Imaginez qu’irrité de voir des personnes âgées stationner devant ma boutique, parler de leurs varices et détailler leurs autres maux, je décide d’installer un dispositif permettant d’imprimer de brusques secousses au trottoir, les déséquilibrant, voire les faisant tomber et occasionnant quelques fractures du col du fémur… Vous vous indigneriez et je vous donnerais raison. La justice serait vite saisie; notre Président, en habitué, ferait une visite télévisée au chevet d’un de ces fracturés et la réprobation serait telle que notre député UMP Ciotti proposerait vraisemblablement très vite une loi interdisant de telles pratiques, après en avoir usé de longs mois devant sa permanence.
Et bien, figurez-vous qu’il existe un dispositif de ce genre, mais anti-jeune, appelé Mosquito ou, selon les endroits, Beethoven, qui, je cite Le Monde, est la première: “arme sonore de dissuasion anti-ado” qui émet “un son puissant et désagréable dans une fréquence oscillant entre 17 000 et 18 000 hertz, donc inaudible pour l’oreille moins fine d’un adulte, et avec une puissance n’excédant pas 95 décibels”. Fort désagréable pour les adolescents, que dire de son effet sur les enfants et bébés en poussettes passant simplement par là ?
Très appréciée en Angleterre, cette “arme” s’installe en Belgique, en Suisse et les ventes ont récemment explosé en France où “Des particuliers, des municipalités et des bailleurs sociaux auraient notamment acquis l’objet, selon le président de l’entreprise”.
Et bien, imaginez-vous que, malgré les protestations issues y compris de ses rangs, notre gouvernement n’a toujours pas pris de décision et que la Commission Européenne vient de refuser la demande du Ministre belge de la jeunesse d’intégrer ce produit dans la liste des produits dangereux (système Rapex).
Comme disait un éditorialiste radio: “nous vivons une époque formidable”. Mais où allons-nous ?