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Le veinard

Publié le 16 décembre 2012 par Malesherbes

Je me considère comme particulièrement chanceux. Né pendant la deuxième guerre mondiale, un de mes seuls souvenirs liés à cette époque terrible est celui des goûters dispensés après la Libération, en ces temps de restrictions, aux petits des écoles maternelles, dont j’étais. C’est le même hasard de la naissance qui m’a évité au début des années soixante de devoir accomplir mon service militaire en Algérie.

Plus de 1.340.000 appelés, de 1954 à 1962, ont alors, selon la terminologie pudique de l’époque, maintenu l’ordre lors des événements d’Algérie. Certains ont ainsi passé vingt-sept mois sous les drapeaux et plus de vingt-cinq mille y ont perdu la vie. Il n‘était alors pas question de rendre son passeport ou de faire un saut de puce par-dessus la frontière. C’était l’armée ou la prison.

Ma chance ne s’est pas limitée à mon année de naissance. A l’approche de la retraite, un héritage inespéré m’a permis de connaître depuis une relative aisance. Une des conséquences en est que je paie sensiblement plus d’impôts que précédemment. Eh bien, croyez-le  ou pas, je préfère de très loin ma situation présente où, selon les termes de tous ces déserteurs fiscaux, je me trouverais spolié par l’État, à celle que je connaissais auparavant.

Faisons un détour par le citoyen français Gérard Depardieu. Après des débuts qui ont bien failli le faire basculer du côté des voyous, le hasard, son talent et son travail lui ont permis de connaître gloire et fortune. Sans pour autant le jalouser, je m’en félicite pour lui. Si j’en juge par les photos de son hôtel particulier parisien visibles via l’Internet, la rapacité de l’État ne l’a pas empêché de bénéficier d’un confort certain, voire même d’un luxe ostentatoire. Son problème est que, comme beaucoup d’entre nous, il est davantage sensible à ce qu’on lui prend qu’à ce qu’il lui reste.

Bien sûr, il n’a pas volé l’argent dont il dispose. Il a travaillé pour l’obtenir. Mais l’infirmière ou le policier qui accomplit sa tâche obscure ne travaille pas moins, sans en retirer les mêmes avantages pécuniaires. Quand d’autres donnent leur vie pour la France, combien sont misérables ceux qui se condamnent à un exil peut-être factice pour échapper à l’impôt.

En 1794, averti des menées de Saint-Just contre lui, Danton refusa  de fuir, déclarant : « On n'emporte pas sa patrie à la semelle de ses souliers ». Gégé n’a pas bien retenu son rôle.  


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