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Sportifs préférés : quels ambassadeurs pour le sport français ?

Publié le 18 décembre 2012 par Delits

En cette année olympique, qui a également vu se dérouler l’Euro de Football, TNS Sofres a recemment publié un classement des sportifs préférés des Français et des Françaises, qu’ils/elles s’intéressent beaucoup ou non au sport. Comme c’est le cas pour le classement des personalités politiques, cette étude va en réalité bien au-delà de la simple opinion vis-à-vis d’un sportif. En effet, l’étude permet d’établir un classement d’ensemble, de mesurer les évolutions sur les dernières années et d’opérer une distinction par sexes et par classes d’âge. L’analyse de ces résultats permet donc d’interroger la persistance d’événements aussi variés qu’une suspicion de dopage, une rebellion face à l’autorité, une absence de longue durée, une baisse de niveau ou bien encore la mobilisation sur des sujets de société qui dépassent le sport. Bien evidemment, il n’est pas aisé d’identifier les éléments qui, à eux seuls, permettent d’expliquer ces mouvements dans l’opinion. Cependant, ces résultats en disent long sur la capacité d’oubli et/ou de pardon que les Français ont à l’égard de ceux qui portent le drapeau Français sur tous les stades et font résonner la marseillaise à chaque succès.

 

Un podium masculin où visibilité médiatique et palmarès dictent la loi

Recemment la Ministre des Sports Valérie Fourneyron a pris l’initiative de créer l’organisation des relations internationales françaises, une structure dont l’objectif est  de professionaliser les démarches sportives conduites par la France ou des villes françaises en vue d’organiser de grandes manifestations sportives comme les Jeux Olympiques ou la Coupe du Monde. A la lecture du rapport KENEO, il apparait clairement que les échecs français de Lille 2004, Paris 2008, Paris 2012 puis Annecy 2018, sont notamment dus à l’absence de sportifs pour  »incarner  le projet ». Le classement des sportifs préférés des Français est à ce titre riche d’enseignements.

Le classement publié en cette fin d’année indique que les 3 sportifs préférés des Français sont Sebastien Loeb (Automobile, 31,4%), Tony Parker (Basket NBA, 30,2%) et Sebastien Chabal (Rugby, 26%). Ce podium se caractérise par un certain nombre de facteurs. Tout d’abord il est à 100% masculin et concerne des sportifs toujours en activité. On note également que le palmarès et la visibilité semblent avoir pesé largement dans ce résultat. Ces trois champions se distinguent tout d’abord par leur visbilité car ils font partie des sportifs français les plus visibles, notamment dans des publicités télévisées (Citroen, Rossignol, Mennen, Kinder, Nike, Betclic, PokerStars, Seat ou Orange). On note également qu’ils ont tous permis à leur sport de franchir une étape en terme de notoriété ; Loeb avec ses 9 titres de champion du monde de rallye automobile, Tony Parker en devenant le premier « Frenchy » à devenir champion NBA, Sebastien Chabal en contribuant à la diversification des publics s’intéressant au rugby. Enfin, il est intéressant de noter que la seconde place de Tony Parker est constatée l’année des JO, confirmant ainsi que le palmarès en NBA a moins de poids qu’une phase finale de Jeux Olympiques aux yeux des Français.

  

Un Top 10 un peu plus féminin et qui symbolise la richesse du sport français et de sa formation

Si l’on se plonge dans le Top 10 des champions français on note des différences notables entre les réponses données par les personnes qui s’intéressent au sport et le grand public. En effet, pour les fans de sports, Teddy Riner, Thierry Henry et Jo-Wildrief Tsonga conservent une meilleure « côte » que Sebastien Chabal dont les performances ont pu decevoir depuis deux ans. L’incroyable prouesse réalisée par le judoka français à Londres et la saison impressionnante de « Jo » permettent de comprendre ce jugement, tandis que Thierry Henry, toujours en activité aux Etats-Unis, demeure le dernier héritier de la génération 98 et le meilleur buteur de l’équipe de France.

Aux dix premières places on compte seulement deux femmes, Laure Manaudou, dont le retour à la compétition après 4 ans d’absence a été unanimement salué, et Jeannie Longo, éternelle championne de France de cyclisme sur piste et qui demeure un modèle de longévité pour tous les Français. L’analyse des sports représentés aux dix premières places confirme que le football (3 sportifs) est bien le sport numéro 1. Les 2,5 millions de licenciés de la FFF (en forte baisse depuis la Coupe du monde en Afrique du Sud et l’épisode de Knysna), les enjeux financiers impliqués, et la visibilité dont bénéficie ce sport sont les ingrédients du succès. Puis on trouve l’automobile, le basket, le judo, le cyclisme, la natation, le rugby et le tennis. Au final cet éclatement est néanmoins une bonne nouvelle car il permet à chaque sportif de s’identifier à un grand champion et cela dans de nombreuses disciplines. On remarquera cependant l’absence de l’athétisme dans ce Top 10 (Christophe Lemaitre 11e), conséquence de JO faibles avec 2 médailles.

On observe également des différences selon le sexe des répondants : les hommes citant plus de footballeurs (4 : Henry, Benzema, Ribéry et Lloris) et moins de femmes (1, Manaudou). De leur côté les femmes font de Manaudou la 2e au classement général et classent les nageurs Florent Manaudou et Camille Lacourt à la 8e et 10e place du classement. Sans doute un mélange entre un intérêt plus fort pour la natation que pour le football chez les femmes et l’attrait pour ces sportifs dont on vante souvent la plastique… Autre élément intéressant chez les personnes âgées de plus de 65 ans ; ces dernières faisant de Jeannie Longo leur n°1 et de Laure Manaudou leur n°2. Enfin, et de manière logique, les sports qui bénéficient d’un ancrage local fort comme le rugby dans le sud de la France, permettent à leurs représentants de réaliser des scores importants dans ces régions.

 

Le sportif fait rêver et pour ça les Français savent pardonner

Parmi les sportifs qui apparaissent dans ce classement, plusieurs d’entre eux ont connu des épisodes sportifs ou para-sportifs qui auraient pu écorner leur image dsurablement. A y regarder de plus près il semble que les Français, qu’ils soient amateurs de sports ou non, se montrent relativement tolérants ou tout du moins capables de pardonner. Avec le temps on a pu également noter l’impact des médias et d’Internet sur ces « affaires », chacune étant rapidement partagée sur les réseaux sociaux et diffusée sans même que l’on ne connaisse le fin mot de l’histoire.

Si l’on prend le classement 2012 dans l’ordre hiérarchique on note que les Français parviennent encore à faire le distinguo entre le sportif et l’homme. Ainsi, Tony Paker, recemment divorcé de sa compagne (dans des conditions bien moins violentes que Tiger Woods notamment) n’a pas du tout été sanctionné dans l’esprit des Français. A l’inverse, le grand public semble tenir une rancoeur tenace à l’encontre de Franck Ribery (14e et 5e footballeur) après l’épisode de la coupe du monde de 2010. A la lecture des résultats, l’histoire Zahia ne semble qu’un lointain souvenir (30e en 2010 et 26 en 2011) pour le joueur du Bayern Munich.

Pour Laure Manaudou le constat est très particulier. Championne olympique à la retraite depuis 4 ans elle est revenue en 2011, et 2012 lui a permis de regagner ses lettres de noblesse puisqu’elle est désormais 4e dans ce classement. Pour Jeannie Longo, prise dans un scandale de dopage, on note un début de dégringolade (9e après avoir été 6e en 2011 et 1ere en 2010) sans qu’il soit evident de déterminer si ce sont ses performances ou ce scandale qui a impacté davantage sa cote d’amour chez les Français. Enfin, on retiendra que les Français ont témoigné un soutien plus mesuré pour ceux qui ont été moins dans la lumière en 2012. Cela a notamment été le cas de Christophe Lemaitre, décevant aux JO de Londres ou de la paire Parra Trinh-Duc, progressivement remplacé en equipe de France de rugby.

De sportif préféré à ambassadeur du sport français

Comme cela a été recemment indiqué, les instances du sport français, renforcées par Guy Drut et Tony Estanguet, vont devoir construire un projet sportif pour porter une nouvelle candidature aux JO de 2024 ou de 2028. Le choix des sportifs qui devront incarner le rêve et la magie olympiques sera déterminant et c’est pourquoi c’est dès aujourd’hui qu’il faut se pencher sur la question. Les résultats de cette enquête permettent déjà d’apporter quelques éléments de réponse.


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