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Abus de faiblesse

Publié le 15 décembre 2012 par Malesherbes

Le Magazine du Monde de cette semaine présente sur sa couverture une photo de Jacques Chirac en buste, comme écrasé sur sa droite par un portrait très flou de son épouse. Leurs deux têtes sont surmontées du titre « Les Chirac, l’histoire secrète ». Je dois avouer que je n’ai jusqu’ici guère eu de sympathie pour Madame Chirac qui m’est toujours apparue comme une espèce de dame patronnesse assez revêche, se dédiant à des œuvres de charité peut-être plus dorées que jaunes et qui, en toute circonstance, même en ses terres, savait arborer le maintien et conserver le ton d’un noble conscient de son rang.

Ma défiance spontanée s’est trouvée renforcée par la lecture de l’article cité ci-dessus, en particulier par sa chute, relative au vote de Jacques Chirac à la dernière élection présidentielle. À ce propos, je dois avouer que je ne goûte guère les déclarations de telle ou telle personnalité clamant à l’encan : « je vote pour X ! ». Même si, le plus souvent, son opinion est connue, permettant de deviner dans quel sens elle se prononcera, la chance, et la sauvegarde, dont nous jouissons de pouvoir voter librement, nous imposent de préserver le secret de notre vote. Le code électoral impose d’ailleurs à chaque électeur de se munir d’au moins deux bulletins différents et de passer par l’isoloir pour placer le bulletin de son choix dans l’enveloppe. Bien plus, la personne handicapée qui ne pourrait effectuer seule cette opération peut choisir un aide mais tous deux devront pénétrer dans l’isoloir.

Cet article se termine par un propos que Madame Chirac aurait prononcé après coup : « Dans ma famille, ils ont tous voté Hollande, sauf Jacques. Mais il ne le sait pas. » J’ignore bien sûr comment la procuration donnée à cette fidèle épouse a été établie, à savoir si notre ancien président était conscient ou non de cet acte, mais quoi qu’il en soit, Bernadette connaissait parfaitement le souhait de son mari et, elle a profité de sa faiblesse pour imposer son choix à elle, elle a trahi sa confiance. D’ailleurs, état de faiblesse ou pas, lorsque l’on accepte une procuration, c’est pour exécuter la volonté du mandataire et non pour lui voler sa voix.

Mais selon moi, ce qui précède n’est pas encore le pire. Lorsque l’on commet une mauvaise action, on n’a pas le front de s’en vanter. Si ce qu’on nous conte est exact, c’est peut-être que Madame Chirac n’a pas conscience d’avoir fauté ou alors qu’elle estime avoir bien agi, la fin justifiant les moyens. Mais  peut-être aussi, elle est fière d’avoir pu renverser les rôles et heureuse de montrer aux siens la revanche prise sur celui qui l’a épousée en 1956 et que la vieillesse a mis à sa merci.

Selon l’expression consacrée, elle fut première dame. Première peut-être ; mais dame ?


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