnel. Choisissez vos sujets, mais tous vous ramènent à cette évidence. La droite politique était absente, évacuée, hors jeu, sonnée ou cachée.
La vraie actualité concernait la crise et sa possible sortie. Jeudi soir, les dirigeants de l'Union européenne étaient parvenus à un improbable accord, mais un accord réel et inespéré sur la supervision bancaire. Nous nous fichions de savoir s'il s'agit d'un abandon de souveraineté bancaire. Nous étions excédés d'apprendre que les Etats renflouent des banques imprévoyantes. On aimerait que ces dernières fussent davantage contrôlées, et l'échelon européen est le seul. On laissera Nicolas Dupont-Aignan nous traiter de collabo (quel sens de la mesure), et Marine Le Pen étudier encore quelques mois pour comprendre le sujet. Au passage, Hollande relance l'harmonisation fiscale et se moque de Gérard Depardieu, le nouveau Belge de la semaine. Fitch est la troisième agence à se prononcer sur le crédit français, et la seule à lui accorder encore un Triple AAA.
A droite, on se tait.
La vraie crise était celle de la pauvreté. Le sujet a failli s'inviter cette semaine, mais il n'intéressait que nous autres blogueurs. A la différence de son prédécesseur, l'équipe Ayrault avait organisé son Grenelle de la pauvreté, deux jours de Conférence nationale. Cette simple chose était quelque chose d'inédit. 
A droite, on se tait.
Il fallait cependant rester lucide. D'abord, la rencontre déboucha sur quelques annonces concrètes mais insuffisantes. Nous ne sommes pas sûrs que d'autres auraient fait mieux. Ayrault a promis 10% de revalorisation exceptionnelle du RSA Socle en 4 ans. Il en faudrait 17%, mais il y en avait zéro. Sarkozy avait remplacé un RMI à 50% du SMIC par un RSA à 43% du SMIC. Et ce dernier ne vaut que 52,54 euros net par jour.
Merci Sarko, nous nous souvenons. 
Ayrault avait aussi autre chose dans sa besace (création de 8.000 places d'hébergement d'urgence, élargissement de la CMU à 500.000 personnes supplémentaires, RSA jeunes pour 100.000 jeunes, etc). Le tout coûterait 2,5 milliards d'euros sur 4 ans. Après tout, c'était énorme si l'on pensait aux polémiques mineures qui agitaient l'ex-Royaume pour moins d'argent. Et c'était très peu quand on relisait l'effroyable bilan de l'INSEE de septembre dernier: nous avons sans doute déjà 9 millions de pauvres dans le pays, près de 15% de la population...
A droite, on se tait. 
La vraie crise était aussi traitée par le plan contre les déserts médicaux de Marisol Touraine (mercredi), ou la numérisation des écoles par Vincent Peillon (le même jour). Ou encore Arcelor-Mittal. C'est encore un drame mais ce n'est plus un psychodrame. La CFDT locale de Florange s'essaye à faire respecter l'accord Ayrault par les sbires du sidérurgiste millionnaire. Les emplois doivent être sauvés.
Il y avait aussi de constat de fond: Hollande nous apaise. Certains le qualifient encore de mou, orphelins d'une hystérie qui nous convenait. D'autres gauchistes s'en félicitent. On apprend à laisser un peu de temps au temps. Guy Birenbaum s'inquiète de cette hystérie française qui dépasse l'expérience sarkozyste. Il a raison. On manifestera quand même, dimanche, pour le mariage pour tous, la PMA, le droit de vote des immigrés ou... contre Notre-Dame-Des-Landes. A droite, on ne se tait pas. On s'engouffre contre l'ensemble, au nom de la Très Sainte Conception Religieuse de la famille.
Il y avait aussi une autre actualité, importante peut-être mais franchement anecdotique. Mediapart poursuivait son feuilleton sur Jérôme Cahuzac et le compte suisse qu'il aurait ouvert voici 12 ans. Mediapart est notre nouveau procureur, une vigie indispensable quand la preuve éclate dès la première révélation. Ou un procureur désagréable quand la chose s'embraye mal, avec des preuves douteuses. Le Canard Enchainé lui est tombé dessus, et il était croustillant d'écouter le débat entre les deux médias, par journalistes enquêteurs interposés, sur le site d'Arrêt sur Images.  Mediapart s'expose à d'improbables critiques de Jean-Michel Aphatie, éditocrate professionnel, donc commentateur vulnérable. Cahuzac a tant d'ennemis que la proie était presque trop facile.
A droite, on se tait, le ministre est paradoxalement populaire même s'il manie l'impôt impie comme jamais. 
Il y avait enfin cette sombre actualité Rumpiste. Fillon a trouvé la parade contre Copé. Il organise un référendum parmi les députés et sénateurs UMP mardi prochain. Il est sûr de gagner. L'autre apprenti voyou de la Sarkofrance s'est crispé. Il pensait jouer le pourrissement. L'UMP-RUMP n'intéresse plus grand monde. La fusion vers le Bleu Marine, c'est pour quand ?
Triste démocratie.


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