Le suffrage universel a été une
longue conquête dans l’histoire de la République. Si, en 1793, lors de la
Révolution, la première République en adopta le principe, il fut réellement mis
en œuvre par la IIe République, après la Révolution de 1848. Mais le suffrage resta limité
aux hommes jusqu’en 1944, lorsque fut enfin instauré, à la Libération, le droit
de vote pour les femmes. Trente ans plus tard, en 1974, l’âge du droit de vote
fut abaissé de 21 à 18 ans. En 1998, les étranger(e)s
citoyen(ne)s des pays de l’Union européenne résidant en France ont été
admis(es) au vote et à l’éligibilité pour les élections municipales et au
Parlement européen.
En mai
2000, l’Assemblée nationale vote une proposition de loi accordant le
droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales pour les étranger(e)s
extracommunautaires, qui résident légalement sur le territoire depuis cinq ans
au moins. Le Sénat, à son tour, le 8 décembre 2011,
adopte cette même proposition. Il reste à mettre en œuvre la révision
constitutionnelle nécessaire. De nombreux(ses) responsables politiques de
gauche, et aussi du centre et de droite, se sont exprimé(e)s en faveur de ce
droit.
En 2012, lors des élections
présidentielles et législatives, la nouvelle majorité a inscrit cette réforme
dans son programme. Conformément à ses engagements dans sa déclaration de
politique générale, le Premier ministre, en juillet puis en septembre, a promis
qu’il y aurait un projet de loi en 2013. Près de deux millions et demi
d’étranger(e)s extracommunautaires vivent et travaillent dans des communes où
elles/ils participent à la vie locale et paient des impôts. Nombre d’entre
elles/eux sont responsables d’associations, délégué(e)s de parents d’élèves,
délégué(e)s syndicaux(cales)...
La vie locale est un lieu essentiel
de la vie démocratique et il n’existe aucune raison pour que toutes
celles et tous ceux qui résident sur ces territoires n’y participent pas de
façon égale. Il est temps de franchir une nouvelle étape pour l’élargissement
du suffrage universel, la démocratie, la cohésion sociale et pour l’égalité des
droits. Les promesses électorales faites depuis plus de trente ans, approuvées
par les électeurs(trices) à au moins quatre reprises, depuis 1981, doivent
maintenant être tenues. Nous appelons à la mobilisation citoyenne pour que
cette réforme, essentielle pour une République ouverte et fraternelle,
soit mise en œuvre dès les élections municipales de 2014.
Monsieur le président de la
République, nous vous demandons d'engager le processus de
révision constitutionnelle permettant d'instaurer le droit de vote et
d'éligibilité pour nos concitoyen(ne)s résident(e)s étranger(e)s aux élections
locales, dès les municipales de 2014. Cet impératif d'égalité et de
démocratie est urgent !
Premiers signataires :
Associations : Aseca – Lettre de la citoyenneté, Assemblée citoyenne des originaires de
Turquie (Acort), Association des Marocains de France (AMF), Association des
travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association nationale des élus
communistes et républicains (Anecr), Association pour une citoyenneté
européenne de résidence (Acer), Attac France, Banlieues actives, Cedetim,
Collectif pour l’avenir des foyers (Copaf), Collectif « Votation citoyenne »,
Conseil français de la citoyenneté de résidence (Cofracir), Fédération des
Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), France terre d’asile
(FTDA), Ipam, Les Indivisibles, Ligue de l’enseignement (LE), Ligue des droits
de l’Homme (LDH), Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les
peuples (Mrap), Ruptures, Solidarité laïque, SOS Racisme, Union des Tunisiens
pour l’action citoyenne (Utac).
Syndicats : Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération
générale du travail (CGT), Fédération syndicale unitaire (FSU), Syndicat des
enseignants (SE-Unsa), Syndicat de la magistrature (SM), Union nationale des
étudiants de France (Unef), Union syndicale Solidaires.
Partis politiques : Europe écologie les Verts (EELV), Front de gauche (Convergences et
alternative (CetA), Fédération pour une alternative sociale et écologique
(Fase), Gauche anticapitaliste (GA), Gauche unitaire (GU), Les Alternatifs,
Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), Parti communiste français
(PCF), Parti de gauche (PG), République et socialisme (RetS), Mouvement des
jeunes communistes de France (MJCF), Mouvement des jeunes socialistes (MJS),
Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti radical de gauche (PRG).